L’Encyclopédie/1re édition/VÉGÉTABLE

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VÉGÉTABLE, adj. en Physiologie, est un terme qu’on applique à toutes les plantes, entant qu’elles sont capables de croître, c’est-à-dire à tous les corps naturels qui ont les parties organisées pour la génération & pour l’accroissement, mais non pas pour la sensation. Voyez Plante.

On suppose que dans les végétaux il y a un principe de vie, que l’on appelle communément l’ame végétative. Voyez Végétatif & Végétation.

Boerhaave définit savamment le corps végétable, un corps engendré de la terre, à laquelle il adhere ou tient par des parties, nommées racines, par le canal desquelles il reçoit la matiere de sa nourriture & de son accroissement, & formé de sucs & de vaisseaux distingués sensiblement les uns des autres ; ou bien, c’est un corps organisé, composé de sucs & de vaisseaux que l’on peut toujours distinguer les uns des autres, & auquel croissent des racines ou des parties, par lesquelles il adhere à quelqu’autre corps dont il tire la matiere de sa vie & de son accroissement.

Cette définition nous donne une idée juste & parfaite du corps végétable ; car en disant qu’il consiste en sucs & en vaisseaux, on le discerne du fossile ; & en disant qu’il adhere à quelqu’autre corps & qu’il en tire sa nourriture, on le distingue parfaitement d’un animal. Voyez Fossile, Animal.

On le définit un corps organisé, parce qu’il est formé de différentes parties, lesquelles concourent ensemble à l’exercice des mêmes fonctions. Voyez Organisé.

Il adhere par quelques unes de ses parties à un autre corps ; puisque nous ne connoissons point de plante sur la terre si vague & si flottante qui ne soit toujours adhérente à un corps tel qu’il soit, quoique ce corps soit de différente nature, comme est la terre à l’égard de nos plantes communes, la pierre à l’égard des plantes de roche, comme l’eau à l’égard des plantes de mer, & enfin comme l’air à l’égard de quelques mucilages.

Pour ce qui est d’un petit nombre de plantes qui semblent flotter sur l’eau, leur maniere de croître est un peu anomale ou irréguliere. M. de Tournefort a fait voir que toutes les plantes ne naissent point absolument des semences, mais il y en a qui, au-lieu de jetter de la semence, déposent ou font tomber une petite goutte de seve, laquelle, en s’enfonçant dans l’eau, atteint par sa pesanteur naturelle jusqu’au fond de la mer, ou rencontre en chemin quelque rocher où elle s’attache, prend racine & jette des branches : telle est, par exemple, l’origine du corail.

Ajoutez à cela qu’il est indifférent de quelle maniere une plante jette sa racine, soit en haut, soit en-bas ; par exemple, l’aloës, le corail, la mousse & les champignons ont souvent la racine en-haut & croissent vers la terre.

La structure vasculaire des végétables a été rendue fort sensible par une expérience de M. Willugby : on coupe quelques branches des plus épaisses de bouleau, on applique à leurs extrémités une espece de bassin ou réservoir de cire molle ; on l’emplit d’eau, & on tient les branches droites : dans cet état, l’eau descend en peu de minutes dans les vaisseaux de bois, & s’écoule entierement à-travers la longueur des branches en tombant goutte-à-goutte & très-promptement, ce qu’elle continue de faire tant que l’on verse de l’eau dans le bassin. La même expérience réussit dans le sycomore & le noyer, mais l’écoulement n’est pas si copieux. Voyez les Transactions philosophiques, n°. 70.

Il y a des secrets pour hâter l’accroissement des végétables d’une maniere surprenante. M. Boyle fait mention d’un savant qui, à la fin du repas, régala ses amis d’une salade de laitue qu’il avoit semée en leur présence immédiatement avant de se mettre à table.

Les Chimistes nous fournissent aussi une sorte de végétaux fort extraordinaires, comme l’arbre de Diane, l’arbre de Mars, &c. En effet de l’or, de l’argent, du fer & du cuivre ayant été préparés dans de l’eau-forte, il s’en éleve une espece d’arbre qui végete & croît à vue-d’œil, & étend ses branches & ses feuilles de toute la hauteur de l’eau jusqu’à ce qu’il ait épuisé & dépensé toute la matiere qui est au fond. Voyez Arbre de Diane, &c.

Cette eau est appellée par les Chimistes flent water, & c’est Rhodocanasses, chimiste grec, qui en a communiqué le secret.

Huile végétable, voyez Huile.