L’Encyclopédie/1re édition/PATIN

PATIN, s. m. (Arts.) en hollandois schaats ; morceau de bois applati, plus grand que le pié, terminé en une pointe recourbée, & qui est garni dessous d’un fer lisse, de la largeur d’environ un pouce pour pouvoir couper la glace. On applique ce morceau de bois ferré sous le milieu de la semelle des souliers, & on l’attache fermement avec des courroies sur le cou du pié : on s’en sert de cette maniere, pour fendre la glace en courant ; c’est une invention ingénieuse, mais qui demande de l’adresse, de la jeunesse, de l’habitude & beaucoup d’exercice pour en pouvoir faire usage. Tout le monde sait qu’en hiver dans toute la Hollande, de chaque village, bourg, ville & province batave, le peuple sort en foule & vient se rendre aux lieux où les branches du Rhin étendent leurs longs canaux. Les Hollandois volent sur des patins retentissans, courent en équilibre ceintré, & s’exercent de mille manieres différentes, surpassant par la rapidité de leur course les chevaux même les plus legers. Tout vit alors, tout est en joie dans ces climats tristes & glacés. (D. J.)

Patin, (Hist. de Lapponie.) les Lappons suédois se servent pour courir sur la neige de patins de bois de sapin fort épais, longs d’environ deux aunes, & larges d’un demi-pié. Ces patins sont relevés en pointe sur le devant, & percés dans le milieu pour y passer un cuir qui tient le pié ferme & immobile. Ils courent sur la neige avec tant de vîtesse, qu’ils attrapent les animaux les plus legers à la course. Ils portent un bâton ferré, pointu d’un bout, & arrondi de l’autre. Ce bâton leur sert à se mettre en mouvement, à se diriger, se soutenir, s’arrêter ; & aussi à percer les animaux qu’ils poursuivent. Ils descendent avec ces patins les fonds précipités, & montent les montagnes escarpées. Les patins dont se servent les Samoïdes sont bien plus courts, & n’ont que deux piés de longueur. Chez les uns & les autres les femmes s’en servent comme les hommes. Ce que nous nommons patins des Lappons, s’appelle raquette au Canada. Voyez Raquette. (D. J.)

Patin, s. m. (Hydr.) ce sont des pieces de bois que l’on couche sur les pieux dans les fondations où le terrein n’est pas solide, & sur lesquels on assure les plate-formes pour fonder dans l’eau.

On appelle encore patins des pieces couchées à plat servant de piés dans la construction de plusieurs machines.

Patins, (Brasserie.) sont de petits morceaux de bois de deux pouces en quarré, & la longueur de la largeur des planches du faux fond de la cuve-matiere. Ils servent à soutenir ce faux fond distant du fond de leur épaisseur. Voyez Cuve-matiere.

Patin, (Charpent.) ce qui est posé sur une assise de pierre, ou un mur sur lequel porte une autre piece debout, comme le patin d’un escalier qui en porte l’eschifre.

Patin, (Cordon.) espece de souliers de femme fort hauts & garnis de liege. Ils ajoutent à la taille.

Patins, les Imprimeurs nomment patins ou sabots, deux pieces de bois presque quarrées, de deux piés sept à huit pouces de long sur seize à dix-huit pouces de perimetre, couchées de champ, qui, au moyen de mortaises, reçoivent & retiennent d’aplomb les deux jumelles d’une presse d’Imprimerie. Voyez nos Pl. d’Imprimerie.

Patin, (Maréchall.) on appelle ainsi un fer de cheval sur lequel on a soudé une espece de demi-boule de fer concave. Il sert dans plusieurs accidens & maladies, comme aux chevaux éhanchés, à ceux qui ont fait quelque effort d’épaule, ou qui se sont entr’ouverts.