L’Encyclopédie/1re édition/JOÛTE

Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 898-899).
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JOÛTE, s. f. (Hist. de la Cheval.) joûte étoit proprement le combat à la lance de seul à seul ; on a ensuite étendu la signification de ce mot à d’autres combats, par l’abus qu’en ont fait nos anciens écrivains qui, en confondant les termes, ont souvent mis de la confusion dans nos idées.

Nous devons par conséquent distinguer les joûtes des tournois ; le tournois se faisoit entre plusieurs chevaliers qui combattoient en troupe, & la joûte étoit un combat singulier, d’homme à homme. Quoique les joûtes se fissent ordinairement dans les tournois après les combats de tous les champions, il y en avoit cependant qui se faisoient seules, indépendamment d’aucun tournois ; on les nommoit joûtes à tous venans, grandes & plénieres. Celui qui paroissoit pour la premiere fois aux joûtes, remettoit son heaume ou casque au héraut, à moins qu’il ne l’eût déja donné dans le tournois.

Comme les dames étoient l’ame des joûtes, il étoit juste qu’elles fussent célébrées dans ces combats singuliers d’une maniere particuliere ; aussi les chevaliers ne terminoient aucune joûte de la lance, sans faire à leur honneur une derniere joûte, qu’ils nommoient la lance des dames, & cet hommage se répétoit en combattant pour elles à l’épée, à la hache d’armes & à la dague.

Les joûtes passerent en France des Espagnols, qui prirent des Maures cet exercice, & l’appellerent juego de canas, le jeu de cannes, parce que dans le commencement de sa premiere institution dans leur pays, ils lançoient en tournoyant, des cannes les uns contre les autres, & se couvroient de leurs boucliers pour en parer le coup. C’est encore cet amusement que les Turcs appellent lancer le gerid ; mais il n’a aucun rapport avec les jeux troyens de la jeunesse romaine. Voyez Troyens (Jeux).

Le mot de joûte vient peut-être de juxta à cause que les joûteurs se joignoient de près pour se battre. D’autres le dérivent de justa, qui est le nom qu’on a donné, dit-on, dans la basse latinité à cet exercice ; on peut voir le Glossaire de Ducange au mot justa, car ces sortes d’étymologies ne nous intéressent guere, il nous faut des faits. (D. J.)

Joûte, (Maréchal.) combat à cheval avec la lance ou l’épée.