L’Encyclopédie/1re édition/MONDIFICATIF

◄  MONDER
MONDILLO  ►

MONDIFICATIF, (Thérapeutique.) synonyme de détersif. Voyez Détersif.

Mondificatif d’ache, (Pharmacie & Matiere médicale externe.) onguent. Prenez des feuilles récentes d’ache une livre, des feuilles de tabac, de grande joubarbe, de chacune demi-livre, des feuilles de morelle, d’absinthe, d’aigremoine, de bétoine, de grande chélidoine, de marrube, de millefeuille, de pimprenelle, de plantin, de brunelle, de pervanche, de somnite, de mouron, de petite centaurée, de chamarras, de véronique, de chacun deux onces ; de racine récente d’aristoloche, clematite, de souchet long, d’iris nostras, de grande scrophulaire, de chacun deux onces ; d’aloës, de myrrhe, de chacun une once ; d’huile d’olive quatre livres, de cire jaune douze onces, de suif demi-livre, de poix-résine & de térébenthine de chacun cinq onces. Faites fondre le suif dans l’huile, ensuite jettez dedans les racines & les herbes pilées ; cuisez en remuant souvent jusqu’à ce que l’humidité des plantes soit presque consommée ; passez & exprimez fortement. La liqueur passée & exprimée ayant déposé toutes ses feces, ajoutez-y la cire, la résine & la térébenthine ; passez une seconde fois, & la matiere étant à demi refroidie, ajoutez-y l’aloës & la myrthe mises en poudre.

Cet onguent est recommandé pour nettoyer & pour cicatriser les plaies & les ulceres. Il n’est pas d’un usage fort commun, & l’on peut avancer que sa composition est très-mal entendue, puisque la plus grande partie des plantes qui y sont employées ne fournissent à l’huile dans laquelle on les fait bouillir, que leur partie colorante verte, & que leurs principes vraiment médicamenteux ou ne se dissolvent pas dans l’huile, ou sont dissipés par l’ébullition : d’où il s’ensuit que même celles de ces plantes qui sont vraiment vulnéraires & détersives ne communiquent aucune vertu à cet onguent. L’onguent mondificatif réformé de Lemeri ne vaut pas mieux que celui dont nous venons de donner la description d’après la Pharmacopée de Paris. Le changement de Lemeri, qui consiste à employer l’ache en plus grande quantité est sur-tout, on ne peut pas plus, frivole ; car quoique ce soit cette plante qui donne le nom à l’onguent, elle est précisément du nombre de celles qui ne lui communiquent aucunes vertus. Au reste, il paroit qu’on s’est dirigé d’après cette réforme de Lemeri dans la dispensation de cet onguent, qui est du reste dans la pharmacopée de Paris, & que nous venons de rapporter ; car l’ache y entre en une proportion plus considérable encore que dans le mondificatif d’ache réformé de Lemeri ; mais cette observation sur les ingrediens inutilement, ou pour mieux dire puérilement employés dans cet onguent célebre, convient à presque tous les onguens, les emplâtres, & les huiles dans la composition desquels entrent des végétaux. Voyez Huile par infusion & Décoction sous le mot, Huile, Emplatre & Onguent. (b)