L’Encyclopédie/1re édition/PATENOTRE

PATENOTRE, s. f. (Théolog.) terme dont on se sert pour exprimer un chapelet, parce qu’entre les grains dont il est composé il y en a de distance en distance de plus gros les unes que les autres, sur lesquels on récite le Pater noster ou l’Oraison dominicale, au lieu que sur les petits on ne dit que l’ave Maria, ou la Salutation angélique. Voyez Chapelet.

Patenotres, s. m. pl. (Arch.) petits grains en forme de perles rondes, qu’on taille sur les baguettes.

Patenotre, adj. terme de Blason. Une croix patenotrée, est une croix faite de grains, comme celle qui est représentée dans les Pl. du Blason. Voyez Croix. Cette croix doit être peinte afin que la sphéricité des grains paroisse, & qu’on puisse les distinguer des besans, &c.

Patenotrerie, s. f. (Comm. de chapelets.) marchandises de chapelets, ainsi dites, parce que les grains qui les composent sont nommés vulgairement patenôtres.

Le négoce de la patenôtrerie est assez considérable en France, particulierement à Paris, où il fait partie de celui de la mercerie.

L’ouvrier qui enjolive & vend toutes sortes de chapelets, se nomme patenôtrier.

Patenotrier, s. m. (Emailleur.) ouvrier qui fait & vend des patenôtres. Il y a dans Paris trois communautés différentes de patenôtriers, les uns se nomment patenôtriers-boutonniers d’émail, verre, & crystallin ; on les appelle plus ordinairement émailleurs ; ils ont été réunis en 1706 à la communauté des maîtres Verriers marchands de fayance. Voyez Emailleur.

Les autres sont appellés patenôtriers en bois & corne, & ne travaillent que sur ces matieres. Enfin le troisieme corps est celui des patenôtriers en ambre, jay & corail. Suivant les titres que leur donnent leurs statuts, il est clair que le jay, l’ambre, & le corail sont les seules matieres qu’ils doivent employer : cependant comme c’est un maître de leur corps qui a inventé la maniere de faire les perles fausses, telles qu’on les fait actuellement en France, il semble qu’il est bien difficile, & même injuste, de leur interdire la faculté de les fabriquer, du-moins concurremment avec les émailleurs, à qui il appartient de faire le grain de verre qui forme la perle.