L’Encyclopédie/1re édition/LYCAONIE

LYCAONIE, Lycaonia, (Géog. anc.) province de l’Asie mineure, entre la Pamphilie, la Cappadoce, la Pisidie, & la Phrygie, selon Cellarius. La Lycaonie voisine du Taurus, quoiqu’en partie située sur cette montagne, fut réputée par les Romains appartenir à l’Asie au-dedans du Taurus ; Asiæ intra Taurum. Strabon prétend que l’Isaurique faisoit une partie de la Lycaonie : la notice de l’empereur Léon le Sage, & celle d’Hiéroclès, ne s’accordent pas ensemble sur le nombre des villes épiscopales de cette province, qui eut cependant l’avantage d’avoir S. Paul & S. Barnabé pour apôtres, comme on le lit dans les actes, ch. xiv. v. 16.

Nous ignorons quel a été dans les premiers tems l’état & le gouvernement de la Lycaonie ; nous savons seulement que le grand roi, c’est-à-dire le roi de Perse, en étoit le souverain, lorsqu’Alexandre porta ses armes en Asie, & en fit la conquête. Sous les successeurs d’Alexandre, ce pays souffrit diverses révolutions, jusqu’à ce que les Romains s’en rendirent maîtres. Dans la division de l’empire, la Lycaonie fit partie de l’empire d’orient, & se trouva sous la domination des empereurs grecs.

Depuis ce tems-là, ce pays fut possédé par divers souverains grands & petits, & usurpé par plusieurs princes ou tyrans, qui le ravagerent tour-à-tour. Sa situation l’exposa aux incursions des Arabes, Sarrasins, Persans, Tartares, qui l’ont désolé, jusqu’à ce qu’il soit tombé entre les mains des Turcs, qui le possedent depuis plus de trois cens ans.

La Lycaonie, qu’on nomme à présent grande Caramanie, ou pays de Cogny, est située à-peu-près entre le 38 & le 40 degré de latitude septentrionale, & entre le 50 & le 52 degré de longitude. Les villes principales de la Lycaonie, sont Iconium, aujourd’hui Cogni, Thébase, située dans le mont Taurus, Hyde située sur les confins de la Galatie & de Cappadoce, &c.

Quant à la langue lycaonienne, dont il est parlé dans les actes des Apôtres, XIV. 10. en ces mots : ils eleverent la voix parlant lycaonien, nous n’en avons aucune connoissance. Le sentiment le plus raisonnable, & le mieux appuyé sur cette langue, est celui de Grotius, qui croit que la langue des Lycaoniens étoit la même que celle des Cappadociens, ou du moins en étoit une sorte de dialecte.