L’Encyclopédie/1re édition/NÉOGRAPHE

NÉOGRAPHE, adj. pris substantivement. On nomme ainsi celui qui affecte une maniere d’écrire nouvelle & contraire à l’orthographe reçue. L’orthographe ordinaire nous fait écrire françois, anglois, j’étois, ils aimeroient (voyez I.) ; M. de Voltaire écrit français, anglais, j’étais, ils aimeraient, en mettant ai pour oi dans ces exemples, & partout où l’oi est le signe d’un e ouvert. Nous employons des lettres majuscules à la tête de chaque phrase qui commence après un point, à la tête de chaque nom propre, &c. Voyez Initial. M. de Voltaire avoit supprimé toutes ces capitales dans la premiere édition de son siecle de Louis XIV. publié sous le nom de M. de Francheville. M. du Marsais a supprimé sans restriction toutes les lettres doubles qui ne se prononcent point, & qui ne sont point autorisées par l’étymologie, & il a écrit home, come, arêter, doner, anciène, condânez, &c. M. Duclos n’a pas même égard à celles que l’étymologie ou l’analogie semblent autoriser ; il supprime toutes les lettres muetes, & il écrit diférentes, lètres, admètent, èle, tèâtre, il ut (au subjonctif pour il eût) cète, indépendament, &c. il change ph en f, orthografe, filosofique, diftongue, &c. Ainsi M. de Voltaire, M. du Marsais, M. Duclos, sont des néographes modernes.