L’Encyclopédie/1re édition/RHAPONTIC

◄  RHAPHIUS
RHAPSODES  ►

RHAPONTIC, s. m. (Hist. nat. Botan. exot.) en latin rhaponticum, off. ῥᾶ & ῥῆον Diosc. est une racine oblongue, ample, branchue, brune en-dehors, jaune en-dedans, coupée transversalement, montrant des cannelures disposées en rayons, tirées de la circonférence au centre ; mollasse, spongieuse, d’une odeur qui n’est pas désagréable ; d’un goût amer, un peu astringent & âcre ; visqueuse & gluante lorsqu’on la tient un peu dans la bouche.

Cette racine est différente de la rhubarbe des boutiques ; & c’est ce qui est évident par la description du rhapontic tirée de Dioscoride. « Le rha, que quelques uns appellent rheum, dit il, vient dans les pays qui sont situés le long du Bosphore, d’où on l’apporte. C’est une racine noire semblable à la grande centaurée, mais plus petite & plus rousse, fongueuse, un peu unie, sans odeur. Le meilleur est celui qui n’est point carié, qui devient gluant dans la bouche, & un peu astringent, qui a une couleur pâle & tirant un peu sur le jaune lorsqu’on l’a mâché ». Cette description convient fort bien au rhapontic de Prosper Alpin, ou des boutiques. On le place mal-à-propos, comme a fait Morisson, parmi les especes de lapathum. M. Tournefort en fait un genre particulier, & il l’appelle rhabarbatum forte Dioscoridis & antiquorum.

Sa racine qui est ample, branchue, pousse des feuilles aussi larges que celles de la bardane, mais plus rondes, & munies de nerf épais comme le plantain. Du milieu des feuilles, s’éleve une tige qui a plus d’une coudée de haut, & plus d’un pouce de grosseur : elle est creuse, cannelée ; & aux endroits de ses nœuds, il vient des feuilles alternatives rondelettes, de neuf pouces de long, & qui vont se terminer en pointe. Les fleurs y sont à tas, disposées en de grosses grappes rameuses ; elles sont d’une seule piece formée en cloche, blanches, & ordinairement divisées en cinq ou six parties obtuses : du centre de chaque fleur sortent plusieurs étamines courtes qui environnent un pistil triangulaire, lequel se change en une semence de pareille forme, longue de deux lignes ; chacun de ces trois angles se prolonge en s’atténuant dans une aîle feuillée d’une façon élégante.

Le rhapontic naît non-seulement sur le mont Rhodope dans la Thrace, mais encore dans plusieurs endroits de la Scythie. On le cultive communément dans les jardins d’Europe. Sa racine purge modérément en poudre, & est plus astringente que la vraie rhubarbe : c’est pourquoi on ne doit pas mépriser ce remede dans la diarrhée & la dyssenterie, quand il convient d’en arrêter le cours. (D. J.)