L’Encyclopédie/1re édition/ORIGÉNISTES

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ORIGÉNISTES, s. m. pl. (Hist. ecclés.) anciens hérétiques dont les abominations surpasserent celles des Gnostiques.

Saint Epiphane en parle comme d’une secte qui subsistoit encore de son tems, mais en très-petit nombre. Il semble qu’il fixe leur origine au tems du grand Origenes ; mais il ne dit pas que c’est de lui qu’ils ont tiré leur nom : au contraire il les distingue d’autres origénistes, auxquels il donne pour chef Origenes Adamantius. Il ajoute qu’à la vérité les premiers tiroient leur nom d’un certain Origencs, & par-là il fait connoître que ce n’étoit pas du grand Origenes. D’ailleurs S. Augustin dit expressément que c’en étoit un autre.

À l’égard de leur doctrine, tout ce que la modestie nous permet d’en dire, c’est qu’ils condamnoient le mariage ; qu’ils se servoient de plusieurs livres apocryphes, comme les actes de S. André, &c. & que pour excuser la publicité & l’énormité de leurs crimes, ils accusoient les Catholiques de faire la même chose en particulier.

Origénistes, suivant l’histoire ecclésiastique, étoient les sectateurs d’Origenes, qui soutenoient que J. C. n’étoit fils de Dieu que par adoption ; que l’ame des hommes existe, & a péché dans le ciel avant la création de leur corps ; que les tourmens des damnés ne seront point éternels, & que les démons seront enfin délivrés eux-mêmes des peines de l’enfer.

Saint Epiphane réfute amplement les erreurs de ce pere de l’Eglise ; mais il le fait, comme il en convient lui-même, avec trop de chaleur ; de sorte qu’il peut bien y avoir de l’exagération dans ce qu’il a dit du grand Origenes. Il paroît même que S. Jérôme & Théophile d’Alexandrie parlant de ce grand homme, n’ont point donné à leur zele les bornes convenables ; & sans doute, c’est la raison pour laquelle S. Jean Chrysostôme fut accusé lui-même d’être origéniste, comme n’ayant point déclamé avec assez de véhémence contre Origenes.

L’Origénisme fut adopté principalement parmi les moines d’Egypte & de Nitrie, qui avoient tiré diverses opinions erronées ou singulieres, de la lecture d’un traité d’Origenes intitulé, des principes. On peut compter parmi ces opinions bisarres que le soleil, la lune, les étoiles & les eaux, qui sont au-dessus du firmament, ont des ames, & qu’à la résurrection tous les corps auront une forme ronde. Les livres d’Origenes furent condamnés, & la lecture en fut défendue dans le cinquieme concile général, qui est le deuxieme de Constantinople, tenu en 553. Divers auteurs se sont attachés depuis à justifier la doctrine d’Origenes, & d’autres à prouver la réalité de ses erreurs ; mais on ne peut disconvenir qu’il ne se soit égaré sur bien des chefs.