L’Encyclopédie/1re édition/LAVER

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LAVER, v. act. (Gram.) ce verbe désigne l’action de nettoyer avec un fluide ; mais il a d’autres acceptions, dont nous allons donner quelques-unes.

Laver, en terme de Boyaudier, c’est démêler les boyaux sortant de la boucherie les uns d’avec les autres : quand on sait la maniere dont les bouchers arrachent ces boyaux du ventre de l’animal, cette opération n’a rien de difficile.

Laver, (Draperie.) voyez l’article Manufacture en Laine.

Laver, en terme d’Epinglier, c’est ôter dans une seconde eau le reste de la gravelle qui s’étoit attachée aux épingles dans le blanchissage. Le baquet est suspendu à deux crochets, & l’ouvrier le remue comme on feroit un crible à froment. Voyez les Planches de l’Epinglier.

Laver les Formes dans l’Imprimerie : on est obligé de laver les formes ; pour cet effet, on les porte au baquet, on verse dessus une quantité de lessive capable de les y cacher, on les y brosse dans toute leur étendue ; après quoi, on les rince à l’eau nette : cette fonction essentielle se doit faire avant de mettre les formes sous la presse, quand le tirage en est fini & tous les soirs en quittant l’ouvrage. Voyez Lessive, Baquet.

Laver au Plat, (à la Monnoie.) c’est séparer par plusieurs lotions les parties les plus fortes de métal qui se trouve au fond des plateaux, que l’on apperçoit facilement à l’œil, & qui peuvent se retirer à la main sans y employer d’autre industrie.

Laver, (Peinture.) c’est passer avec un pinceau de l’encre de la Chine délayée dans de l’eau, ou une autre couleur délayée dans de l’eau gommée, sur des objets dessinés au crayon, ou à la plume sur du papier ou sur du vélin. Lorsqu’on lave à l’encre de la Chine, ou avec une couleur seulement, la blancheur du papier ou vélin fait les lumieres ou rehauts, & les ombres perdent insensiblement de leur force en approchant des lumieres suivant qu’on met plus ou moins d’eau dans l’encre, ou couleur qu’on y emploie. Et lorsqu’on lave sur du papier coloré, l’on rehausse avec du blanc pareillement délayé dans de l’eau gommée. L’on lave quelquefois aussi les desseins ou plans, de coloris, c’est-à-dire, en donnant à chaque objet la couleur qui lui convient, autant que cette façon de peindre peut se comporter, & alors on peut se servir généralement de toutes les couleurs dont usent les Peintres, en observant néanmoins qu’elles doivent être délayées dans de l’eau gommée, presque aussi liquides que l’eau même. Les fossés remplis d’eau se lavent d’un bleu clair, les briques & les toiles d’une couleur rougeâtre, les murailles d’un gris un peu jaune, les chemins d’un gris roussâtre, les arbres & les gazons de verd, &c.

L’on dit laver à l’encre de la Chine, desseins, plans, laver de brun, de rouge, de bistre, &c.

Laver, en terme de Plumassier, c’est rinser les plumes dans de l’eau nette après les avoir savonnées.