L’Encyclopédie/1re édition/KETMIA

◄  KETIR
KETULE  ►

KETMIA, s. f. (Bot.) genre de plante dont la fleur monopétale ressemble à celle de la mauve ; son fruit est oblong, divisé en plusieurs loges, dans chacune desquelles sont contenues des semences de figure sphéroïde. Le sommet du fruit s’ouvre quand il est mûr, & montre ses graines.

M. de Tournefort compte trente & une especes de ketmia, & il ne les a pas épuisées. On en cultive plus d’une vingtaine en Angleterre dans les jardins des curieux, parce qu’il y a plusieurs ketmia qui s’élevent en buisson à la hauteur de sept ou huit piés, & que la plûpart des especes produisent de très belles fleurs.

On les multiplie de graine qu’on seme au printems dans une terre légere préparée ; l’année suivante on les transplante dans des couches d’une pareille terre, à la distance d’un pié en quarré ; on les laisse croître ainsi pendant deux ans, en les arrosant dans les grandes chaleurs, & en les garantissant des mauvaises herbes ; ensuite on les transporte avec précaution dans des lieux à demeure, ou dans une pépiniere, en observant de les mettre à trois piés d’éloignement.

Il y a quelques especes de ketmia d’une grande délicatesse, & qui demandent des soins attentifs & la chaleur des serres. Il y en a dont les fleurs ont cette singularité de changer de couleur en différens tems du jour, d’être blanches le matin, rouges à midi, & pourpre le soir ; telle est l’espece à double fleur qu’on nomme aux Indes occidentales, rose de la Martinique, & beaucoup mieux en anglois, double china rose ; les Botanistes l’appellent ketmia sincusis, fructu subrotundo, flore pleno. Il y en a dont les fleurs ne vivent qu’un jour, mais qui sont succédées par de nouvelles fleurs jusqu’aux gelées. Il y en a qu’on estime par l’odeur agréable de leurs graines ; il y en qui sont annuelles & qui forment une jolie variété avec d’autres plantes de cette nature dans des plattes bandes de parterres ; mais Miller vous instruira de toutes ces particularités, que les bornes de cet ouvrage ne permettent pas même de parcourir.

On appelle aujourd’hui la ketmia, gombaut, dans nos isles françoises ; Voyez ce mot : mais il faut conserver précieusement la dénomination de ketmia que les Botanistes ont consacrée de tout tems à ce genre de plante. (D. J.)