L’Encyclopédie/1re édition/PRÉCEPTE, Commandement, Ordre, Injonction, Jussion

PRÉCEPTE, Commandement, Ordre, Injonction, Jussion, (Synon.) L’abbé Girard développe très-bien les nuances de tous ces mots. Le premier, dit-il, est du style doctrinal ; les deux suivans sont de l’usage ordinaire ; injonction & jussion sont de jurisprudence ou de chancellerie.

Le précepte indique plus précisément l’empire sur les consciences ; il désigne quelque chose de moral qu’on est obligé de suivre. Le mot de commandement exprime avec plus de force l’exercice de l’autorité : on commande pour être obéi. Celui d’ordre a plus de rapport à l’instruction du subalterne : on donne des ordres, afin qu’ils soient exécutés. Celui d’injonction désigne plus proprement le pouvoir dans le gouvernement : on s’en sert lorsqu’il est question de statuer à l’égard de quelqu’objet particulier, une regle indispensable de conduite. Enfin celui de jussion marque plus positivement la puissance arbitraire ; il enferme une idée de despotisme qui gêne la liberté & force le magistrat à se conformer à la volonté du prince.

Il faut attendre le commandement ; la bonne discipline défend de le prévenir. On demande quelquefois l’ordre ; il doit être précis : on donne souvent au précepte une interprétation contraire à l’intention du législateur ; c’est l’effet ordinaire du commentaire. Il est bon, quelque formelle que soit l’injonction, de ne pas trop s’arrêter à la lettre, lorsque les circonstances particulieres rendent abusive la regle générale. Le ministere ne doit user que très-rarement des lettres de jussion, & les cours de justice doivent faire leurs efforts pour les prévenir. (D. J.)