L’Encyclopédie/1re édition/MICA

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MICA, s. m. (Hist. nat. Minéral.) c’est le nom que quelques auteurs donnent à une pierre apyre, c’est-à-dire que l’action du feu ne peut ni fondre ni convertir en chaux, & qui doit être regardée comme un vrai talc. Voyez Talc.

Le mica est composé de feuillets ou de lames minces, faciles à écraser quoique flexibles jusqu’à un certain point. Le mica doré, mica aurea, est composé de petites lames de couleur d’or, ce qui fait qu’on le nomme aussi or de chat. Le mica argenté, mica argentea, argyrites, argyrolytus, est d’un blanc brillant comme l’argent, on le nomme aussi argent de chat. La plombagine ou crayon s’appelle mica pictoria, il est de la couleur du plomb. Il y a de plus des mica rougeâtres, verdâtres. On appelle mica écailleux celui qui est en feuillets recourbes comme des écailles, en latin mica squammosa Les différentes especes de mica se trouvent, ou par lames assez grandes unies les unes aux autres, ou bien il est en petites paillettes répandues dans différentes especes de pierres. Voyez Talc.

M. de Justi, chimiste allemand, prétend avoir obtenu du mica jaune une nouvelle substance métallique qui avoit quelque analogie avec l’or ; l’eau forte n’agissoit point sur ce mica, mais l’eau régale en dissolvoit une portion. Pour cet effet il fit calciner un mica qui se trouve en Autriche ; il en mêla un gros avec une demi-once d’argent en fusion, & l’y laissa pendant trois heures, après avoir couvert le mélange avec un verre composé de deux parties de verre de plomb, d’une partie de safran de Mars, d’une partie de safran de Vénus, crocus veneris, d’une partie de verre d’antimoine, & de trois parties de flux blanc. Ce verre est d’un usage excellent, suivant M. de Justi qui s’en est souvent servi avec succès. Après avoir fait le départ de l’argent, il tomba au fond une grande quantité d’une poudre, qu’il prit pour de l’or, mais qui fondue avec le borax & le nitre, lui donna une substance métallique d’un gris noirâtre ; elle n’étoit point ductile. M. de Justi joignit vingt-quatre livres, poids d’essai, d’or pur, & autant de la substance susdite, il fit fondre le tout, & obtint une masse de quarante-sept livres qui avoit parfaitement la couleur de l’or, & qui n’avoit rien perdu de sa ductilité ni à chaud ni à froid. Pour s’assurer de la nature de cette masse il la coupella avec vingt-quatre livres de plomb de Villach qui ne contient point d’argent, & il lui resta un bouton d’or qui pesoit vingt-cinq livres & demi d’essai, ce qui lui annonça une augmentation d’une livre & demie, d’où il conclut que la couleur du mica doré, sa fixité au feu, pourroient bien annoncer la présence d’une substance métallique analogue à l’or, mais à qui il manque quelque principe pour être un or parfait. Voyez l’ouvrage allemand de M. de Justi qui a pour titre, nouvelles vérités physiques, partie premiere. Il y a lieu de présumer que l’augmentation dont parle M. de Justi, est venue du cuivre ou du fer qui entroient dans la composition du verre dont il s’est servi comme d’un fondant.

Plusieurs minéralogistes donnent le nom de mica ferrea, ou de mica ferrugineux à une mine de fer arsénicale, composée de feuillets ou de lames, qui ressemble beaucoup au vrai mica dont nous avons parlé, mais qui en differe en ce que le mica ferrugineux écrasé donne une poudre rouge comme l’hématite ou sanguine, ce qui n’arrive point au mica talqueux. (—)