L’Encyclopédie/1re édition/SOUCI

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SOUCI, Caltha, s. m. (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur radiée, dont le disque est composé de plusieurs fleurons, & la couronne de demi-fleurons ; ces fleurons, & ces demi fleurons, sont portés sur des embryons, & soutenus par un calice. Les embryons deviennent dans la suite des capsules, le plus souvent courbes & bordées, qui renferment chacune une semence ordinairement oblongue. Tournefort inst. rei herb. Voyez Plante.

Souci, (Mat. méd.) souci des jardins, & souci de vigne, ou souci sauvage. On donne les mêmes vertus aux deux especes de souci ; quelques-uns préférent le sauvage comme étant plus fort ; ils sont apéritifs & résolutifs, ils levent les obstructions du foie, de la rate, & de la matrice ; ils guérissent la jaunisse, excitent les regles, & facilitent l’accouchement : on prescrit le suc de toute la plante, depuis une once jusqu’à quatre ; l’infusion des fleurs & des feuilles pilées dans le vin blanc, depuis trois onces jusqu’à six ; l’extrait, depuis un gros jusqu’à deux ; la conserve des fleurs, depuis deux gros jusqu’à une once ; on recommande les fleurs & les feuilles mangées cuites ou crues, & leur décoction en boisson ordinaire, pour guérir les écrouelles ; la décoction des fleurs de souci dans du lait & de la biere, est très-en usage en Angleterre, dans la petite vérole, selon J. Rai. On se préserve de la peste, au rapport du même auteur, en mangeant des fleurs de souci avec l’huile & le vinaigre, & en se rinsant la bouche le matin à jeun avec le vinaigre de souci, & en avalant ensuite une ou deux cuillerées. Extrait de la mat. med. de Geoffroi.

Souci de marais, (Botan.) nom vulgaire du genre de plante que Tournefort appelle populago. Voyez Populago. (D. J.)

Souci ou Soucie, Voyez Roitelet hupé.

Souci d’eau, populago ; genre de plante à fleur en rose, composée de plusieurs pétales disposés en rond ; le pistil sort du milieu de cette fleur, & devient dans la suite un fruit membraneux, dans lequel sont réunies, en maniere de tête, plusieurs gaines qui sont ordinairement recourbées en en-bas, & qui contiennent des semences le plus souvent oblongues. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Souci, s. m. (Morale.) facheuse sollicitude & inquiétude d’esprit ; curæ, disent les Latins.

L’idée des soucis qui voltigent dans les appartemens des grands, curæ laqueata circùm tecta volantes, pour parler avec Horace ; cette idée, dis-je, est très-ingénieuse, & ne se trouve que trop vraie. Tandis qu’un particulier qui sait reprimer le soulevement de ses passions, coule doucement ses jours dans une honnête médiocrité, un seigneur riche & puissant a d’ordinaire le cœur flétri par les soucis les plus amers. Lucrèce dit :

Metus curoeque sequaces
Nec metuunt sonitus armorum feraque tela.

« Les soucis & les craintes ne respectent ni le bruit des armes, ni la fureur des traits ». Il s’en faut de beaucoup, c’est-là que les soucis se plaisent ; ils s’établissent sur-tout dans le cœur des puissances & des têtes couronnées, malgré l’éclat de l’or & de la pourpre qui les environne. (D. J.)

Souci de hanneton, en terme de Boutonnier, c’est une espece de meche en soie plate, & non torse, devidée sur une bobine ; on la noue à une certaine distance, de deux nœuds près l’un de l’autre, puis de deux autres à la même distance, ainsi tout le long, jusqu’à ce qu’on en ait assez ; ensuite on coupe la soie au milieu de la distance des nœuds ; cette distance partagée forme de petits bouquets brillans, à proportion de la beauté de la soie ; le souci entre dans les graines d’épinars, & autres ajustemens d’hommes & de femmes.