L’Encyclopédie/1re édition/GOBELET

GOBLETTES  ►

* GOBELET, s. m. (Economie domestiq.) vaisseau de verre ou de quelque substance métallique, qui est plus haut que large, ordinairement rond & sans anses, soit qu’il soit de verre ou de métal, & sans pié quand il est de verre, d’une capacité à pouvoir être embrassé commodément par la main, & dont on se sert pour prendre les liqueurs qui nous servent de boisson, soit en santé soit en maladie. Comme les liqueurs dont on remplit le vaisseau, sur-tout quand il est d’argent, sont quelquefois si chaudes qu’on auroit de la peine à tenir le gobelet, on le revêt quelquefois d’un bois mince & leger creusé autour, de la forme même du gobelet : cette enveloppe s’échauffe difficilement, & par sa nature & par l’interruption ; car il est d’expérience que la chaleur se répand avec moins de force & de facilité dans un corps fait de plusieurs pieces, que s’il étoit d’une seule, dans le cas même où les pieces différentes seroient toutes le la même matiere. Cette idée que nous jettons ici, peut avoir son application dans un grand nombre d’autres cas plus importans, soit pour la construction de certaines machines, telles que les fourneaux (voyez l’article Fourneau), soit pour l’explication de plusieurs phénomenes.

Tours de Gobelets, (Art d’escamotage.) On appelle ainsi des especes de tours de gibeciere, qui consistent en une douzaine de passes qu’on exécute avec des balles & des gobelets faits exprès. M. Ozanam s’est amusé dans ses récréations mathématiques, à expliquer toutes ces sortes de jeux de main.

Les gobelets dont on se sert ordinairement pour les exécuter, sont de fer-blanc ; il est bon qu’ils ayent deux pouces & sept lignes de hauteur, deux pouces & demi de largeur par l’ouverture, & un pouce deux lignes par le fond. Le fond doit être en forme de calotte renversée, & avoir trois lignes & demie de profondeur : il y aura deux cordons, l’un fixé dans le bas, pour rendre les gobelets plus forts, & l’autre à trois lignes du bas, pour empêcher que les gobelets ne tiennent ensemble quand on les met l’un dans l’autre. Au reste, les dimensions ici proposées pour le gobelet ne sont pas absolument nécessaires ; il suffit d’observer que ceux dont on joue ne soient pas trop grands ; que le fond n’en soit pas trop petit, & qu’ils ne tiennent pas fermement l’un dans l’autre.

On fait les balles à escamoter de liége ; & on leur donne la grosseur d’une noisette ; ensuite on les brûle à la chandelle ; & quand elles sont rouges, on les tourne dans les mains, pour les rendre bien rondes.

Personne n’ignore que la principale difficulté du jeu des gobelets ne consiste que dans l’escamotage, & que ce petit art demande de l’exercice joint à quelque méthode : il faut, par exemple, pour bien escamoter, prendre la balle avec le milieu du pouce & le bout du premier doigt, & la faire rouler avec le pouce entre le second & le troisieme doigt, où l’on tient la balle en serrant les deux doigts & en ouvrant la main ; tenir les doigts les plus étendus que l’on peut, afin de faire paroître qu’on n’a rien dans les mains. Lorsqu’on veut mettre sous un gobelet la balle que l’on a escamotée, on la fait sortir d’entre les deux premiers doigts, en la poussant avec le second doigt dans le troisieme ; on leve le gobelet en l’air, & en le rabaissant vîte, on met la balle dedans.

Le joüeur de gobelets doit se placer derriere la table pour joüer, & ceux qui regardent doivent être devant du côté des balles que le joüeur tient dans sa gibeciere. Voyez Gibeciere. (D. J.)