L’Encyclopédie/1re édition/MATINE

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MATINE, (Géog. anc.) Matinum, ville maritime des Salentins sur la mer Ionniene, dans le pays qu’on appelle aujourd’hui la terre d’Otrante. Lucain & Pline parlent des Matini, peuples de la Pouille. Horace distingue matinum littus, matina palus, matina cacumina ; mais tous ces noms paroissent corrompus, il faut lire Bantini, Bantinum, Bantina. (D. J.)

Matines, s. f. hora matutina, officium nocturnum, (Liturg.) c’est le nom que l’on donne vulgairement à la premiere partie de l’office ecclésiastique composé de trois nocturnes, & qu’on récite ou la veille des fêtes, ou à minuit, ou le matin.

Ceux qui ont traité des offices ecclésiastiques fondent la convenance ou la nécessité de cette priere de la nuit sur ces paroles du Psalmiste, mediâ nocte surgebam ad confitendum tibi : & de-là vient l’usage établi dans plusieurs cathédrales, chapitres & communautés religieuses de commencer les matines à minuit.

On trouve dans l’Histoire ecclésiastique divers monumens très-anciens qui attestent cette coutume de prier la nuit. Les constitutions attribuées aux Apôtres ordonnent aux fideles de prier au chant du coq, parce que le retour du jour rappelle les enfans de la lumiere au travail & à l’œuvre du salut. Cassien de cant. noct. nous apprend que les moines d’Egypte récitoient douze pseaumes pendant la nuit & y ajoutoient deux leçons tirées du nouveau Testament. Dans les monasteres des Gaules, selon le même auteur, on chantoit dix-huit pseaumes & neuf leçons, ce qui se pratique encore le dimanche dans le breviaire romain. Saint Epiphane, saint Basile, saint Jean-Chrysostome, & plusieurs autres Peres grecs font une mention expresse de l’office de la nuit.

En Occident, on n’a pas été moins exact sur cette partie de la priere publique qui fut, dit-on, introduite par saint Ambroise pendant la persécution que lui suscita l’impératrice Justine, arienne, & mere de Valentinien le jeune. Le quatrieme concile de Carthage veut qu’on prive des distributions les clercs qui manquent sans raison aux offices de la nuit. Saint Isidore, dans son livre des offices ecclésiastiques, appelle celui de la nuit vigiles & nocturnes, & celui du matin matines ou laudes.

On voit dans la regle de saint Benoît une grande conformité avec ce qui se pratique aujourd’hui dans toute l’Église. L’office de la nuit y commence par Deus, in adjutorium, &c. ensuite le pseaume venite, l’hymne, six pseaumes qui doivent être récités à deux chœurs, le verset & la bénédiction de l’abbé. Et suite trois leçons entre lesquelles on chante des répons, au dernier on ajoute gloria Patri. Ensuite six autres pseaumes & une leçon de l’apôtre par chœur. Le dimanche, on lisoit huit leçons, puis on ajoutoit aux douze pseaumes trois cantiques de l’ancien Testament, trois leçons du nouveau avec les versels & le te Deum. Ensuite l’abbé lisoit une leçon de l’Evangile, ce qui étoit suivi d’une hymne, après laquelle on chantoit matines, c’est-à-dire, ce que nous appellons aujourd’hui laudes. Voyez Laudes. Thomassin, discip. ecclésiastiq. part. I. liv. I. ch. xxxiv. & suiv.

Dans la plûpart des breviaires modernes, excepté dans le romain pour le dimanche, les matines sont composées du Deus, in adjutorium, d’un verset nommé invitatoire, du pseaume venite, d’une hymne. Ensuite suivent trois nocturnes composés de neuf pseaumes sous trois ou neuf antiennes selon la solemnité plus ou moins grande, trois ou neuf leçons precédées chacune d’une courte oraison dite bénédiction, & suivies chacune d’un répons. A la fin du troisieme nocturne, on dit dans les grandes fêtes & les dimanches, excepté l’avent & le carême, le cantioue te Deum que suit un verset nommé sacerdotal, après quoi l’on chante laudes. Voyez Laudes, Répons, Verset, Leçon, &c.