L’Encyclopédie/1re édition/POIS

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POIS, s. m. (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur papilionacée. Le pistil sort du calice, & devient dans la suite une longue silique qui renferme des semences arrondies. Ajoutez aux caracteres de ce genre, que les tiges sont creuses, & le plus souvent foibles ; il y a des feuilles qui embrassent les tiges, de façon qu’elles semblent les traverser ; les autres feuilles naissent par paires sur des côtes terminées par des mains. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Tournefort compte vingt-deux especes de ce genre de plante à fleurs légumineuses ; celle qu’on cultive davantage est le pois des jardins, qu’on nomme petit pois, pisum hortense majus, flore, fructuque albo. C. B. P. 342, I. R. H. 394.

Sa racine est grêle, fibreuse ; elle pousse des tiges longues, creuses, fragiles, d’un verd blanchâtre, rameuses, lesquelles se répandent à terre, si on ne les soutient par des échalats. Ses feuilles sont oblongues & de la couleur des tiges ; les unes qui paroissent être enfilées par la tige, s’embrassent à chaque nœud ; & les autres naissent comme par paires, sur des côtes terminées par des mains ou vrilles, qui s’attachent à tout ce qu’elles rencontrent. Ses fleurs qui sortent des aisselles des feuilles, deux ou trois ensemble sur le même pédicule, sont légumineuses & en forme de papillon, blanches, marquées d’une tache purpurine. Cette plante se cultive dans les jardins & dans les champs ; elle fleurit au mois de Mai, & son fruit est excellent à manger en Juin. Il lui faut une terre meuble & bien amandée.

Pois verds, Petits pois, (Diete.) ce légume dont l’usage est si familier parmi nous, est un des plus salutaires, comme un des plus agréables ; sur-tout les pois écossés qu’on mange frais, n’ayant pas atteint leur degré de maturité, ayant la peau très-tendre, verte & transparente, & la chair succulente, sucrée, point encore farineuse ; en un mot dans l’état qui les fait appeller à Paris petits & fins.

Une espece de pois qu’on mange avec leur gousse qui est tendre, succulente, grasse & assez sucrée, passe pour moins salutaire ; mais il paroît qu’elle n’est que moins agréable.

Les pois mûrs & secs sont un des légumes qui fournissent la purée la plus délicate, & l’aliment le moins grossier. Au reste à peine le pois posséde-t-il quelques qualités diétetiques particuliers, du moins bien connues ; ce que nous en savons de plus positif, c’est ce que nous avons dit des légumes en général à l’article Légume. Voyez cet article.

Les botanistes n’ont pas manqué de lui trouver plusieurs vertus médicamenteuses, tant pour l’intérieur que pour l’extérieur ; mais ces prétendues propriétés sont absolument méconnues ou négligées. (b)

Pois d’Angol, s. m. (Botan.) arbuste originaire de la côte d’Angol en Afrique, & très-commun dans les Antilles. Il s’éleve de six à sept piés, produisant beaucoup de branches rameuses, assez droites, menues, liantes, garnies de feuilles longuettes, fléxibles, d’un verd cendré, & d’une odeur aromatique qui n’est pas desagréable : aux petites fleurs dont ces branches sont presque couvertes en tout tems, succedent des gousses longues d’un pouce & demi ou environ, plates, velues, souples, coriaces comme du parchemin mouillé, & difficiles à rompre ; elles renferment quatre ou cinq pois de moyenne grosseur, à-peu-près ronds, & d’une couleur brune-verdâtre. Ces pois sont excellens lorsqu’ils sont cuits & accommodés comme des lentilles : leur goût est difficile à comparer, & leur qualité est si parfaite, qu’ils n’incommodent jamais. Les bourgeons des branches étant infuses dans de l’eau bouillante, comme du thé, sont une boisson assez agréable, étant prise avec un peu de sucre ou de syrop de capillaire ; on l’estime très-bonne pour la poitrine.

Pois chiche, cicer, genre de plante à fleur papilionacée. Le pistil sort du calice & devient dans la suite une silique courte & semblable à une vessie gonflée : cette silique renferme des semences qui ont en quelque maniere la forme d’une tête de bélier. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

On cultive dans les jardins plusieurs especes de pois chiches, qui ne different que par la couleur des fruits ou même des fleurs ; il y en a sur-tout deux especes qui sont d’usage en Médecine, & dans les cuisines ; savoir, les pois chiches à fleur blanche, & les rouges que plusieurs botanistes regardent comme une simple variété de la même plante.

Les pois chiches à fleur blanche, sont le cicer sativum flore candido, I. R. H. 389. Les pois chiches rouges sont le cicer floribus & seminibus ex purpurâ rubescentibus, de C. B. P. 347.

La racine de l’une & l’autre de ces plantes est menue, blanchâtre, tirant sur le roux, fibreuse & chevelue. La tige est droite, branchue, velue. Les feuilles sont arrondies, dentelées, cotonneuses, rangées par paires sur une côte terminée par une impaire. Les fleurs sont légumineuses, blanches ou purpurines, & naissent des aisselles des côtes qui portent les feuilles, soutenues sur des pédicules grêles. Leur calice est velu, divisé en six parties pointues. Le pistil se change en un fruit gonflé en maniere de vessie, long d’environ un pouce, & terminé par un filet grêle : il renferme une ou deux graines arrondies, plus grosses que le pois ordinaire, n’ayant qu’un angle aigu ; blanches ou rougeâtres, & presque de la figure d’une tête de belier : pour l’usage de la Médecine, on préfere les pois chiches rouges. On les seme dans les champs en plusieurs provinces méridionales de la France, en Italie & en Espagne.

Le pois chiche s’appelle kali en hébreu. Il est dit au IV. liv. des rois, ch. vj. 25. que pendant le siege de Samarie, sous le regne d’Achab, roi d’Israel, la famine fut si grande, que l’on vendit jusqu’à cinq sicles, c’est-à-dire quinze schelings, ou environ dix-huit livres de notre monnoie, le quart d’un cab de fiente de pigeon (le cab étoit une mesure qui tenoit un demi septier, un poisson, un pouce cube, & un peu plus) ; mais on n’entend pas pourquoi la fiente de pigeon se vendoit si cher : aussi est-ce une ridicule interprétation de l’original. Il s’agit ici de pois chiches, nommés par les Arabes usnen ou kali. Or les Hébreux appelloient kali, les pois chiches rotis à la poële, dont on use encore beaucoup dans l’orient, & dont il y a des boutiques au Caire & à Damas, où l’on ne fait autre chose que frire des pois chiches pour la provision des voyageurs. (D. J.)

Pois chiches, (Diete & Mat. méd.) ce n’est que la semence de cette plante qui est d’usage ; aussi est-ce à cette partie qu’appartient proprement le nom de pois chiche, que la plante a emprunté de sa semence. Les pois chiches mûrs & secs se mangent cuits dans le bouillon & dans l’eau, & assaisonnés dans ce dernier cas, avec le beurre ou l’huile, c’est-à-dire sous la forme du potage gras ou maigre : on en prépare aussi des purées ; on les mange avec des viandes roties, &c. Ceux qui croissent dans les pays froids & les terreins gras & humides, tels que les potagers ou marais & dans les bonnes terres, ont un goût acerbe & sauvage, & un tissu dense & serré, qui les rend très difficile à cuire ; aussi ce légume est-il absolument rejetté des bonnes tables, & même presqu’absolument inusité à Paris & dans les provinces voisines : au lieu que ceux qui croissent dans les pays chauds & dans les terreins maigres & arides, sont d’un très bon goût, & se ramollissent facilement par la cuite. Ils tiennent le premier rang parmi les légumes secs dans les provinces méridionales du royaume ; & ceux qu’on y apporte d’Espagne sont encore meilleurs.

Il est écrit dans les ouvrages de Médecine, que ce légume fournit une nourriture abondante, mais grossiere, venteuse, & un peu laxative. On n’observe rien de tout cela dans les sujets ordinaires & sains, qui sont cependant les seuls sur qui il faille évaluer les propriétés diététiques.

La décoction de pois chiches est comptée parmi les plus puissans diurétiques, & même parmi ceux dont l’activité peut devenir funeste dans les cas où les voies urinaires peuvent être ulcérées ou déchirées par des graviers, ou même simplement irritées & devenues très-sensibles. Les anciens médecins ont poussé l’opinion qu’ils avoient de cette inefficacité, jusqu’à avancer qu’elle portoit même jusque sur la substance du calcul, que le pois chiche étoit un lithontriptique des plus actifs. Au reste, si on peut compter au moins sur la qualité diurétique, on ne doit pas la chercher dans les pois chiches préparés dans les cuisines, parce que leur premiere préparation consiste à les faire bouillir dans une eau qu’on rejette, & que c’est vraissemblablement dans cette premiere décoction que doit passer le principe diurétique. (b)

Pois à gratter, (Botan.) nom d’une espece de phaséole d’Amérique, appellée par le P. Plumier, phaseolus siliquis latis, hispidis & rugosis, fructu nigro. Voyez Mucuna. (D. J.)

Pois de merveille, corindum, genre de plante à fleur papilionnacée, composée de quatre grands pétales apposés en forme de croix, & de quatre petits qui sont le plus souvent crochus & situés au milieu de la fleur. Le pistil sort du calice qui est composé de quatre feuilles, & devient dans la suite un fruit semblable à une vessie, & divisé en trois loges ; ce fruit renferme des semences presque rondes qui ont une tache de la figure d’un cœur. Tournefort, Inst. reiherb. Voyez Plante.

Tournefort compte trois especes de ce genre de plante, dont la principale est le corindum à larges feuilles, & à gros fruit, corindum ampliore folio, fructu majore.

Cette espece pousse des tiges menues & branchues, hautes de trois ou quatre piés, sans poil, cannelées, foibles, ayant besoin d’être soutenues ; ses feuilles sont divisées à peu près comme celles de l’ache, d’une belle couleur verte, d’un goût visqueux ; il sort de leurs aisselles des pédicules chargés de fleurs, composées chacune de huit feuilles blanches, quatre grandes, & quatre petites disposées en croix, soutenues par un calice à quatre feuilles ; quand ces fleurs sont passées, il leur succede des fruits en vessies à trois coins, divisées chacune en trois loges qui renferment des semences semblables à des petits pois, en partie noirs, en partie blancs, & marqués ordinairement d’un cœur ; sa racine est grosse comme le doigt, mais plus courte, ligneuse, assez dure, fibreuse. Aucune des trois especes de ce genre de plante n’est d’usage en Médecine. (D. J.)

Pois arbre aux, (Hist. nat. Botan.) robinia Linnæi. Aspalatus, caragana siberica, pseudo-acacia. C’est un arbre de la même famille que celui que l’on trouvera décrit sous le nom de pseudo-acacia. On le nomme arbre aux pois, parce qu’il produit des siliques qui renferment un fruit semblable aux pois, qui sont précédées de fleurs d’un beau jaune ; il croît sans culture en Sibérie, surtout dans un terrein léger & dans le voisinage des rivieres. Le plus grand froid ne le fait point périr ; on peut le multiplier de graine & de boutures ; il est ordinairement de la grandeur d’un bouleau moyen. Les habitans de la Sibérie nommés Tunguses, nourrissent leurs bestiaux avec la feuille de cet arbre ; on mange aussi le fruit ou les pois qu’il renferme dans ses siliques ; mais il faut pour cela, les faire bouillir dans une premiere eau, pour leur enlever une certaine amertume que l’on y trouve. M. Bielcke de l’académie de Stockholm, a essayé de faire moudre ce fruit, & en a fait faire des galettes ou gâteaux qui étoient d’un très-bon goût. Il prétend que le fruit de cet arbre est plus léger sur l’estomac que les pois ordinaires.

Le même M. Bielcke a trouvé que les feuilles de cet arbre pouvoient à l’aide de la putréfaction, donner une couleur bleue aussi propre à la teinture que l’indigo & le pastel. Voyez les mémoires de l’académie de Suede, année 1750, & voyez l’article Pseudoacacia.(—)

Pois martiaux, (Hist. nat.) c’est le nom que quelques naturalistes donnent à une mine de fer en petits globules semblables à des pois que l’on appelle en latin pisa ferrea. Il paroit que c’est une mine de fer qui n’est composée que d’un assemblage de petites étites ou pierres d’aigle. Il y en a de différentes grandeurs. Pres de Bayeux en Normandie, on trouve des cornes d’ammon remplies de ces sortes de pois ferrugineux. Quand ces étites sont ovales ou alongées, on les nomme mine de fer en feves, minera ferri fabalis. Il se trouve de la mine de fer de cette espece en Allemagne, dans la principauté de Hesse-Hombourg.