L’Encyclopédie/1re édition/LAURE

LAURE, s. f. (Hist. ecclésiast.) nom qu’on a donné aux résidences des anciens moines.

Ce nom vient originairement du grec λαύρα, place, rue, village, hameau.

Les auteurs ne conviennent point de la différence qu’il y a entre laure & monastere. Quelques-uns prétendent que laure signifioit un vaste édifice qui pouvoit contenir jusqu’à mille moines & plus. Mais il paroit par toute l’antiquité ecclésiastique, que les anciens monasteres de la Thébaïde n’étoient pas de cette étendue. L’opinion la plus probable est que les anciens monasteres étoient comme ceux d’aujourd’hui composés de grands bâtimens divisés en salles, chapelles, cloîtres, dortoirs, & cellules pour chaque moine ; au lieu que les laures étoient des especes de villages ou hameaux, dont chaque maison étoit occupée par un ou deux moines au plus. De sorte que les couvents des chartreux d’aujourd’hui paroissent représenter les laures ; au lieu que les maisons des autres moines répondent aux monasteres proprement dits.

Les différens quartiers d’Alexandrie furent d’abord appellés laures ; mais depuis l’institution de la vie monastique, le terme laure ne se disoit que des couvents d’Egypte & de l’Orient, dans lesquels chaque moine avoit sa maison à part avec un accinct, & qui n’étoient point clos comme les monasteres. Les moines ne s’y assembloient en public qu’une fois la semaine ; & ce qu’on avoit d’abord appellé laure dans les villes, fut ensuite nommé paroisse. Voyez Paroisse. (G)