L’Encyclopédie/1re édition/CUVE

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CUVE, sub. f. (Tonnel.) grand vaisseau de bois propre à contenir des liqueurs. Les cuves sont faites de douves de bois de chêne ou de sapin, reliées avec de grands cerceaux de bois ou des cercles de fer, & garnies d’un fond seulement. On se sert des cuves pour mettre la vendange & y fouler le raisin. Les Brasseurs de bierre mettent fermenter leur grain dans des cuves avant que de les cuire dans les chaudieres. Les Teinturiers se servent aussi de cuves pour teindre les étoffes. Ce sont les Tonneliers qui fabriquent les cuves. Voyez les articles suivans.

Cuve, en terme de Blanchisserie de cire, est un grand vaisseau de bois en forme de tonneau, dans lequel la cire fondue tombe & se repose. Voyez Reposer. Elle est garnie sur le devant d’un gros robinet qui donne issue à la cire dans la grêloire. Voyez Grêloire, & K K, Pl. de la Blanchisserie des cires, fig. 1. Ces cuves qui sont cerclées de fer ont trois crochets de fer à la circonférence supérieure, qui servent à accrocher des anneaux qui terminent des cordages au moyen desquels & du treuil on ôte & on met la cuve sur son support.

Cuve-matiere, (Brasserie.) est celle dans laquelle les Brasseurs mettent la farine ou le grain bruisiné avec l’eau pour être brassé. Elle differe des autres en ce qu’elle a un faux fond percé de petits trous, & distant du fond de deux pouces. Lorsque l’on jette l’eau dans la cuve par le moyen d’une pompe qui la conduit entre les deux fonds, elle remonte dans la cuve par les petits trous du faux fond, soûleve la farine, & la rend plus aisée à voguer. Cette distance entre les deux fonds facilite l’égoutter des métiers lorsqu’on met à la voie. Au-dessous du faux fond est un cordon étroit autour de la cuve, qui sert à le retenir en place. Au haut il y a encore un cordon, mais plus fort que celui du bas. V. Brasserie.

Cuve-mouloire, (Brasserie.) est celle dans laquelle les Brasseurs font tremper le grain pour le faire germer.

Cuve-guilloire, (Brasserie.) est celle dans laquelle on jette les métiers pour les mettre en levain.

Cuve, chez les Cartonniers, est une grande caisse de bois de chêne sans couvercle, de trois piés & demi de largeur, & environ cinq à six piés de long, dans laquelle ces ouvriers puisent avec la forme la matiere dont ils fabriquent le carton. Voyez la fig. 2. Pl. du Cartonnier, qui représente l’ouvrier appellé leveur qui leve la matiere dont le carton est fait sur la forme ; la cuve est devant lui qui contient cette matiere délayée dans de l’eau. Voyez Papeterie.

Cuve du moulin à papier à cylindres, voyez la description & l’usage des différentes parties qui la composent à l’article Moulin a papier a cylindres & la fig. Planc. II. de Papeterie.

Cuve, en terme de Raffineur de sucre, sont de grands vaisseaux de planches de chêne environnées de cerceaux de fer, semblables aux cuves où l’on foule les raisins. C’est où on amasse les écumes & les syrops. Voyez Ecume & Sirop.

* Cuve, (Teinture.) grands vaisseaux dont les Teinturiers se servent pour teindre les étoffes. On appelle cuve d’inde, une cuve composée d’indigo sans pastel, dans laquelle on teint à froid ; cuve en œuvre, celle qui n’a ni trop ni trop peu de chaux, & à qui il ne manque que d’être chaude pour travailler ; cuve garnie, celle qui a tous les ingrédiens, mais qui n’est pas assez formée ou qui n’a pas assez fermenté pour travailler ; cuve rebutée, celle qui ne jette du bleu que quand elle est froide ; cuve qui souffre, celle qui n’a pas assez de chaux ; cuve usée, celle qui avoit trop de chaux, & dont on n’a pû se servir que la chaux n’en fût usée ; cuve sourde, celle qui commence à faire du bruit, & à faire connoître par des petillemens qu’elle se forme. On dit asseoir ou poser une cuve, pour y mettre les ingrédiens dont elle doit être composée ; pallier la cuve, pour remuer ou brouiller le marc ou pâtée de la cuve, & le mêler avec le fluide ; heurter la cuve, pour pousser brusquement & avec force la surface du bain jusqu’au fond de la cuve, & y donner de l’air par cette manœuvre ; dégarnir la cuve, pour y mettre du son & de la garence à discrétion, pour qu’elle soit moins chargée ; rejailler une cuve, pour la remplir d’eau chaude deux ou trois jours après qu’elle a travaillé, & qu’elle se trouve trop diminuée ; réchauffer la cuve, pour remettre le brevet ou le bain sur le feu quand la cuve commence à se refroidir ; ouvrir la cuve, pour y jetter la premiere mise de la laine ou de l’étoffe quand elle est neuve ; retrancher la cuve, pour la pallier sans lui donner de chaux. Voyez l’article Teinture.