L’Encyclopédie/1re édition/HEPAR ANTIMONII

Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 132-133).

HEPAR ANTIMONII, ou FOIE D’ANTIMOINE, (Chymie & Métallurgie). On prend parties égales d’alkali fixe bien séché & d’antimoine crud ; on les réduit en poudre, & on les mêle exactement. On porte ce mélange peu-à-peu dans un creuset rougi & placé entre les charbons ; on pousse le feu pour faire que le mélange entre parfaitement en fusion, alors on le vuide dans un mortier de fer que l’on aura bien chauffé.

Par ce moyen on obtient un véritable hepar sulphuris, qui a mis en dissolution la partie réguline de l’antimoine ; ce mélange est d’une couleur rougeâtre, ce qui lui a fait donner le nom d’hepar ou de foie. Voyez Hepar Sulphuris. Cette matiere attire fortement l’humidité de l’air ; elle est soluble dans l’eau, & en versant dessus de l’esprit-de-vin pendant qu’elle est encore chaude, on obtient ce qu’on appelle la teinture d’antimoine tartarisée. Si on fait dissoudre l’hepar antimonii dans de l’eau, & qu’on filtre la dissolution toute chaude, en se refroidissant elle se troublera, & il se précipitera une poudre que l’on appelle soufre grossier d’antimoine ; si on filtre la liqueur & qu’on y verse du vinaigre distillé, il se fait un précipité que l’on appelle soufre doré d’antimoine.

On appelle aussi foie d’antimoine, ou faux foie d’antimoine de Rulandus, l’antimoine crud détonné avec du nitre. Pour le faire, on prend parties égales d’antimoine crud & de nitre bien pulvérisés ; on les mêle exactement, on met ce mélange dans un mortier bien sec, on y introduit un charbon ardent, & l’on couvre le mortier avec une tuile ou une plaque de fer : il se fait une détonation violente. Ce qui reste au fond du mortier s’appelle faux foie d’antimoine. Cet hepar ou faux foie differe du premier qui a été décrit, en ce qu’il ne se résout point en liqueur à l’humidité de l’air. Voyez Antimoine.

Hepar ou Foie d’arsenic, c’est l’arsenic combiné avec du soufre. Voyez l’article Orpiment.