L’Encyclopédie/1re édition/JOURNÉE

Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 898).
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* JOURNÉE, sub. f. (Gram.) c’est la durée du jour, considérée par rapport à la maniere agréable ou pénible dont on la remplit. On dit un beau jour & une belle journée ; mais un jour est beau en lui-même, & une journée est belle par la jouissance qu’on en a. Cette journée fut sanglante. La journée sera longue ; il s’agit alors du chemin que l’on a à faire.

* Journée de la saint Barthelemy, (Hist. mod.) c’est cette journée à jamais exécrable, dont le crime inoui dans le reste des annales du monde, tramé, médité, préparé pendant deux années entieres, se consomma dans la capitale de ce royaume, dans la plupart de nos grandes villes, dans le palais même de nos rois, le 24 Août 1572, par le massacre de plusieurs milliers d’hommes.... Je n’ai pas la force d’en dire davantage. Lorsqu’Agamemnon vit entrer sa fille dans la forêt où elle devoit être immolée, il se couvrit le visage du pan de sa robe..... Un homme a osé de nos jours entreprendre l’apologie de cette journée. Lecteur, devine quel fut l’état de cet homme de sang ; & si son ouvrage te tombe jamais sous la main, dis à Dieu avec moi : ô Dieu, garantis-moi d’habiter avec ses pareils sous un même toit.

Journée, (Comm.) on appelle gens de journée les ouvriers qui se louent pour travailler le long du jour, c’est-à-dire depuis cinq heures du matin jusqu’à sept heures du soir.

Travailler à la journée se dit parmi les ouvriers & artisans, par opposition à travailler à la tâche & à la piece. Le premier signifie travailler pour un certain prix & à certaines conditions de nourriture ou autrement, depuis le matin jusqu’au soir, sans obligation de rendre l’ouvrage parfait ; le second s’entend du marché que l’on fait de finir un ouvrage pour un certain prix, quelque tems qu’il faille employer pour l’achever.

Les statuts de la plupart des communautés des Arts & Métiers mettent aussi de la différence entre travailler à la journée, & travailler à l’année. Les compagnons qui travaillent à l’année ne pouvant quitter leurs maîtres sans leur permission, que leur tems ne soit achevé, & les compagnons qui sont simplement à la journée, pouvant se retirer à la fin de chaque jour.

Quant à ceux qui sont à la tâche, il leur est défendu de quitter sans congé que l’ouvrage entrepris ne soit livré. Dict. de Comm.