L’Encyclopédie/1re édition/SIMULACRE

◄  SIMPULE
SIMULATION  ►

SIMULACRE, (Gramm. & Hist. de l’idolat.) vieux mot consacré, qui signifie idole, image, représentation. Il en est si souvent parlé dans l’Ecriture-sainte, qu’il importe de rechercher la source de ce genre d’idolâtrie.

L’origine des simulacres vient de ce que les hommes se persuaderent que le soleil, la lune & les étoiles étoient la demeure d’autant d’intelligences qui animoient ces corps célestes, & en regloient tous les mouvemens. Comme les planetes étoient de tous ces corps célestes les plus proche de la terre, & celles qui avoient le plus d’influence sur elles, ils en firent le premier objet de leur culte. Telle a été l’origine de toute l’idolâtrie qui a eu cours dans le monde. On servit ces intelligences célestes par des tabernacles, des chapelles, des temples, ensuite par des images & des simulacres. C’est pourquoi lorsque les peuples firent leurs dévotions à quelqu’une d’elles, ils dirigeoient leur culte vers la planete dans laquelle ils supposoient qu’habitoit cette intelligence divine, objet de leurs adorations. Mais ces corps célestes se trouvant la plûpart du tems sous l’horison, ils ne savoient comment les invoquer dans leur absence.

Pour remédier à cet inconvénient, ils eurent recours aux statues dans lesquelles ils croyoient qu’après leur consécration, ces intelligences étoient aussi présentes par leurs influences, que dans les planetes ; & que toutes les prieres qu’on leur adressoit avoient autant d’efficacité devant l’une que devant l’autre.

Tel fut le commencement de l’adoration des simulacres. On leur donna le nom des planetes qu’ils représentoient, qui sont les mêmes qu’elles ont aujourd’hui : de-là vient que nous trouvons Saturne, Jupiter, Mars, Apollon, Mercure, Vénus & Diane placés au premier rang dans le polythéisme des anciens ; c’étoient-là leurs grands dieux. Ensuite l’opinion s’étant établie que les ames des gens de bien, après leur séparation du corps, alloient habiter d’autres planctes, on déifia plusieurs de ceux qu’on crut tels, & le nombre des dieux s’augmenta dans les tems idolâtres.

L’adoration des simulacres commença dans la Chaldée, se répandit dans tout l’orient, en Egypte, & chez les Grecs qui l’étendirent dans tout l’occident. Ceux qui suivoient ce culte dans les pays orientaux furent nommés Sabéens ; & la secte qui n’adoroit que Dieu par le feu, reçut le nom de Mages. Toute l’idolâtrie du monde se vit partagée entre ces deux sectes. Voyez Mages & Sabéens. (D. J.)