L’Encyclopédie/1re édition/PÉTONCLE

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PÉTONCLE, s. m. (Conchyliolog.) pétongle dans quelques côtes de France, en latin pectunculus, en anglois cockles. Coquille bivalve, de la famille des peignes. Voyez Peigne.

Lister cependant distingue le pétoncle de peigne ; le pétoncle, dit il, n’a point d’oreille, mais comme il y a divers pétoncles qui en ont, sa distinction ne me paroît pas juste. Voyez cependant son système sur ce sujet au mot Coquille.

Le pétoncle est recherché pour le coquillage qui est un des meilleurs de la mer, soit qu’on le mange cuit, soit qu’on le mange crud ; c’est aussi, je crois, de ce coquillage que parle Horace, quand il dit que « Tarente, séjour de la mollesse, se vante d’avoir les » pétoncles » les plus délicats.

Pectinibus patulis jactat se molle Tarentum.

Sat. 4. l. II.

Le pecten de Tarente est celui que les Italiens appellent romia, qui a deux coquilles cannelées & ouvragées. La coquille du pétoncle est composée de deux pieces ; le ligament à ressort qui les assemble & qui sert à les ouvrir est du côté du sommet. Quelques pétoncles n’ont point d’oreilles, d’autres en ont une, & d’autres deux ; il y en a qui en différens endroits sont armés de petites pointes. La variété est aussi très-grande dans la couleur de ces sortes de coquilles ; les unes sont entierement blanches, d’autres rouges, d’autres brunes, & d’autres tirent sur le violet. Enfin on en voit où toutes ces couleurs sont diversement combinées.

Le poisson de cette coquille est un des fileurs de la mer, ayant la puissance de filer, c’est-à-dire de former des fils comme la moule, mais ils sont beaucoup plus courts & plus grossiers ; on n’en peut tirer aucun usage, ils ne servent qu’à fixer le coquillage à tout corps qui est voisin, soit que ce soit une pierre, un morceau de corail, ou quelque coquille.

Tous ses fils partent, comme ceux des moules, d’un tronc commun ; ils sortent de la coquille dans les pétoncles qui n’ont qu’une oreille un peu au-dessous de cette oreille. Pour prouver qu’il est libre à ce coquillage de s’attacher quand il lui plaît avec ses fils, il suffit de dire que souvent, après une tempête, on en trouve dans des endroits où l’on n’en trouvoit pas les jours précédens, & que ces coquilles qu’on trouve sont souvent attachées à de grosses pierres immobiles.

On prouve de reste que ces coquillages forment leurs fils de la même maniere que les moules forment les leurs, en remarquant qu’ils ont une filiere assez semblable à celle de la moule, quoiqu’elle soit plus courte, & qu’elle ait un canal plus large ; aussi le poisson du pétoncle file des fils plus courts & plus gros que la moule. (D. J.)