L’Encyclopédie/1re édition/HELIOTROPE

Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 104).
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HELIOTROPE, s. m. (Hist. nat. Botan.) Les Botanistes comptent au-moins dix especes d’héliotrope ; décrivons ici celle que Tournefort appelle héliotropium majus Discoridis, qui est la plus commune.

Sa racine est simple, menue, ligneuse, dure ; sa tige est haute de neuf pouces & plus, remplie d’une moëlle fongueuse, cylindrique, branchue, un peu velue, & d’un verd blanchâtre en-dehors. Ses feuilles sont placées à l’origine des rameaux, & sur ces mêmes rameaux : elles sont cotonneuses, ovalaires, semblables à celles du basilic, mais plus blanches & plus rudes, du reste de la même couleur que la tige.

Ses fleurs naissent au sommet des rameaux, sur de petites tiges, lesquelles sont recourbées comme la queue des scorpions ; elles sont rangées symmétriquement, petites, blanches, d’une seule piece en entonnoir ; leur centre est ridé en maniere d’étoile, & elles sont découpées à leur bord, en dix parties alternativement inégales.

Le calice est couvert de duvet ; il en sort un pistil attaché à la partie postérieure de la fleur en maniere de clou, & comme accompagné de quatre embryons qui se changent en autant de graines, anguleuses d’un côté, convexes de l’autre, courtes, & cendrées.

Cette plante est cultivée, parce qu’elle est toute d’usage. Elle contient un sel tartareux, de saveur salée, accompagné de sel alkali volatil, qu’elle donne dès le premier feu de la distillation. Elle est résolutive, apéritive, & détersive : elle passe pour réprimer les petites excroissances de chair, & faire tomber les verrues pendantes.

L’héliotrope que les Botanistes appellent ricinoïdes, ou tricoccum, est connu des François sous le nom de tournesol. Voyez Tournesol. (D. J.)

Heliotrope, (hist. nat. Lithologie.) pierre précieuse, demi-transparente, dont la couleur est verte, remplie de taches rouges ou de veines de la même couleur ; ce qui fait que quelques auteurs la nomment jaspe oriental ; mais la transparence de l’héliotrope fait qu’on ne doit pas la regarder comme un jaspe qui est une pierre opaque. M. Hill prétend que l’héliotrope differe du jaspe, en ce que la couleur de la premiere est d’un verd mêlé de bleu, au lieu que celle du jaspe est d’un verd plus décidé. Peut-être l’héliotrope est-elle la même chose que ce qu’on nomme prime d’émeraude. L’héliotrope se trouvoit, suivant Pline, dans les Indes, en Ethiopie, en Afrique, & dans l’isle de Chypre ; il y en a aussi en Allemagne & en Bohème. Boece de Boot dit qu’il y en a de si grandes, qu’on en a fait quelquefois des pierres à couvrir les tombeaux. Les anciens ont attribué un grand nombre de vertus fabuleuses à cette pierre ; ceux qui seront curieux de les savoir, les trouveront dans Pline. hist. nat. livre XXXVII. chap. xx. (—)