L’Encyclopédie/1re édition/URETERE

URETERE, s. m. (Anatom.) les ureteres sont deux canaux longs, ronds & membraneux, de la grosseur d’une plume à écrire. Ils sortent de chaque côté de la partie cave des reins, & descendant le long des muscles psoas, en forme d’S capitale, enfermés dans la duplicature du péritoine, ils vont se terminer postérieurement vers le col de la vessie.

Ils sont composés de trois tuniques, dont la premiere est charnue, la seconde est nerveuse, & la troisieme veloutée ; cette derniere empêche que l’âcreté de l’urine n’irrite les fibres nerveuses.

Ils reçoivent des rameaux d’arteres & de veines des parties voisines, & des nerfs de l’intercostal, & des vertebres des lombes, qui donnent à ces canaux un sentiment très-vif, & font souffrir d’extrèmes douleurs à ceux qui sont attaqués de la gravelle, ou de la néphrétique.

Mais pour mieux développer l’origine & la structure des ureteres, il faut savoir qu’il part de la circonférence des papilles rénales 11 à 12 canaux membraneux, qui les reçoivent avec l’humeur qui en découle, & qui forment trois rameaux dont l’union ne produit qu’un large bassinet, lequel se termine en un seul tuyau membraneux, épais, fort, garni d’arteres, de veines, de nerfs, de petits vaisseaux lymphatiques, de fibres motrices & de lacunes mucilagineuses, propres à adoucir ses parois. Ce canal (l’uretere) va d’abord droit en-bas, se courbe aussitôt, couvert par la lame du péritoine d’une largeur inégale en différens endroits.

Il va s’insérer à la partie postérieure de la vessie, presqu’à deux doigts de distance de la partie inférieure de son col, & de l’autre uretere. Après avoir percé la tunique extérieure, & parcouru obliquement l’espace du petit doigt entr’elle & la tunique interne, il s’insinue dans la cavité de la vessie. Il y forme, par la production de ses fibres, un corps rond, long, déterminé en bas, qui empêche l’urine de remonter dans l’uretere, lorsque la vessie est pleine ; car alors l’expansion de la vessie fait que ce corps tire nécessairement l’uretere en bas & le bouche. Ce canal est donc tellement situé & construit, qu’il peut surement porter l’urine des reins dans la vessie, sans qu’elle puisse jamais remonter dans ce canal, quelque comprimée qu’elle soit.

Il résulte de ce détail, que les plaies des ureteres sont suivies de violentes douleurs aux flancs, le blessé rend des urines sanglantes ; & lorsque ces conduits sont totalement coupés, il souffre une suppression d’urine, qui s’épanchant dans la cavité du ventre, se corrompt bientôt faute d’issue, & cause la mort au malade.

Parlons maintenant des jeux que la nature exerce sur cette partie. D’abord M. Ruysch dit avoir observé que les ureteres descendent quelquefois des reins vers la vessie en ligne spirale ; mais Riolan a vu des choses bien plus singulieres dans le corps d’un vérolé, qui venoit de finir ses jours au bois d’une potence. Ce fut en 1611 qu’il fit la dissection du cadavre ; il trouva premierement deux ureteres à chaque rein, où ils avoient chacun leur cavité particuliere, séparée par une membrane mitoyenne. L’insertion de chaque uretere se faisoit en divers endroits de la vessie ; l’un y entroit joignant le col, & l’autre par le milieu du fond. Ils étoient tous deux creux, & égaux en grosseur : ce n’est pas tout. Riolan trouva trois émulgentes au rein droit, & une seule au rein gauche, qui jettoit une double branche. Pour comble de singularités en ce genre, les spermatiques sortoient des émulgentes à droite & à gauche.

Il arrive encore d’autres jeux de la nature sur les ureteres. Le bassinet du rein, qui n’est autre chose qu’une dilatation de l’extrémité supérieure de l’uretere, se divise quelquefois avant que d’être reçu dans la profonde scissure, qui augmente la concavité du rein ; & dans le cas particulier de cette division, l’on trouve deux bassinets, qui sont néanmoins d’ordinaire plus petits de moitié que le seul qu’on rencontre presque toujours.

Nous avons vu que la premiere observation de Riolan, dans le cadavre de son malheureux vérolé, étoit deux ureteres à chaque rein au lieu d’un seul ; mais comme ce jeu de la nature est fort commun, on a tenté d’en chercher la raison en Physiologie, & je trouve les conjectures de M. Hunauld trop plausibles pour les supprimer.

Un uretere se divise ordinairement dans le rein en deux ou trois branches ; chacune de ces branches va ensuite former des especes d’entonnoirs, qui embrassent les mamelons du rein. Si dans les premiers tems du développement de l’embryon, & lorsque les reins & la vessie se touchent pour ainsi dire, l’accroissement se fait dans l’uretere & ses branches, comme il se fait le plus ordinairement ; les branches se réuniront dans la sinuosité du rein, & un seul uretere ira du rein à la vessie. Si ces branches croissent plus à proportion que l’uretere, elles se réuniront au-dessous du rein, à une distance plus ou moins grande ; & c’est ce qu’on rencontre assez souvent. Si enfin deux ou trois de ces branches prennent beaucoup d’accroissement, tandis que l’uretere n’en prend point, alors il y aura deux ou trois ureteres qui s’étendront depuis le rein jusqu’à la vessie. Jettez les yeux sur la premiere figure de la troisieme planche d’Eustache, vous verrez sensiblement que ces trois ureteres ne sont que les branches qui se réunissent pour l’ordinaire dans la sinuosité du rein, & vous reconnoîtrez dans la branche inférieure, les calices qui en partent pour embrasser les mamelons du rein. (D. J.)

Ureteres, maladies des, (Médec.) les deux canaux membraneux, situés de chaque côté des deux reins, se nomment ureteres. Ils sont doués d’une grande sensibilité, & enduits intérieurement d’une humeur onctueuse ; après avoir fait une courbure, ils vont se rendre dans la vessie, & y déposent l’urine dont ils sont chargés.

Quand ce canal à l’entrée de la vessie est obstrué par le calcul, du pus, de la mucosité trop épaisse ou trop abondante, il acquiert une grande capacité, & de-là résulte la suppression de l’urine ; si le calcul se trouve adhérent à l’extrémité de ce canal, il est impossible de l’atteindre avec le cathétere, mais on vient à bout de le tirer en faisant une ouverture au périnée. Si la trop grande acrimonie de la mucosité ou le calcul, qui souvent s’arrête au milieu des ureteres, vient à passer par ces canaux pendant qu’il descend, le malade éprouve un sentiment cruel de douleur depuis les lombes jusqu’aux aînes & au pubis. La rupture ou la blessure des ureteres fait couler dans la cavité du bas-ventre, ou dans son tissu cellulaire, l’urine qu’ils charient. (D. J.)