L’Encyclopédie/1re édition/LARMOIEMENT

◄  LARMIER
LARNUM  ►

LARMOIEMENT, s. m. (Séméiotique.) le larmoiement est un effet assez ordinaire & un signe presqu’assûré de l’impulsion plus forte du sang vers la tête ; les enfans, dans qui les humeurs ont particulierement cette tendance, ont les yeux toujours baignés de larmes, & ils fondent en pleurs à la moindre occasion. Le larmoiement, dans les maladies aiguës, est presque toujours un mauvais signe, il présage le délire ou l’hémorragie du nez ; mais, pour être signe, il faut qu’il ne dépende d’aucun vice local dans les yeux, & qu’il ne puisse être attribué à aucune cause évidente, μὴ κατὰ προαίρεσιν ; alors, dit Hippocrate, il est ἀτοπότερον, c’est-à-dire qu’il marque une grande aliénation d’esprit ; car les larmes qui sont excitées par quelque affection de l’ame, n’indiquent rien d’absurde, ουδενατοπον. Aphor. 52. lib. IV. Et en outre pour que le larmoiement soit un signe fâcheux, il faut qu’il paroisse dans un tems à critique ; car, lorsqu’on l’observe pendant les jours destinés aux efforts critiques, il est l’avant-coureur & le signe d’une hémorragie du nez prochaine, qui sera salutaire & indicatoire, sur-tout si les autres signes conspirent.

Lorsque le larmoiement se rencontre au commencement d’une fievre aiguë avec des nausées, vomissement, mal de tête, douleurs dans les reins, &c. sur-tout dans des enfans, c’est un signe assez certain que la rougeole va paroître. Ce symptome ne s’observe que très-rarement, quand l’éruption varioleuse se prépare. On ignore quelle est la liaison entre ces deux effets, & par quel méchanisme l’un précede aussi ordinairement l’autre ; & ce n’est pas le seul cas en Médecine, où la conjecture ne puisse pas même avoir lieu. (m)