L’Encyclopédie/1re édition/PÉROU, le

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PÉROU, le, (Géog. mod.) vaste région de l’Amérique méridionale, dans sa partie occidentale Elle est bornée au nord par le Popayan ; au midi par le Chili ; à l’orient par le pays des Amasones, & au couchant par la mer du sud. Ce pays a environ six cens lieues de longueur du nord au sud, & cinquante de largeur.

Dès l’année 1502, Christophe Colomb étant dans la province de Honduras, qu’il venoit de découvrir, eut des naturels du pays quelques connoissances du Pérou, c’est-à-dire, d’un puissant empire abondant en or, qui étoit du côté de l’Orient, ce qui l’empêcha d’y tourner ses vues. En 1524, Paschal de Andagoya découvrit une partie de la côte de la mer du Sud, mais il tira peu de profit de ce voyage. Enfin, en 1524, François Pizarro partit de Panama, & découvrit la province du Beru (c’étoit le nom d’un indien), qu’il donna au pays, en changeant le B en P ; car les Espagnols écrivent Péru, & prononcent Pérou. On sait comment il conquit toute cette région depuis le royaume de Quito jusqu’au Chili, dans l’espace de dix ans.

On sait aussi qu’avant ce tems-là cette vaste contrée avoit été gouvernée par des rois nommés yncas, dont la magnificence étoit étonnante, & dont les richesses étoient immenses ; on peut en juger par l’offre que fit à Pizarro le dernier des yncas pour obtenir sa liberté. Atahualipa lui offrit pour sa rançon autant d’or qu’il en pourroit entrer dans une chambre de vingt-deux piés de long, de dix-sept de large, & de six de haut. Il reste encore dans le pays des vestiges de leurs temples en l’honneur du soleil, & du grand chemin de Quito qui avoit quarante pié de largeur, cinq cens lieues de longueur, & de hautes murailles des deux côtés. L’empire des yncas avoit alors des bornes deux fois plus étendues que celles qu’on donne au pays nommé aujourd’hui le Pérou.

Il est traversé par une chaîne de montagnes appellées la Cordillera de los-Andés. Il est rempli de plusieurs autres montagnes fameuses par les abondantes mines d’or & d’argent qu’on y a trouvées. Les forêts y produisent des cédres de plusieurs especes, des cotonniers, des bois d’ébène, & différens autres. Les vallées qui peuvent être arrosées sont très-fertiles, mais la plus grande partie du pays est stérile faute de pluies. Le chaud & le froid y sont excessifs, selon les différens endroits ; les montagnes qui sont étendues le long des Arudes sont très-froides, tandis que l’on étouffe dans le plat-pays.

Depuis que le Pérou est sous la domination espagnole, il est gouverné par un viceroi, dont le pouvoir est sans bornes. Ses appointemens fixes vont à quarante mille ducats, & l’accessoire monte infiniment au-delà. Il nomme à toutes les places civiles & militaires, avec cette restriction que les procédures seront confirmées par le roi d’Espagne, ce qui ne manque guere d’arriver. Entre les Indiens naturels du pays, une partie a embrassé le christianisme, & s’est soumise au joug ; l’autre partie, infiniment plus considérable, est restée idolâtre & indépendante.

Les Espagnols divisent le Pérou en trois gouvernemens, qu’ils appellent audiences ; savoir, l’audience de Quitto ; l’audience de Lima, ou de Los-Reyes ; l’audiance de los Charchas, ou de la Plata ; mais ils ont beau diviser le pays en audiences, ils n’en retirent presque plus rien. Lima porte le nom de capitale du Pérou. Voyez sur cette grande région d’Amérique le commentaire royal du Pérou du chevalier Paul Ricaut, 2. vol. in-fol. c’est un bel ouvrage. (D. J.)