L’Encyclopédie/1re édition/PERROQUET
PERROQUET, s. m. (Hist. nat. Ornythol.) psittacus, nom générique que l’on a donné à un grand nombre d’espece d’oiseaux qui different entr’eux principalement par la grandeur & par les couleurs, mais qui se ressemblent tous à-peu-près par la forme du bec & du corps, & par le nombre & la position des doigts. Voyez Oiseau. Les perroquets en général ont la tête grosse, le bec & les ongles crochus, le crâne dur & épais, la langue large, les ouvertures des narines rondes & placées à la base de la piece supérieure du bec près des premieres plumes du devant de la tête ; enfin ils ont tous quatre doigts à chaque pié, dont deux sont dirigés en avant, & deux en arriere. La plûpart se servent de leur pié pour porter leur nourriture à leur bec. On divise tous les perroquets en trois classes ; la premiere comprend les plus grands, ils ont la grosseur d’un chapon ; ceux de la seconde classe sont d’une médiocre grosseur, qui égale à-peu-près celle du pigeon domestique ; enfin on a mis dans la troisieme classe les petits perroquets. On a donné le nom de perruche ou perriche à ceux de la seconde & de la troisieme classe qui ont la queue longue. La plûpart des perroquets apprenent aisément à parler. Will. Ornit. voyez Oiseau.
Perroquet d’Angola, cet oiseau est un peu plus grand qu’une tourterelle. Il a le bec d’un brun verdâtre ; les plumes de la tête, du dos, de la poitrine & celles des épaules sont d’un beau jaune couleur d’or, mêlé d’une teinte rouge couleur d’écarlate ; la couleur des petites plumes des ailes est verte, excepté les deux extrémités qui sont d’un beau bleu ; les grandes plumes des aîles ont cette même couleur bleue : la queue est longue, fourchue, & d’un verd jaunâtre ; les piés sont d’un rouge mêlé de gris. Hist. nat. des oiseaux par Derham, tome III. pag. G. Voyez Oiseau.
Perroquet arras ; on a donné ce nom à deux especes de perroquets que l’on distingue en arras bleu & en arras rouge. Ils sont les plus grands de tous les perroquets, ils égalent en grosseur un chapon.
L’arras jaune, psittacus maximus cyanocroceus, Aldrovandi. Il a le bec noir & un peu alongé ; il y a sur la peau qui entoure les yeux des plumes noires ; le sommet de la tête est applati & verd ; la gorge a une sorte de collier formé de plumes noires ; toute la face inférieure de cet oiseau est d’un jaune couleur de safran, & l’inférieur a une belle couleur bleue : la queue a environ dix-huit pouces de longueur ; les cuisses sont très-courtes ; les jambes & les piés ont une couleur brune, & les ongles sont noirs.
L’arras rouge, psittacus maximus alter Aldrovandi ; cet oiseau a le bec plus court que l’arras rouge ; la piece supérieure est blanche, & l’inférieure noire ; les tempes & le tour des yeux sont blanchâtres : le corps en entier, l’origine des ailes, & toute la queue ont une belle couleur rouge ; la partie intérieure des grandes plumes des ailes a cette même couleur ; la partie extérieure & les plumes du dessous de la queue sont d’un très-beau bleu ; la couleur des plumes du second rang de l’aîle est jaune, à l’exception des bords qui sont rouges ; elles ont chacune à l’extrémité une tache bleue qui ressemble à un petit œil : les cuisses sont courtes & les ongles ont une couleur brune. Rai, synep. meth. aviam. Voyez Oiseau.
Perroquet des Barbades, psittacus viridis & lateus barbadensis ; cet oiseau est de la grandeur d’un pigeon domestique ; ses yeux sont entourés d’une peau de couleur cendrée, & dégarnie de plumes ; ils ont l’iris d’un jaune couleur de safran ; le devant de la tête est d’un brun pâle, entouré d’une belle couleur jaune, qui s’étend sur les côtés de la tête & sous la gorge ; le sommet de la tête, le dos, la poitrine & le ventre sont d’un beau verd ; les plumes des cuisses & des épaules ont une couleur verte jaunâtre ; les trois premieres plumes du premier rang des petites plumes des ailes sont d’un beau bleu ; toutes celles du second rang ont une couleur rouge ; enfin les grandes sont d’un bleu sombre & pourpré : la queue est composée de douze plumes, & elle a une belle couleur verte ; les jambes sont garnies de plumes jusqu’aux piés, qui ont une couleur brune cendrée. Hist. nat. des oiseaux par Derham, tom. III. pag. 6. Voyez Oiseau.
Perroquet de Bengale ; cet oiseau est de moyenne grandeur. Il a la piece supérieure du bec jaune & l’inférieure de couleur noirâtre ; le derriere de la tête est d’un rouge pâle, mêlé d’une teinte de pourpre ; les plumes de la gorge sont noires & le cou a un petit collier formé par des plumes de la même couleur que celles de la gorge ; les plumes de la poitrine, du ventre & des cuisses ont une couleur verte, pâle & jaunâtre ; celles du dos & des aîles sont d’un très-beau verd. Hist. natur. des oiseaux par Derham, tom. III. Voyez Oiseau.
Perroquet blanc hupé, psittacus albus cristatus Aldrovandi, cet oiseau est de la grosseur du pigeon domestique, il a une hupe sur la tête ; il est entierement blanc & il porte la queue fort élevée. On a donné à ce perroquet le nom de katacoua. Rai, synop. meth. avium. Voyez Oiseau.
Perroquet de Bontius, le petit, psittacus parvus Bontii : ce perroquet est de la grosseur d’une alouette, le bec & la gorge sont gris, l’iris des yeux a une couleur argentée ; la tête, le cou, le dessus de la queue & le bas ventre sont rougeâtres ; les plumes de la poitrine & celles du dessous de la queue ont une couleur de rose pâle ; l’extrémité de ces plumes est verte ou verdâtre : les plumes des aîles sont pour la plûpart vertes, & il y en a de rougeâtres mêlées parmi les vertes. Rai, synop. meth. avium. Voyez Oiseau.
Perroquet cendré, psittacus cinereus seu subcaruleus Aldrovandi. Ce perroquet est de la grosseur du pigeon domestique, il a le bec noir, le corps en entier est d’un cendré obscur, la queue est courte & s’étend à peine au-delà de l’extrémité des aîles ; elle a une très-belle couleur rouge, les yeux sont entourés d’une peau blanche & dégarnie de plumes. Rai, synop. meth. avium. Voyez Oiseau.
Perroquet de Clusius, le beau, psittacus elegans Clusii. Ce perroquet est de la grosseur d’un pigeon ; les plumes du cou & de la poitrine sont de diverses couleurs ; le bord extérieur de chacune de ces plumes est d’un très-beau bleu ; cet oiseau les dresse lorsqu’il s’irrite. Les couleurs du ventre sont à peu près les mêmes que celles de la poitrine avec une teinte de brun ; le dos & la queue sont verts, les grandes plumes des aîles ont une couleur bleuâtre. Rai, synop. meth. avium. Voyez Oiseau.
Perroquet a collier, psittacus torquatus, macrouros antiquorum Aldrovandi : ce perroquet a neuf pouces & demi de longueur, le bec est d’un beau rouge couleur de vermillon, & les yeux ont l’iris jaune ; le cou est entouré d’une sorte de collier d’un très-beau rouge ; il y a sous le menton une ligne noire qui s’étend depuis la piece inférieure du bec jusqu’à ce collier : le corps est en entier d’un verd plus foncé sur le dos & plus clair sur le ventre, les plumes extérieures des aîles ont à leur extrémité supérieure une tache rouge. Rai, synop. meth. avium. Voyez Oiseau.
Petit perroquet d’Ethiopie, psittacus pusillus viridis athiopicus Clusii. Ce perroquet est de la grosseur d’un pinson ; il a le bec rougeâtre, épais & fort ; le corps en entier est d’un verd plus pâle sur le ventre & plus foncé sur le dos, les grandes plumes des aîles sont en partie brunes & en partie d’un verd foncé ; la face supérieure est brune. Les plumes de la queue sont d’un jaune verdâtre à leur racine, ensuite elles ont une belle couleur rouge, enfin elles sont noires près de l’extrémité qui est teinte de verd. Les plumes du devant de la tête & de toute la gorge sont variées de rouge & d’un verd vif, les cuisses sont cendrées & très-courtes, elles ont à peine un demi-pouce de longueur, les ongles sont blancs & assez longs. Rai, synop. meth. avium. Voyez Oiseau.
Perroquet gris, psittacus maracana brasiliensibus dictus. Ce perroquet est de la grande espece & en entier d’une couleur grise bleuâtre. Rai, synop. meth. avium. Voyez Oiseau.
Perroquet de la Jamaïque. Derham a donné ce nom à l’arras rouge ; il prétend que l’arras jaune est la femelle de l’arras rouge, & il ne fait qu’une seule espece de ces deux oiseaux. Hist. nat. des Oiseaux par Derham, tom. II. pag. 11. Voyez Perroquet arras.
Perroquet Lori, psittacus coccineus orientalis. Ce perroquet est de la grosseur d’un merle ; il a le corps en entier d’un très-beau rouge couleur d’écarlate, les petites plumes des aîles sont vertes, les grandes ont une couleur noire ; le bord de l’aîle est jaune, les plumes de la queue sont de cette même couleur jaune depuis leur racine jusqu’à la moitié de leur longueur, le reste a une couleur jaune verdâtre. Il y a sur les cuisses au-dessus du genoux un cercle de plumes vertes : le bec & l’iris des yeux ont une couleur jaune, les cuisses sont très-courtes & noires. On trouve cet oiseau dans les Indes orientales. Rai, synop. meth. avium. Voyez Oiseau.
Perroquet de Macao, psittacus maracana araræ. Ce perroquet est plus petit que l’arras auquel il ressemble par la forme du corps & par la longueur de la queue ; il a le bec long & noir, la peau qui entoure les yeux est blanche & a des taches formées par de petites plumes noires. La tête, le cou & les aîles sont d’un verd foncé à l’exception du sommet de la tête qui a une couleur plus pâle & mélée de bleuâtre ; la face supérieure des ailes & de la queue est verte, & l’inférieure a une couleur bleue, excepté l’extrémité de chaque plume qui est d’un bleu obscur ; les aîles ont chacune à leur naissance une tache d’une belle couleur rouge, & il y en a une brune au dessus de la base du bec. Rai, synop. meth. avium. Voyez Oiseau.
Grand perroquet de Macao, Derham a décrit sous ce nom l’arras jaune ; il prétend que c’est la femelle de l’arras rouge, & il ne fait qu’une seule espece de ces deux oiseaux. Hist. nat. des oiseaux, par Derham, tom. I. p. 11. Voyez Perroquet arras.
Perroquet plongeur, (Hist. nat.) oiseau singulier qui se trouve vers les côtes de Spitzberg. Il a le bec de 3 pouces de large, & rempli de petites raies de différentes couleurs ; ce bec est pointu & un peu courbé par-dessus, & par-dessous garni de quatre entailles qui se joignent, & percé de deux trous. Au-dessus près de l’œil, il a un cartilage blanchâtre, rempli de trous. Ses piés ont 3 ongles liés par une peau rouge ; ses jambes qui sont courtes, ont la même couleur ; ses yeux sont entourés d’un cercle rouge ; le dessus de la tête est noir, le reste au-dessous des yeux est d’un beau blanc ; le cou est entouré d’un cercle noir ; le dos & le dessus des aîles sont noirs & le ventre blanc. Cet oiseau qui ne ressemble en rien au perroquet, se tient long-tems sous l’eau, où il se nourrit de poissons. Sa chair est très-délicate.
Perroquet rouge et vert, psittacus lemocephalus Aldrovandi ; ce perroquet a le bec & la partie antérieure de la tête blancs ; la gorge & le bord supérieur des aîles sont d’un très-beau rouge ; le milieu de la poitrine, & l’espace qui est entre les cuisses, ont une couleur rouge obscure ; le reste de la poitrine & les cuisses sont d’un verd-pâle ; le derriere de la tête, le cou, le dos, les aîles & les plumes du dessus de la queue, ont une couleur verte foncée. Rai, synop. meth. avium. Voyez Oiseau.
Perroquet rouge et vert huppé, psittacus erythrochlorus cristatus Aldovrandi ; ce perroquet est entierement vert, à l’exception des aîles, de la queue & de la huppe, qui sont rouges ; sa huppe ressemble à celle du perroquet blanc huppé, elle est composée de six plumes, dont il y en a trois grandes & trois petites ; les yeux ont l’iris rouge, & la prunelle est noire. Willughbi, ornith. Voyez Oiseau.
Perroquet varié, psittacus versicolor, seu erythro-cyaneus Aldrovandi ; ce perroquet est de médiocre grandeur ; il a le bec court & noirâtre ; la tête, le cou, la poitrine, sont bleus, excepté le sommet de la tête qui a une couleur jaune ; l’espace où se trouvent les yeux est blanchâtre ; le ventre a une couleur verte ; la partie antérieure du dos est d’un bleu-pâle ; la partie inférieure & le croupion sont jaunes ; les petites plumes des aîles ont trois couleurs, qui sont le verd, le jaune & le couleur de rose. Rai, synop. meth. avium. Voyez Oiseau.
Perroquet vert commun, psittacus viridis, alarum costa supernâ rubente, Aldrovandi ; ce perroquet est de la grosseur du pigeon domestique. La piece supérieure du bec a l’extrémité noire, le milieu bleuâtre & le reste rougeâtre ; la piece inférieure est blanche ; les yeux ont l’iris d’un jaune de safran ; le sommet de la tête est jaune ; tout le reste du corps a une couleur verte, plus foncée sur la face supérieure de l’oiseau, & plus claire sur la face inférieure ; le bord supérieur de l’aile est rouge ; les jambes & les piés sont cendrés ; la queue est très-courte, elle a en-dessous, sur les côtés, une longue tache rouge, & en-dessus une tache jaunâtre. Rai, synop. meth. avium. Voyez Oiseau.
Petit perroquet vert, psittacus minor macrouros, totus viridis Aldrovandi ; ce perroquet a neuf pouces & demi de longueur, quoiqu’il ne soit pas plus gros qu’une grive. La piece supérieure du bec est rouge, & l’inférieure a une couleur rouge, mêlée de noirâtre ; l’iris des yeux est en partie rouge & en partie jaune ; le corps en entier est d’un beau verd, couleur de pré, plus foncé sur les grandes plumes des ailes, & plus claire sur le ventre ; la queue est très-étroite, & paroît comme pointue à l’extrémité ; les piés & les pattes sont rouges, ou de couleur de chair : ce caractere suffit pour le faire distinguer de toutes les autres especes de perroquets. On trouve cet oiseau dans la Nouvelle-Espagne. Willughby, ornith. Voyez Oiseau.
Perroquet vert et rouge, psittacus viridis menalorhyncos Aldrovandi ; ce perroquet est de médiocre grosseur ; il a du bleu à la base du bec, sur le sommet de la tête & sous la gorge ; toute la face supérieure de l’oiseau est d’un verd-foncé, & la face inférieure est en partie d’un jaune pur, & en partie d’un jaune-verdâtre ; les plumes de dessous la queue & le bord de l’aîle, sont d’un très-beau rouge. Rai, synop. meth. avium. Voyez Oiseau.
Perroquet vert varié, psittacus poikilorhynchos Aldrovandi ; ce perroquet a la face supérieure du bec d’un verd-bleuâtre, & les côtés d’un jaune couleur d’ochre ; il y a près de l’extrémité une tache blanche transversale ; le milieu de la piece inférieure est jaunâtre, & le reste a une couleur plombée ; le sommet de la tête est d’un jaune couleur d’or ; tout le reste du corps a une couleur verte, plus obscure sur la face supérieure de l’oiseau, & plus claire sur la face inférieure ; les ailes & la queue sont vertes, & ont plusieurs autres couleurs mêlées avec ce verd, telles que le violet, le noir, le rouge-obscur, le beau rouge couleur d’écarlate & le jaune. Rai, synop. meth. avium. Voyez Oiseau.
J’ajouterai quelques remarques sur cet oiseau. Son bec est composé de deux parties qui sont couvertes de corne, comme le bec de tous les oiseaux. La supérieure jointe à l’os du nez, sont ensemble sa machoire supérieure, qui se termine en pointe crochue. L’inférieure est une continuité de la machoire inférieure ; elle est crochue, mais elle ne se termine pas en pointe. L’os du nez est joint à l’os coronal par synchondrose, & au bec par une substance recouverte d’une matiere qui n’est ni os ni corne, mais qui approche plus de la corne que de l’os ; la machoire inférieure du perroquet se meut comme dans les autres oiseaux, ayant la même articulation, avec une épiphise attachée à l’os de l’oreille.
L’articulation par synchondrose de la machoire supérieure avec le crâne, est une particularité que l’on trouve dans le crâne du perroquet : en voici une autre. On remarque deux os plats ; l’un à droite, l’autre à gauche, qui forment le palais, & si minces qu’ils en sont un peu transparens. Leur figure est très-irréguliere ; car ils ont chacun six côtés, dont il y en a trois plus longs que les autres. La machoire inférieure a aussi ses particularités ; car elle est bien plus large que celle du coq d’Inde, du hibou & d’autres oiseaux. Son articulation est différente, aussi-bien que l’extrémité antérieure qui est crochue. Au moyen de deux gouttieres qui sont à l’extrémité de cette machoire, elle peut s’avancer en-devant & reculer en-arriere. A chacune des surfaces latérales on voit un trou large de près d’une ligne, & qui est percé dans la partie moyenne.
Une autre singularité du perroquet regarde ses paupieres. Il a la paupiere supérieure mobile, comme le chat-huant ; elle s’abaisse en même tems que la paupiere inférieure s’éleve, mais beaucoup moins que la paupiere inférieure ne s’abaisse. Dans le perroquet mort, les deux paupieres se trouvent jointes ensemble sur la cornée ; elles ont fait chacune la moitié du chemin pour s’y rencontrer, ce que M. Petit n’a jamais observé que dans le perroquet ; car il a remarqué que dans tous les autres oiseaux, c’est la paupiere inférieure qui s’éleve dans le moment qu’ils meurent, & elle va joindre la paupiere supérieure qui ne s’abaisse en aucune maniere. Tout ceci n’est que pour les Anatomistes, qui peuvent en outre parcourir la dissection du perroquet donnée par Oliger, dans les acta Haffn. vol. II. n°. 124. ann. 1673. Voici des détails pour d’autres lecteurs.
Pline lib. X. c. xlij. dit : super omnia humanas voces reddunt psittaci, & quidem sermocinantes : India avem hanc mittit. Psittacum vocant toto corpore tantum in cervice distinctam. Les anciens ne connoissoient point d’autres perroquets que les indiens ; c’est l’oiseau des Indes de Ctésias, d’Aristote, d’Elien, de Pausanias & autres. On lit dans Diodore de Sicile, lib. II. p. 95. que l’on trouvoit encore des perroquets en Syrie, c’est-à-dire en Assyrie, où étoit la ville de Sittace ou Psittace, que l’on supposoit avoir tiré son nom de cet oiseau. Calisthene le rhodien, cité par Athenée, dit que du tems de Ptolomée Philadelphe, on vit à Alexandrie, comme une grande merveille, des perroquets, des paons, des phaisans, & quelques autres oiseau de cette rareté. Les perroquets étoient encore très-rares à Rome du tems de Varron ; car parlant de certaines poules, il ajoute qu’on en montroit dans les fêtes publiques, ainsi que des perroquets, des merles blancs, & autres animaux de ce genre peu connus. Aussi Ovide en pleurant la mort du perroquet de sa Corine, amor. II. éleg. vj. l’appelle extremo munus ab orbe datum, un présent donné du bout du monde. Bientôt ils devinrent moins rares ; ils étoient connus sous le regne de Tibere.
Les especes de perroquets & d’aras, différens en grandeur, en couleur & en figure, sont sans nombre. Les perroquets les plus ordinaires au Para, ceux qu’on connoît à Cayenne sous le nom de tahouas ou de perroquets de l’Amazone, sont verts, avec le haut de la tête, le dessous & les extrémités des ailes d’un beau jaune. Une autre espece appellée aussi tahouas à Cayenne, est de la même couleur, avec cette seule différence, que ce qui est jaune dans les autres, est rouge dans ceux-ci. Mais les plus rares de tous, sont ceux qui sont entierement jaunes, de couleur de citron à l’extérieur, avec le dessous des aîles, & deux ou trois plumes de leur bout, d’un très-beau verd ; ils deviennent extrèmement familiers. On ne connoît point en Amérique l’espece grise qui a le bout des aîles couleur de feu, & qui est si commune en Guinée.
Les Indiens des bords de l’Oyapoc, ont l’adresse de procurer artificiellement aux perroquets, des couleurs naturelles, différentes de celles qu’ils ont reçues de la nature, en leur tirant des plumes en différens endroits sur le col & sur le dos, & en frottant l’endroit plumé du sang de certaines grenouilles ; c’est là ce qu’on appelle à Cayenne tapirer un perroquet. Voyez Perroquet tapiré.
On sait communément que les perroquets vivent très-longtems. Comme il y en avoit un à Florence qui avoit acquis une espece de célébrité, M. de Réaumur pria M. l’abbé Cevati de vouloir bien lui mander ce qui en étoit ; & voici ce qu’il en apprit : le plumage de cet oiseau étoit blanc, avec une seule houpe couleur de rose sur la tête ; il avoit le bec & les piés noirs, & parloit extrèmement bien ; il étoit de la grosseur & du poids d’un bon poulet de trois mois. A l’égard de son âge, il n’a pas été possible de le savoir au juste ; il avoit été apporté à Florence en 1633 par la grande duchesse Julie Victoire de la Rovere d’Urbin, lorsqu’elle y vint épouser le grand duc Ferdinand, & cette princesse dit alors que ce perroquet étoit l’ancien de sa maison ; il a vécu à Florence pendant près de cent ans. Quand on ne lui donneroit, sur ce que dit la grande duchesse, qu’environ 20 ans de plus, il auroit donc vécu près de cent vingt années. Ce n’est peut-être pas le plus long terme de la vie de ces animaux ; mais au moins est-il sûr par cet exemple qu’ils peuvent aller jusques-là.
Seroit-il possible de faire pondre & couver des perroquets dans nos climats ? M. de Réaumur raconte que dans ce siecle un chanoine d’Angers a eu chez lui une paire de perroquets qui pendant trois années consécutives ont pondu & couvé ; que des accidens ont empêché deux des couvées de réussir ; mais que trois petits perroquets sont nés de la troisieme couvée, & qu’un de ceux-ci vivoit encore en 1740. Cependant on ne cite que ce seul fait ; & le physicien qui le rapporte se flatoit que nous pouvions nous rendre propres en Europe la plûpart des especes de perroquets. (D. J.)
Quoi qu’il en soit, les voyageurs ont rendu cet oiseau si commun en Europe, qu’il paroît inutile d’en décrire la figure, que tout le monde connoît ; on en distingue de trois sortes, qui different beaucoup en grosseur, & dont les especes varient à l’infini : les aras par leur taille tiennent le premier rang dans ce genre de volatile ; on en voit dont le plumage est varié d’incarnat, de pourpre, de bleu clair & foncé, de verd & de jaune ; les plus communs sont d’un bleu céleste sur le dos, ayant quelques plumes plus foncées aux extrémités des aîles & de la queue, qui est fort longue ; ils ont le dessous de l’estomac d’un beau jonquille ; le bec fort & crochu, les pattes courtes, cagneuses & garnies de griffes. Cet oiseau très-commun en Amérique est pesant, mal-adroit, stupide, articulant mal ce qu’on lui fait dire ; son cri naturel est fort desagréable.
L’espece des perroquets varie considérablement ; les grandes Indes en produisent de différentes sortes, dont les principales sont celles que l’on appelle catacoua ; leur plumage est blanc, & quelquefois cendré ; ils ont sur la tête une espece de crête de couleur orangée, couchée sur le derriere du col ; cette crête se dresse & se déploie lorsque l’animal est en colere.
Les loris sont beaucoup plus petits, bien faits, assez hauts sur jambes, ayant la tête petite, le col proportionné, la taille légere, la queue longue & le plumage diversifié de couleur de feu, de pourpre, de bleu & de jaune.
Les perroquets noirs sont communs dans l’île Maurice ; ils ressemblent au bec près, à des corbeaux.
La côte d’Afrique produit aussi un grand nombre de perroquets ; les plus connus qui viennent communément de l’île du Prince, sont d’un beau gris, ayant la queue couleur de feu ; ces oiseaux siflent très-bien, & peuvent exécuter des airs à leur portée : élevés de jeunesse, ils s’apprivoisent facilement ; ils ont beaucoup de mémoire, prononcent à merveille ce qu’on leur apprend, & leur attachement est extrème à l’égard de ceux qu’ils ont pris en amitié.
Il est presqu’impossible de décrire toutes les especes de perroquets que produit l’Amérique ; ceux que l’on appelle amazones venant des bords de la riviere de ce nom, sont forts de taille ; leur plumage est d’un beau verd mélé de quelques plumes rouges & jaunes sur le gros des aîles, dont les extrémités ont un peu de bleu ; ils ont encore une espece de bandeau de petites plumes jaunes au-dessus du bec sur le devant de la tête ; ces perroquets sont grands railleurs, contrefaisant le cri des animaux, & même le ton des personnes ; ils parlent très-bien.
On voit dans les Antilles, principalement dans celles qui sont peu habitées, des perroquets d’une espece particuliere à chacune de ces îles ; ceux de Tabago sont fort gros ; leur plumage est verd avec un peu de bleu aux aîles & sur la tête. Il s’en trouve dans l’île de Saint-Vincent d’une couleur ardoisée tirant sur le verdâtre ; ils ont quelques plumes d’un rouge sang de beuf sur le gros des ailes : ces animaux sont mal faits, lourds, & semblent participer de la stupidité des sauvages du pays.
Les habitans de la Martinique, de la Guadeloupe & de la Grenade, ont tellement fait la chasse aux perroquets, qu’on n’en trouve presque plus dans ces îles.
Les perroquets font leurs nids au sommet des plus hauts arbres, dans des trous faits par la nature, ou qu’ils creusent avec leur bec ; ces trous sont très profonds, & presque toujours dirigés de bas en haut : quoique les perroquets paroissent pesans, ils volent cependant très-bien, fort haut, & en compagnie de quatre ou cinq, perchant sur les arbres pour se reposer, & faisant un grand dégât de fruits, de graines & de branches, lorsqu’ils prennent leur nourriture, ou qu’ils s’amusent. La chair de cet oiseau est brune, grasse, & d’un goût approchant de celle du pigeon ; on en fait de très-bonne soupe ; elle réussit encore très-bien étant mise en daube ou en pâte.
Les periques sont des perroquets de la petite sorte, qui ne grossissent jamais ; on peut les distinguer en grande & en petite espece ; elles sont toujours fort inférieures pour la taille aux perroquets ordinaires ; leur forme est plus dégagée ; elles ont aussi la voix moins forte, & le caquet plus affilé. On voit de grandes periques dont le plumage est d’un beau verd d’émeraude, ayant des petites plumes couleur de feu sur le gros des aîles, & un bourrelet de pareilles plumes sur le devant de la tête ; leur bec est ordinairement d’un blanc couleur de chair.
Il vient de la côte de Guinée des periques extrèmement jolies, moins fortes que les précédentes ; elles ont la queue fort longue ; leur plumage d’un verd de poirée est égal par-tout le corps, à l’exception d’un colier de plumes noires qu’elles ont au-tour du col ; leur tête est ronde, bien faite, ornée de deux yeux fort vifs, & d’un bec de couleur noire. La même côte produit une autre sorte de periques plus petites, d’un vert plus foncé, ayant des plumes rouges, jaunes & noires ; enfin il s’en trouve qui ne sont guere plus grosses que des moineaux, dont le plumage est verd d’émeraude, mélé de quelques petites plumes rouges sur la tête & aux ailes. Il est bon de faire attention que le mot perique désigne, toujours la petite espece des perroquets, & que celui de peruche s’emploie en parlant des femelles.
Perroquet tapiré, (Hist. des Arts.) nous nommons perroquets tapirés, ceux qui doivent à l’art une partie de leurs belles plumes. Les Indiens de la Guiane savent faire venir des plumes rouges & des plumes jaunes aux perroquets qui n’en avoient pas en assez grand nombre. Ce fait que M. de la Condamine a rapporté dans son intéressante relation de la riviere des Amazones, est attesté par tous ceux qui ont habité à Cayenne. On nous dit que les Indiens arrachent les plumes des perroquets dans les endroits où ils savent qu’en la place des vertes, ils peuvent en faire venir de rouges ou de jaunes, & qu’ils frottent les chairs qu’ils ont mises à découvert avec du sang de grenouille. Si un plus long séjour, ou moins d’occupations, eussent permis à M. de la Condamine de faire tapirer devant lui des perroquets, nous saurions mieux ce que nous devons penser de la recette de sang de grenouille. Tout ce que font les Indiens se réduit peut-être à faire paroître plûtôt des plumes que la mue eût fait paroître plus tard ; le sang de grenouille ne tient vraissemblablement lieu que de baume aux petites plaies qu’ils ont faites aux perroquets.
Les Indiens connoissent, dit-on, les perroquets propres à être tapirés ; n’est-ce point qu’ils ont une connoissance semblable par rapport aux perroquets, à celle que nous aurions par rapport à nos poules, dont la couleur du plumage change après chaque mue ? On achete cependant moins les perroquets tapirés, quand on sait qu’ils l’ont été ; aussi les Indiens se gardent-ils bien de les annoncer pour tels. N’est-ce point encore parce que le changement auquel l’art a eu quelque part, est l’effet d’une opération équivalente à la mue, & que l’expérience a appris que les plumes rouges ou jaunes qui tomboient à la mue suivante, n’étoient pas toujours remplacées par des plumes de même couleur. Ainsi les plumes blanches de nos coqs & poules ne sont d’ordinaire remplacées par des plumes de même couleur qu’au bout de plusieurs années. (D. J.)
Perroquet, poisson de mer auquel Rondelet a donné le nom de perroquet, parce qu’il est de différentes couleurs : il a le dos noir ; le ventre & les côtés du corps sont jaunes, & la nageoire du dos est verte. Ce poisson a plusieurs traits verds qui s’étendent depuis les ouies jusqu’à la queue : au reste il ressemble au tourd, dont il est une espece particuliere. Voyez Tourd. Rondelet, hist. nat. des poissons, I. part. liv VI. chap. vj. Voyez Poisson.
Perroquet, (Marine.) c’est le mât le plus élevé du vaisseau ; il y en a un arboré sur le grand mât de hune ; un autre sur le mât de hune d’avant, ou de miséne ; un sur le mât de beaupré, & l’autre sur le mât d’artimon. Voyez Mat.
Perroquets volans ; ce sont deux perroquets que l’on met & que l’on ôte facilement, & que l’on amene étant sur le pont du vaisseau.
Perroquets en banniere, mettre les perroquets en banniere, c’est lâcher les écoutes des voiles de perroquet, ensorte qu’on les laisse voltiger au gré du vent ; cela se pratique lorsqu’on peut donner de jour quelques signaux dont on est convenu. Voyez Banniere.
Perroquets d’hiver ; ce sont des perroquets qui sont plus petits que ceux que l’on porte d’ordinaire dans les belles saisons. Voyez la position des perroquets, Pl. I. fig. 2. & fig. 1.