L’Encyclopédie/1re édition/INTEMPÉRANCE

Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 806).

INTEMPÉRANCE, s. f. (Morale.) terme générique qui se prend pour tout excès opposé à la modération dans les appétits sensuels, & spécialement pour le vice contraire à la sobriété. Voyez Sobriété.

C’est assez de dire ici que l’intempérance prise en ce sens, change en poison les alimens destinés à conserver nos jours. Une vie sobre, réglée, simple & laborieuse, retient seule dans les membres de l’homme la force de la jeunesse qui, sans cette conduite, est toujours prête à s’envoler sur les aîles du tems. L’art de faire subsister ensemble l’intempérance & la santé, est un art aussi chimérique que la pierre philosophale, l’Astrologie judiciaire & tant d’autres. Enfin les remedes de la Medecine pour la guérison des maladies qui naissent de l’intempérance, ne sont eux mêmes que de nouveaux maux, qui affoiblissent la nature, comme plusieurs batailles gagnées ruinent une puissance belligérante.

L’appétit desordonné des plaisirs de l’amour, autre source de langueur & de dépopulation dans les états, s’appelle impudicité, incontinence. Voyez Incontinence. (D. J.)

Intempérance, (Medecine.) ce mot est employé quelquefois par les Medecins comme par les Moralistes, pour exprimer l’habitude d’user avec excès d’une ou de plusieurs des choses non naturelles. Voyez Non naturelles (Choses) Mais il est pris beaucoup plus communément par les uns comme par les autres dans un sens moins général : il signifie selon son acception la plus ordinaire, un excès habituel dans l’usage du boire & du manger.

Cette erreur de régime est directement opposée à la tempérance ou à la sobriété. Voyez Tempérance, Sobriété.

L’intempérance est regardée avec raison par les Medecins comme la source la plus féconde des maladies de toute espece ; cependant Hippocrate & Sanctorius, qui sont parmi les medecins anciens & modernes, ceux qui nous ont donné les observations & les loix diététiques les plus exactes, ne desapprouvent point, prescrivent même que les personnes qui jouissent d’une bonne santé se livrent de tems-en-tems à quelque excès de débauche ; ils prétendent qu’on détermine utilement par ce secours des évacuations qui ramenent le corps à un état d’équilibre, de légéreté, de liberté qu’il perd peu-à-peu, lorsqu’on mene une vie trop uniforme ; mais outre que cette loi ne paroît pas fondée sur des observations suffisantes ; des excès rares ne constituent pas l’intempérance. Voyez Régime. (b)