L’Encyclopédie/1re édition/MATRALES
MATRALES, s. f. plur. matralia, (Antiq. rom.) fêtes qu’on célébroit à Rome le 11 Juin en l’honneur de la déesse Matuta, que les Grecs nommoient Ino. Il n’y avoit que les dames romaines qui fussent admises aux cérémonies de la fête, & qui pussent entrer dans le temple ; aucune esclave n’y étoit admise, à l’exception d’une seule, qu’elles y faisoient entrer, & la renvoyoient ensuite après l’avoir légerement soufletée en mémoire de la jalousie que la déesse Ino, femme d’Athamas, roi de Thebes, avoit justement conçue pour une de ses esclaves que son mari aimoit passionnément. Les dames romaines observoient encore une autre coûtume fort singuliere ; elles ne faisoient des vœux à la déesse que pour les enfans de leurs freres ou sœurs, & jamais pour les leurs, dans la crainte qu’ils n’éprouvassent un sort semblable à celui des enfans d’Ino ; c’est pour cela qu’Ovide, liv. VI. de ses fastes, conseille aux femmes de ne point prier pour leurs enfans une déesse qui avoit été trop malheureuse dans les siens propres : elles offroient à cette déesse en sacrifice un gâteau de farine, de miel & d’huile cuits sous une cloche de terre. Le poëte appelle ces sacrifices flava liba, des libations rousses. Voyez Plutarque, quæst. rom. & le dict. des antiq. de Pitiscus. (D. J.)