L’Encyclopédie/1re édition/LEÇON

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LEÇON, s. f. (Gram. Mor.) c’est l’action d’instruire. Les maîtres de la jeunesse en s’écartant trop de la maniere dont la nature nous instruit, donnent des leçons qui fatiguent l’entendement & la mémoire sans les enrichir & sans les perfectionner.

Les leçons, la plupart ne sont qu’un assemblage de mots & de raisonnemens, & les mots sur quelque matiere que ce soit, ne nous rendent qu’imparfaitement les idées des choses. L’écriture hiérogliphique des anciens egyptiens étoit beaucoup plus propre à enrichir promptement l’esprit de connoissances réelles, que nos signes de convention. Il faudroit traiter l’homme comme un être organisé & sensible ; & se souvenir que c’est par ses organes qu’il reçoit ses idées, & que le sentiment seul les fixe dans sa mémoire. En Métaphysique, Morale, Politique, principes des Arts, &c. il faut que le fait ou l’exemple suive la leçon, si vous voulez rendre la leçon utile. On formeroit mieux la raison en faisant observer la liaison naturelle des choses & des idées, qu’en donnant l’habitude de faire des argumens ; il faut mêler l’Histoire naturelle & civile, la Fable, les emblemes, les allégories, à ce qu’il peut y avoir d’abstrait dans les leçons qu’on donne à la jeunesse ; on pourroit imaginer d’exécuter une suite de tableaux, dont l’ensemble instruiroit des devoirs des citoyens, &c.

Quand les abstractions deviennent nécessaires, & que le maître n’a pu parler aux sens & à l’imagination pour insinuer & pour graver un précepte important, il devroit le lier dans l’esprit de son éleve à un sentiment de peine ou de plaisir, & le fixer ainsi dans sa mémoire ; enfin dans toutes les instruction, il faudroit avoir plus d’égard qu’on n’en a eu jusqu’à présent au méchanisme de l’homme.

Leçon, (Théol.) dans la Bible, les peres & les auteurs ecclésiastiques sont les termes différens dans lesquels le texte d’un même auteur est rendu dans différens manuscrits anciens ; différences qui viennent pour l’ordinaire de l’altération que le tems y a apportée, ou de l’ignorance des copistes. V. Texte.

Les versions de l’Ecriture portent souvent des leçons différentes du texte hébreu ; & les divers manuscrits de ces versions présentent souvent des leçons différentes entre elles.

La grande affaire des critiques & des éditeurs est de déterminer laquelle de plusieurs leçons est la meilleure ; ce qui se fait en confrontant les différentes leçons de plusieurs manuscrits ou imprimés, & choisissant pour bonne, celle dont les expressions font un sens plus conforme à ce qu’il paroît que l’auteur avoit intention de dire, ou qui se rencontre dans les manuscrits, ou les imprimés les plus corrects.

Leçons, en terme de breviaire, ce sont des fragmens soit de l’Ecriture, soit des PP. qu’on lit à matines. Il y a des matines à neuf leçons, à trois leçons.

On dit aussi leçons de Théologie, comme leçon d’arabe, de grec, &c.

Leçon, (Maréchallerie.) se dit également du cavalier & du cheval, qu’on instruit dans les maneges. Le cavalier donne leçon au cheval en lui apprenant ses airs de manege, & le maître en parlant à l’académiste à cheval, sur la situation de son corps, & sur la façon de conduire son cheval. En donnant leçon à un cheval, il faut le prendre toujours plutôt par les caresses & la douceur, que par la rigueur & le châtiment.