L’Encyclopédie/1re édition/IVETTE

◄  IVELINE
JUGA  ►

IVETTE, s. f. chamæpitys, (Bot.) genre de plante à fleur monopétale, qui n’a qu’une levre divisée en trois parties ; celle du milieu a des dents qui occupent la place d’une levre supérieure. Il sort du fond de la fleur un pistil entouré de quatre embryons, ils deviennent dans la suite autant de semences oblongues & renfermées dans une capsule, qui a servi de capsule à la fleur. Ajoûtez à ces caracteres, que les fleurs de l’ivette ne sont pas rassemblées en épi, mais dispersées dans les aisselles des feuilles. Tournefort, inst. rei herb. voyez Plante.

Nous nous contenterons de parler ici seulement de l’ivette ordinaire, chamæpitis. lutea vulgaris ; & de la musquée, chamæpitis moschata, vû leur usage médicinal.

La racine de l’ivette ordinaire est mince, fibrée, blanche. Ses tiges sont velues, couchées sur terre, disposées en rond, & longues d’environ neuf pouces. Ses feuilles partent des nœuds des tiges deux à deux, découpées en trois parties pointues, cotonneuses, & d’un jaune verd. Ses fleurs sortent des aisselles des feuilles disposées par anneaux, mais peu nombreuses & clair-semées. Elles sont d’une seule piece, jaunes, n’ayant qu’une levre inférieure partagée en trois parties, dont la moyenne est échancrée ; la place de la levre supérieure est occupée par quelques dentelures, & par quelques étamines d’un pourpre clair. Le calice est un cornet velu, fendu en cinq pointes ; il renferme quatre graines triangulaires, brunes, qui naissent de la base du pistil.

Cette plante vient volontiers dans les terroirs en friche & crayeux ; elle fleurit en Juin & Juillet, & est toute d’usage. Son suc a l’odeur de la résine qui découle du pin & du méleze ; il rougit le papier bleu. Toute la plante paroît contenir un sel essentiel, tartareux, un peu alumineux, mêlé avec beaucoup d’huile & de terre.

L’ivette musquée trace comme la précédente, à laquelle elle ressemble assez par ses feuilles & ses tiges, qui sont grêles, mais plus fermes que celles de l’ivette commune. Sa fleur est la même, mais de couleur de pourpre. Son calice renferme aussi quatre graines noires, ridées, longuettes, un peu recourbées comme un vermisseau. Toute la plante est fort velue, d’une saveur amere, d’une odeur forte de résine, desagréable, qui approche quelquefois du musc dans les pays chauds, & sur-tout pendant les grandes chaleurs, suivant l’observation de M. Garidel.

L’ivette musquée est fort commune dans nos provinces méridionales ; elle a les mêmes principes que l’ivette ordinaire, mais en plus grande abondance ; cependant on les substitue l’une à l’autre. Les medecins leur donnent des vertus diurétiques, emménagogues, propres à rétablir le cours des esprits dans les nerfs & dans les vaisseaux capillaires. (D. J.)

Ivette, (Pharmacie & Mat. médic.) les vertus médicinales de l’ivette sont très-analogues à celles de la germandrée ; la premiere cependant est un peu plus riche en parties volatiles : on employe fort communément ces deux plantes ensemble, ou l’une pour l’autre.

L’ivette est d’ailleurs particulierement célébrée pour les maladies de la tête & des nerfs ; on prend Intérieurement ses feuilles & ses fleurs en infusion ou en décoction légere, à la dose d’une pincée sur chaque grande tasse de liqueur.

Quelques auteurs en recommandent la décoction dans du lait de vache pour les ulceres de la vessie ; d’autres la vantent dans l’asthme convulsif, & d’autres enfin dans le pissement de sang ; mais toutes ces vertus particulieres sont fort peu évidentes.

Les feuilles d’ivette entrent dans l’eau générale, la thériaque, la poudre arthritique amere ; ses sommités dans l’huile de renard, & ses feuilles & sa racine dans l’emplatre diabotanum de la pharmacopée de Paris.

Au reste on employe indifféremment deux sortes d’ivette, sçavoir l’ivette musquée, & l’ivette ordinaire. (b)