L’Encyclopédie/1re édition/MATOIR

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MATOIR, s. m. outil d’Arquebusier ; c’est un petit ciseau de la longueur de deux pouces & gros à proportion, qui n’est pas fort aigu, qui sert aux Arquebusiers pour matir deux pieces de fer jointes ensemble. Cela se fait en posant la piece que l’on veut matir dans l’étau, & en frappant dessus avec le matoir & le marteau & mâchant un peu ; cela efface la raie des deux pieces jointes & soudées ensemble.

Matoirs, en terme de Bijoutier, sont des ciselets dont l’extrémité est taillée en petits points ronds & drus ; leur usage est pour amatir & rendre bruts les ornemens de reliefs qui se trouvent sur les ouvrages, & les détacher du champ qui est ou bruni ou poli, ou pour amatir & rendre bruts les champs qui entourent des ornemens brunis ou polis : cette variété détache agréablement, & forme un contraste qui releve l’éclat des parties polies, & séduit l’œil des amateurs.

Matoir, (Ciseleur.) petit outil avec lequel ceux qui travaillent de damasquinerie, ou d’ouvrages de rapport, amatissent l’or. C’est un ciselet dont l’extrémité inférieure qui porte sur l’ouvrage, est remplie de petits points faits par des tailles comme celles d’une lime douce. Voyez la fig. Pl. du Graveur : il y en a de différentes grandeurs.

Matoir, (Graveur.) sorte de ciselet, dont se servent les Graveurs en relief & en creux, est un morceau d’acier de 2 ou 3 pouces de long, dont un bout est arrondi & sert de tête pour recevoir les coups de marteau ; l’autre bout est grené. On donne cette façon à cet outil en le frappant sur une lime, les dents de la lime entrent dans le matoir, & y font autant de trous ; on le trempe ensuite, pour que les trous ne se rebouchent point. Voyez la fig. Pl. de la Gravure.

On se sert de cet outil pour frapper sur différentes parties des ouvrages de ciselure, qu’on ne veut pas qui soient lissées & polies : cet outil y répand un grain uniforme, qui sert à distinguer ces parties de celles qui sont polies & brunies.

Matoir, en terme d’Orfevre en grosserie, est un ciselet dont l’extrémité est matte, & fait sur l’ouvrage une sorte de petits grains, dont l’effet est de faire sortir le poli, & d’en relever l’éclat. Voyez Poliment, voyez les Pl.

Pour faire le matoir, on commence par lui donner la forme que l’ouvrage demande ; puis pour le rendre propre à matir, on s’y prend de trois façons differentes ; les deux premieres se font avant que de le tremper, avec un marteau dont la surface se taille en grain, & dont on frappe le bout du matoir ; de la seconde façon, l’on prend un morceau d’acier trempé, on le casse, & quand le grain s’en trouve bien, on s’en sert pour former la surface du matoir ; la troisieme, on trempe son morceau d’acier destiné à être matoir, & on le frappe sur un grais, & l’on obtient un matte plus rare & plus clair.