L’Encyclopédie/1re édition/FOURBISSURE

FOURBISSURE, s. f. (Art. méch.) la fourbissure en latin furvus, ou furvor, selon M. Huet, de l’anglois to furbish, fourbir ; selon Kinner, de l’allemand farb, couleur, & farben, mettre en couleur ; & selon Ignez, de furben, qui dans la langue des francs signifie nettoyer, polir, est en effet non-seulement l’art de polir & rendre luisant toute espece d’armes, telles que les lances, dagues, haches, masses, épieux, pertuisannes, hallebardes, couteaux, poignards, épées, &c. & quantité d’autres armes blanches offensives & défensives, mais encore celui de les fabriquer, vendre & débiter.

L’art de fourbir, selon plusieurs auteurs, paroît fort ancien ; quoi qu’on ne puisse déterminer exactement le tems de son origine, on pourroit vraissemblablement la faire remonter à la nécessité que les hommes avoient de se défendre d’abord contre la férocité des animaux, & ensuite contre leurs semblables ; l’intérêt & l’ambition des nations n’en ont été que trop sans doute le principal motif ; les historiens sacrés & profanes parlent beaucoup des armes des héros de l’antiquité la plus reculée, & s’accordent assez sur leur beauté & leur poli, preuve que l’on s’appliquoit beaucoup à leur perfection.

Anciennement on appelloit indifféremment fourbisseurs tous ceux qui travailloient aux armes qui ne formoient alors qu’une profession ; mais depuis l’invention des nouvelles armes, en quantité, & de différente espece, cet art prit plusieurs branches ; on le divise maintenant en quatre parties, la premiere est la fourbissure, qui consiste dans la fabrique des armes blanches offensives & défensives, comme épées, sabres, hallebardes, lances, &c. la deuxieme est l’armurerie, qui consiste dans la fabrique des armures, especes d’armes blanches défensives, comme casques, cuirasses, boucliers & autres ; la troisieme est l’arquebuserie, qui consiste dans la fabrique de toute sorte d’arquebuses espece d’armes à feu inventées depuis ces derniers siecles, tels que les fusils, pistolets, mousquets & autres ; la quatrieme enfin est l’art de faire des canons d’arquebuse, & l’autre dans la fonte des gros canons, mortiers, bombes, & autre grosse artillerie.

On divise la fourbissure en deux parties : l’une est la connoissance des différens métaux, & l’art de les travailler ; l’autre est la maniere d’en fabriquer toutes sortes d’ouvrages propres à cet art.

Des métaux. Les métaux que l’on emploie le plus communément dans la fourbissure sont l’acier, le fer, le cuivre, l’argent & l’or, l’acier quelquefois seul, & quelquefois mêlé avec le fer qu’on appelle alors étoffe, s’emploie le plus communément aux lames, les autres métaux, comme plus rares & moins propres aux lames, sont réservés pour les gardes, soit en partie, soit par incrustement, selon leur rareté, quelquefois enrichis de brillans & autres pierres précieuses.

Les lames faites pour trancher, couper, piquer ou percer, sont de deux sortes : les unes sont élastiques, & les autres non élastiques ; les unes servent ordinairement aux épées, sabres, fleurets, &c. les autres aux couteaux, lances, piques, hallebardes & autres ; leur bonté en général dépend non-seulement de la qualité du fer & de l’acier que l’on emploie pour les composer, mais encore de la maniere de les mélanger, selon les différentes especes de lames que l’on veut faire ; ce mélange est d’autant plus nécessaires pour les rendre bonnes, que premierement le fer étant mou & pliant, n’auroit pas seul assez de roideur pour donner aux unes de l’élasticité, & en même tems de la fermeté, & aux autres une fléxibilité jointe à une force capable de résister aux efforts auxquels elles sont sujettes ; deuxiemement, que l’acier étant dur & cassant, seroit seul trop roide & trop sujet à casser pour les unes & pour les autres ; c’est pourquoi ces deux métaux joints ensemble, procurent en même tems, & comme de concert, la perfection convenable aux lames.

Ce mélange se fait de deux manieres, la premiere en mêlant indifféremment l’un & l’autre ensemble, moitié par moitié ce qu’on appelle étoffe, ce qui se fait en les corroyant tous deux ensemble, à différentes reprises ; cette dose doit cependant varier selon la qualité des métaux, & la roideur que l’on veut donner aux lames, car un acier trop fier & trop roide a besoin d’un peu plus de fer pour l’amolir, lui donner du ressort, & l’empêcher de casser ; un fer mou & filandreux, a besoin d’un peu plus d’acier pour lui donner du corps ; la deuxieme se fait ainsi, on commence d’abord par forger la lame en fer, voyez la fig. 1. & lui donner à-peu-près la forme qu’elle doit avoir ; étant faite, on fend ensuite le fer sur son champ, en formant sur la longueur une entaille ou fente AA capable de contenir environ le tiers ou la moitié de la largeur d’une lame d’acier A A, fig. 2. en forme de couteau que l’on y insinue à froid, lorsque le fer est chaud, comme le représente la fig. 3. je dis à froid, parce que la masse d’acier étant plus petite que celle du fer, & recevant aussi par la nature plus promptement la chaleur, il est nécessaire que l’un soit froid & l’autre chaud, sans quoi l’acier se brûleroit, lorsque le fer ne seroit pas encore assez chaud pour souder ; il faut observer d’ailleurs en les faisant chauffer tous deux à la forge, de les y disposer de maniere qu’ils ne prennent pas plus de chaleur l’un que l’autre, surtout l’acier qui auroit alors beaucoup plus de difficulté que le fer à reprendre fermeté ; on corroie ensuite le tout ensemble d’un bout à l’autre, & de cette maniere le taillant de cette lame se trouve en acier, & le dos en fer qui lui donne tout le corps & la fermeté qu’elle exige.

Des ouvrages. Les ouvrages de fourbissure étoient déja fort en usage chez les anciens, la nécessité qu’ils ayoient de se préserver des irruptions de leurs ennemis, les rendit nécessairement industrieux dans l’art de fabriquer les armes. Josephe assure qu’avant Moïse toutes les armes étoient de bois ou d’airain, & qu’il sut le premier qui arma ses troupes de fer ; les Egyptiens, selon le sentiment unanime des anciens auteurs, furent en cet art, comme dans la plûpart des autres, les plus ingénieux, & ceux qui donnent aux armes les formes les plus avantageuses ; ensuite vinrent les Grecs qui enchérirent sur ces inventions, & après eux les Romains : l’histoire nous en fournit quantité d’exemples, leur description & leur usage ; on en peut voir plusieurs au naturel dans quelques cabinets de curiosité de différens particuliers ; nous les distinguerons pour plus de clarté en anciennes & modernes.

Des armes anciennes. Les armes anciennes se divisent premierement en masses ferrées ou non ferrées, à pointe & sans pointe ; deuxiemement en lames à un & deux tranchans, aigus & non aigus, dont les unes sont élastiques, & les autres non élastiques, les unes sont les massues & masses de différentes especes, les autres sont les haches, les piques & demi-piques, les lances, les javelots & javelines, les fleches, les dagues & poignards, les épées & bâtons, braquemarts, espadons & les cimeterres, coutelas ou sabres, & quantité d’autres, dont la connoissance n’est pas parvenue jusqu’à nous, soit par l’usage qui s’en est perdu, soit par le désavantage que l’on trouvoit à s’en servir.

Les premieres & celles qui ont semblé aux anciens les plus propres & les plus avantageuses pour attaquer ou pour se defendre, sont les massues (fig. 4.) ; en effet cette forme qui paroît la plus simple & la plus naturelle n’étoit autre chose qu’une piece de bois grosse & lourde par un bout A d’abord simple, & ensuite armée de pointe dont on se servoit dans les combats en la tenant par son extrémité B ; on en peut voir de semblables dans les allégories qui représentent la force.

Les masses étoient des armes offensives à grosse tête, dont on se servoit aussi autrefois dans les combats, il en est de deux sortes, les unes simples, & les autres composées ; les premieres, fig. 5. sont composées de grosses têtes de fer A, à angles aigus, montées sur un manche de bois B, par lequel on les tient ; les autres sont de plusieurs formes ; la premiere, fig. 6. est composée d’une espece de boule de bois ou de fer A, percée d’un trou, suspendue par une corde B, à l’extrémité du bâton C, par lequel on la tient ; la seconde, fig. 7. est aussi composée d’une boule de bois ou de fer A, armée de pointe, portant d’un côté B un anneau suspendu à une chaine de fer C, double ou simple, arrêtée à une autre anneau D, placé à l’extrémité supérieure d’un bâton E garnis par en bas d’une poignée F, par où on la tient.

Les haches d’armes ont été fort long-tems en usage chez les anciens. Les premiers rois des Romains en faisoient porter devant eux à l’exemple de quelques nations voisines, comme le symbole de leur puissance & les instrumens des peines imposées aux coupables ; elles étoient composées par un bout (fig. 8 & 9.) d’un fer large & tranchant en hache d’un côté AA, d’une pointe B ou marteau C ; par l’autre, d’une autre pointe D ou bouton E au milieu monté sur un manche de bois F, quelquefois simple & quelquefois garni d’une poignée G.

Les bâtons ferrés (fig. 10.) étoient d’ordinaire les armes des anciens cavaliers, & n’étoient autre chose que des bâtons A garnis par chaque bout BB d’une pointe de fer.

Les piques (fig. 11. Pl. II.) étoient des armes offensives que portoient les anciens fantassins : c’étoit des armes d’hast (c’est ainsi qu’on appelloit les armes qui avoient un long manche de bois, espece de bâton A d’environ douze à quinze piés de long, armé par le haut d’une lame de fer B à deux tranchans & pointue), quelquefois simples & quelquefois garnis d’un gland brodé en or, en argent ou en soie, comme celui marqué B de la fig. 12, & par le bas C simples ou garnis d’une virole en pointe.

Les demi-piques (fig. 12.) ne différoient des précédentes que par leur longueur, qui étoit d’environ huit à dix piés. Les officiers s’en servent encore maintenant à la guerre, ainsi que pour porter les étendards & les drapeaux.

Les lances (fig. 13.) étoient fort en usage autrefois, sur-tout dans les combats singuliers ; ces armes étoient de même longueur que les demi-piques, mais le fer A tranchant de chaque côté en étoit en forme de dard.

Les javelines (fig. 14.) étoient des especes de demi-piques dont on se servoit autrefois tant a pié qu’à cheval, composées par en-haut d’un fer triangulaire & pointu, monté sur un long manche ou bâton B d’environ cinq à six piés de longueur, quelquefois ferré par l’autre bout C.

Les javelots (fig. 15.) étoient des especes de javelines beaucoup plus courtes & un peu plus grosses, qu’on lançoit à la main sur les ennemis, composées, comme les précédentes, d’un fer triangulaire & pointu A monte sur un manche de bois ou bâton B.

Les fleches étoient de deux sortes : les unes (fig. 16.) que l’on appelloit quarres ou quarreaux, parce que leur fer en étoit quarré, étoient composées d’un fer A quarré & très-pointu, monté à l’extrémité supérieure d’une verge ou baguette B, à l’autre extrémité de laquelle étoient des pennons ou plumes croisées C ; les autres (fig. 17.) que l’on appelloit viretou, parce qu’elles viroient ou tournoient en l’air après les avoir décochées, étoient composées d’un fer A quarré & cannelé à angle aigu, monté comme les précédentes, sur une verge ou baguette B, dont l’autre extrémité portoit des pennons C, souvent de cuivre, aussi croisés, dont la disposition faisoit tourner la fleche. Les unes & les autres étoient lancées par le secours d’un arc (fig. 18.) : c’étoit en effet une espece d’arc de bois très-élastique, composé d’une poignée A, par laquelle on le tenoit de la main gauche, à chacune des extrémités BB, duquel étoit arrêtée celle d’une corde C que l’on tiroit de la main droite pour bander l’arc lorsque l’on vouloit décocher des fleches.

Les dagues (fig. 19.) étoient des especes de poignards gros & courts, dont on se servoit autrefois dans les combats singuliers. Les anciens portoient cette arme à la main, à la ceinture & dans la poche ; elles étoient composées d’un fer A gros & court, triangulaire & cannelé, monté sur un manche de bois ou d’yvoire B garni quelquefois d’or ou d’argent, & quelquefois aussi de pierres précieuses.

Les poignards que les anciens employoient comme les dagues, étoient de différente sorte ; les uns (fig. 20.) étoient composés d’un fer A méplat & pointu à un tranchant, monté sur un manche de bois ou d’ivoire B diversement orné comme ceux des dagues ; les autres (fig. 21.) étoient composés d’un fer A à deux tranchans ronds, quarrés, triangulaires, & cannelés, menus & déliés, montés, comme les autres, sur un manche de bois ou d’ivoire B enrichi d’ornemens.

Les épées en bâton ou épées fourrées (fig. 22.) étoient des especes d’épées très-fortes & pesantes, dont on se servoit à deux mains comme des espadons ; elles étoient composées d’une grosse & forte lame A à deux tranchans & pointue, montée sur un long & fort manche de bois B.

Les braquemarts (fig. 23.) étoient aussi des especes d’épées grosses & courtes, dont on se servoit souvent d’une main, composées d’une grosse & forte lame A à deux tranchans, montée sur un manche de bois ou d’ivoire B simple ou enrichi.

Les espadons (fig. 24 & 25.) étoient de grandes & longues épées, dont on se servoit à deux mains & en tout sens, ce qu’on appelloit espadonner : Plusieurs auteurs rapportent qu’il y en avoit de si fortes, qu’elles fendoient un homme en deux. Telle fut celle de l’empereur Conrad au siege de Damas ; telle aussi celle de Godefroy de Bouillon, mentionnée dans l’histoire des croisades ; elles étoient composées d’un fer A d’environ cinq à six piés de longueur, à deux tranchans larges & pointus, garnies d’une poignée de bois ou d’y voire B séparée d’une garde C, pour préserver le poignet ou la main des coups des adversaires.

Les cimeterres (fig. 26.) sont des especes de sabres lourds & pesans, dont se servent encore maintenant les Turcs & presque tous les peuples d’Orient, composés d’un fer A fort & large, tranchant d’un seul côté, & recourbé par une de ses extrémités, garni par l’autre d’une poignée de bois ou d’ivoire B simple ou ornée, séparée par une tête de serpent C faisant garde.

Les coutelas ou sabres (fig. 27.) sont des especes de cimeterres gros & lourds, dont on se sert aussi chez les Orientaux, d’un fer A large & épais, tranchant d’un côté & courbé par l’une de ses extrémités, garni par l’autre d’une poignée de bois ou d’ivoire B séparé par une coquille C ; ces deux dernieres especes d’armes sont quelquefois enrichies d’or, d’argent & de pierres précieuses en entier ou par incrustement.

Des armes modernes. Les armes modernes sont de deux sortes : les unes élastiques, & les autres non élastiques : celles-ci sont les pertuisanes & hallebardes, les épieux, espontons & les bayonnettes ; les autres sont les sabres, les couteaux-de-chasse & les épées.

Les pertuisanes (fig. 28. Pl. III.) dont l’usage est déja fort ancien, sont des armes d’hast dont se servent encore les gardes qui approchent le plus de la personne du roi : ce sont des especes de hallebardes composées d’un fer A très-large, long, pointu & tranchant des deux côtés, élargi vers son extrémité inférieure B en forme de hache à pointe de chaque côté, montée sur un hast ou bâton C d’environ six piés de long, orné par en-haut de cloux, rubans & glands D en soie, or ou argent, & garni par en-bas E d’une douille de cuivre ou de fer à pointe ou à bouton.

Les hallebardes (fig. 29.) faites à-peu-près comme les pertuisanes, sont aussi des armes d’hast plus foibles & plus petites que les précédentes, que portent les Suisses, sergens & autres ; elles sont composées d’un fer A pointu & tranchant de chaque côté, élargi vers son extrémité inférieure en forme de hache B d’un côté & à pointe ou dard de l’autre C garnie d’une forte douëlle D montée sur un fust ou bâton E orné ou non de cloux, rubans & autres choses semblables en soie, or ou argent, & garni par en-bas F d’une douëlle à pointe ou à bouton.

Les épieux (fig. 30.) sont des armes d’hast, principalement d’usage pour la chasse du sanglier, mais dont on ne se sert presque plus ; maintenant ces armes sont composées d’un fer large, pointu & à tranchant A garni d’une douille B montée sur une hampe ou bâton C d’environ quatre à cinq piés de long, ferré par l’autre bout D.

Les spontons ou espontons (fig. 31.) espece de demi-piques dont on se sert sur les vaisseaux, principalement à l’abordage, ainsi que les officiers d’infanterie, quelquefois les mousquetaires & autres de la maison du roi. Cette espece d’arme est composée d’un fer A pointu & à deux tranchans, garni d’une douille B montée sur une hampe ou bâton C serré par l’autre bout D.

Les bayonnettes (fig. 32.) sont des especes de dagues ou petites épées d’environ dix-huit pouces de longueur, que les dragons & fusiliers placent au bout de leur fusil, lorsqu’ils ont consommé leur poudre & leur plomb ; on s’en sert aussi à la chasse du sanglier & autres animaux qui ne craignent point le feu ; mais alors on les fait plus larges & plus fortes ; elles sont composées d’une lame A à deux tranchans & pointue, renforcée & échancrée en B, portant une douille C percée à jour & fendue, se fixant à l’extrémité d’un fusil D, sans l’empêcher de tirer ni de charger.

Les sabres modernes sont des armes que portent les houssards & la plûpart des cavaliers armés à la legere ; ce sont des especes d’épées courbes, fig. 35. & 34. ou droites, fig. 35. à un seul tranchant, composées d’un fer ou lame A de différente sorte, & d’une garde composée d’une poignée B, pommeau C, d’une coquille ou garde-main D, & quelquefois d’une branche E.

Les couteaux-de-chasse, fig. 36. 37. 38. 39. & 40. sont des especes d’épées grosses & courtes à un seul tranchant, dont on se sert assez ordinairement à la chasse qui lui en a fait donner le nom. Il en est de plusieurs sortes plus courts les uns que les autres ; les uns dont les lames sont courbes, & les autres dont les lames sont droites. Ils sont tous composés de lame A d’environ 31 à 32 pouces de longueur à 2 tranchans & pointue, & d’une garde composée de poignée B, pommeau C, coquille D, & branche à vis E ou double F. D’autres, fig. 43. que portent les officiers ne différent de ces derniers que par la forme des gardes dont la branche E est simple ; d’autres enfin portés par toute sorte de particuliers, ne different de celui-ci que par la longueur de la lame qui est depuis environ 18 pouces, portée des enfans, jusqu’à 30 & 32 pouces.

Les fleurets, (fig. 45. & 46.) sont des especes d’épées servant aux exercices de l’escrime, composées de lames A méplates par un bout de bouton B couvert de plusieurs peaux les unes sur les autres, pour empêcher de blesser son adversaire lorsque l’on s’en sert, & par l’autre d’une espece de garde composée de poignée C de bois couverte ordinairement de ficelle, d’un pommeau de fer D & coquille pleine ou évuidée E.

Développemens d’une garde d’épée. Les pieces qui composent une garde d’épée ordinaire sont, la poignée & sa virole, le pommeau, la branche, & la coquille.

La poignée d’épée, (fig. 47.) appellée ainsi parce qu’on la tient à poignée, est de forme ordinairement méplate ou ovale, pour empêcher que l’épée qui y est arrêtée ne tourne dans la main. Elle est composée intérieurement d’un moule de bois de même forme, percé d’un trou quarré pour passer la soie AA d’une lame d’épée, fig. 32. Ce moule est couvert d’une lame A de cuivre d’or ou d’argent, d’un fil simple ou double B de cuivre d’or ou d’argent. Quelquefois à côté d’un autre fil plus fin, tournant alternativement autour du moule & arrêtés ensemble à chaque bout CD par une virole en forme de chaîne entrelacée de même métal ; ces sortes de poignée se font quelquefois massives en cuivre, en argent ou en or, ciselées, damasquinées, enrichies aussi de brillans & autres pierres précieuses.

La fig. 48. en représente la virole ornée de moulure, faite pour servir de base à l’extrèmité inférieure C de la poignée, fig. 47.

Le pommeau (fig. 49.) fait pour être placé à l’extrèmité supérieure D de la poignée, (fig. 47.) est une espece de petite pomme A d’où il tire son nom, de cuivre, d’or ou d’argent, simple, ornée, évuidée, damasquinée, garnie de sa gorge B, base C & petit bouton D ; le tout d’une seule piece, percé au milieu d’un trou quarré pour passer la soie AA d’une lame d’épée, fig. 52.

La branche (fig. 50.) faite pour servir de garde à la main ou au poignet, est composée d’une tige A en forme de balustre percée au milieu d’un trou quarré pour le passage de la soie AA d’une lame d’épée, (fig. 52.) sur laquelle est arrêtée une branche double BB en forme de croissant, plus une seconde branche double CD aussi arrêtée, dont l’une C se termine en bouton, & l’autre D formant une demi-ellipse, est garnie au milieu d’une amande E, & se termine en crochet par l’autre bout F ; le tout d’une seule piece en cuivre, or ou argent, simple, ornée, évuidée ou damasquinée.

La coquille (fig. 51.) faite pour préserver le poignet des coups des adversaires, est en effet en forme de coquille percée au milieu d’un trou méplat pour le passage de la soie A d’une lame d’épée, (fig. 52.) en cuivre, or ou argent, simple, ornée, évuidée ou damasquinée, comme le pommeau & la branche.

La fig. 52. représente la soie d’une lame d’épée, cette soie AA traversant la coquille (fig. 51.), la tige A de la branche (fig. 50.), la virole (fig. 48.), la poignée (fig. 47.) & ensuite le pommeau (fig. 49.) va se river au bout de son bouton D, & de cette maniere maintient la garde dans une parfaite fermeté, telle qu’on peut le voir en petit dans les figures précédentes.

Chacunes de ces lames d’épées, de couteaux-de-chasse, de sabres & autres, sont renfermées dans un fourneau de même forme fait pour les conserver.

Ces fourreaux (fig. 53. & 54.) sont les étuis qui doivent contenir les lames d’épées, de couteaux-de-chasse, de sabres, &c. & qui par conséquent doivent avoir la même forme ; aussi leurs lames servent-elles de mandrins pour les faire : on les fait en bois de hêtre qui nous vient en feuilles des environs de Villers-coterets & de quelques autres endroits, couverts d’abord en toile & ensuite en peau, en chagrin, en roussette, en requin ou autre chose semblable, noirs, jaunes, blancs, verds & autres couleurs, bien collés, garnis par le bout A, côte de la garde de l’épée, d’une petite virole A (fig. 55.) de même métal, portant un crochet B ou petit bouton pour l’arrêter dans la boutonniere d’un ceinturon, & par l’autre B (fig. 53. & 54.) d’un bout (fig. 56.) aussi de même métal, espece de virole pointue qui environne son extrémité pour la rendre plus ferme contre la pointe.

Des lames. Les fourbisseur ; de Paris ne forgent point les lames qu’ils montent, ils les font venir des provinces d’Allemagne, de Franche-Comté, de S. Etienne-en-Forez, & autres endroits. Les premieres sont sans contredit les meilleures & les plus estimées ; celles de Franche-Comté sont moindres, & celles de S. Etienne, dont on se sert dans les troupes, sont les moins estimées de toutes. Il en est de deux especes ; les unes sont à deux tranchans & servent aux épées, les autres sont à un seul tranchant & servent aux sabres, couteaux-de-chasse, coutelas, &c. Les premieres sont les plus légeres & portent environ depuis 30 jusqu’à 34 pouces de lame & environ six à sept pouces de longueur de soie. On les divise encore en deux sortes ; les unes plates & les autres triangulaires ou à trois quarres. Les fig. 57. 58. 59. 60. 61. 62. 63. & 64. représentent des lames plates avec chacune leur coupe à côté ; la premiere à quatre quarres avec tranchans simples AA ; la seconde à quatre quarres avec tranchans cannelés AA ; la troisieme applatie en A avec tranchans simples BB ; la quatrieme applatie en A avec tranchans cannelés BB ; la cinquieme creusée à angle aigu en A avec tranchans simples BB ; la sixieme creusée en cannelure en A, avec tranchans cannelés BB ; la septieme creusée à angle aigu en A, applattie en BB, avec tranchant simple CC ; la huitieme creusée en cannelure ronde ou plate en A, arrondie ou applatie de chaque côté BB, avec tranchans cannelés CC.

Les fig. 65, 66, 67 & 68 représentent des lames triangulaires, ou à trois quarres, avec chacune leur coupe à côté ; les deux premieres avec renfort au collet AA, dont l’une est à trois quarres simples, & l’autre à trois quarres, cannelée ; les deux autres sans renfort, dont l’une est à trois quarres, cannelée & creusée en cannelure ronde en A, l’autre aussi a trois quarres, cannelée & creusée au milieu en angle aigu.

Les lames de sabre, coutelas, couteaux de chasse, &c. sont les plus pesantes, & portent environ depuis douze à quinze pouces de longueur de lame, jusqu’à trente à trente-deux pouces, la soie étant à-peu-près de même longueur que celle des épées, les unes sont droites & les autres coudées.

La fig. 69 représente l’élévation, & la fig. 70 la coupe d’une lame de sabre droite & simple, dont le tranchant AA est un peu évidé de chaque côté pour la faire mieux couper.

La fig. 71 représente l’élévation, & la fig. 72 la coupe d’une lame de sabre courbe & cannelée en AA, &c.

La fig. 73 représente l’élévation, & la fig. 74 la coupe d’une lame de sabre très-courbe, dont le profil est en forme de balustre AA, &c. & cannelée sur le dos BB, &c.

La fig. 75 représente l’élévation, & la fig. 76 la coupe d’une lame de sabre ou coutelas simple & cannelé sur le dos AA, en usage chez les Orientaux, dont le côté B s’élargit à mesure qu’il approche de la pointe.

La fig. 77 représente l’élévation, & la fig. 78 la coupe d’une lame de sabre ou cimeterre triangulaire ou à trois quarres, & cannelée en AA, aussi en usage chez les Orientaux, dont le bout B s’élargit à mesure qu’il approche de la pointe.

La fig. 79 représente l’élévation, & la fig. 80 la coupe d’une lame de couteau de chasse droite & simple, dont le taillant AA est un peu évidé.

La fig. 81 représente l’élévation, & la fig. 82 la coupe d’une lame de couteau de chasse courbe à un seul tranchant en AB, & à deux tranchans en BC.

La fig. 83 représente l’élévation, & la fig. 84 la coupe d’une lame de petit couteau de chasse ou coutelas simple à un seul tranchant AA.

La fig. 85 représente l’élévation, & la fig. 86 la coupe d’une lame de petit couteau de chasse courbe en forme de balustre, & cannelé sur le dos AA, &c.

La fig. 87 représente l’élévation, & la fig. 88 la coupe d’une lame de petit couteau en forme de poignard, droit, quarré & cannelé.

La fig. 89 représente l’élévation, & la fig. 90 la coupe d’une lame de petit couteau en forme de poignard droit triangulaire ou à trois quarres, avec tranchant cannelé AA, & creusé en cannelure sur le dos B.

Le haut de la Pl. V I I. représente un attelier de fourbissure garni d’ouvriers, avec une machine à fourbir les lames, mue par le courant d’une petite riviere ou ruisseau près de là. Cette machine fort simple est composée d’une quantité de meules de pierre AA, &c. & de bois BB, &c. les unes pour éguiser les lames, & les autres pour les fourbir ou polir, mues par le secours de plusieurs poulies ou petites roues CC, dont le mouvement commun vient de la grande roue de charpente D, mue à son tour par une seconde roue E, placée dehors, garnie d’aubes que le courant de la riviere fait mouvoir : ce courant est quelquefois arrêté par une vanne F, levée par une bascule G.

Le bas de cette planche fait voir les développemens en grand de cette machine. La fig. prem. représente la grande roue de charpente, composée d’un moyeu A, monté sur un arbre à tourillons B, commun avec celui de la roue motrice, garnie de rayons CC, portant le grand cercle D D, &c. de la roue cannelée en deux endroits E & F dans son pourtour en forme de poulie, autour de laquelle sont deux cordes GG, faisant mouvoir de chaque côté une petite roue de même façon, aussi à noix creusée en deux endroits dans son pourtour HH, percée au milieu d’un trou quarré. I, pour y placer un arbre à tourillon, servant à faire tourner des meules d’un grand diametre, garnie à son tour d’une corde gg, faisant mouvoir une petite poulie K percée d’un trou quarré au milieu L, dans lequel s’ajustent les arbres des petites meules.

La fig. 2 représente un arbre à tourillon, qui s’ajuste dans le centre de la petite roue de la fig. précédente ; c’est une piece de fer quarrée A, garnie de viroles ou embases BC, dont l’une est à demeure, & l’autre serrée contre la roue par une clavette chassée à force dans le trou D de la piece de tourillons EE, à l’extrémité de l’un desquels est une douille quarrée F, espece de canon dans lequel s’ajuste l’extrémité G d’un arbre de meule, arrêtés ensemble par une broche ou clavette.

Les fig. 3 & 4 représentent des meules de pierre propres à éguiser les lames ; elles ont depuis environ quatre piés, jusqu’à cinq piés de diametre, & cinq à six pouces d’épaisseur, percées au milieu d’un trou pour pouvoir les monter sur les arbres.

La fig. 5 représente une meule de bois propre à polir ou fourbir les lames, portant depuis environ dix-huit pouces, jusqu’à deux piés & demi de diametre, trois & quatre pouces d’épaisseur au collet, & environ un pouce sur les bords, percée aussi d’un trou au milieu pour les monter.

Des outils. Les tasseaux ou tas (fig. 1. Pl. VIII), sont des especes de petites enclumes portatives, propres à forger, acérées par leur tête A, montées sur un petit billot de bois B.

Les bigornes (fig. 2) sont aussi des especes de petites enclumes servant aussi à forger, composées d’une tige A, d’une bigorne quarrée B, d’une bigorne ronde C, garnie d’embase D, montée sur un billot de bois E.

Les étaux (fig. 3.), espece de presse faite pour serrer & tenir fermes les ouvrages que l’on veut travailler, sont composés de deux tiges A & B, portant chacune un mord denté & acéré C, & un œil de la premiere A, portant un pié E, garni de chaque côté de jumelles F, rivées & soudées sur la tige ; & l’autre B, renvoyée par un ressort G, porte par en-bas un trou formant charniere dans les jumelles F, par le secours d’un boulon à vis à écroux : au travers des yeux DD des tiges, passe une boîte H, garnie intérieurement de filet brasé, servant d’écrous à une vis à tête ronde I, taraudée & mue par une manivelle K formant levier ; cet étau est garni d’une bride double L, & d’une simple M, qui s’arrête sur l’établi, arrêtées ensemble de clavettes N, pour le démonter & remonter au besoin.

Les marteaux (fig. 4.) faits pour frapper sur les ouvrages ou sur les outils, sont composés de tête acérée A, de panne aussi acérée B, & d’un manche C.

Les petits marteaux (fig. 5.) employés aux mêmes usages que les précédens, mais plus foibles, sont composés de tête acérée A, de panne aussi acérée B, & d’un manche C.

Les marteaux à deux têtes (fig. 6.), propres aux ouvrages de sujétion, sont composés de deux têtes acérées AA, & d’un manche B.

Les marteaux à ciseler (fig. 7.) uniquement propres à cette sorte d’ouvrage, sont composés de tête ronde acérée A, de panne ronde ou méplate, aussi acérée B, & d’un manche C.

Les maillets sont des especes de marteaux de bois de deux sortes, les uns à panne, & les autres à deux têtes ; les premiers (fig. 8.) sont composés d’une tête A, d’une panne B, & d’un manche C ; les autres (fig. 9.) sont composés de deux têtes AA, & d’un manche B.

Les ciseaux faits pour couper le fer, sont de trois sortes ; la premiere (fig. 10. & 11.), qu’on appelle burin, l’un gros & l’autre petit, sont des ciseaux applatis & acerés par leur taillant AA, & quarrés par leur tête BB ; la deuxieme (fig. 12 & 13.), qu’on appelle bec d’âne, faite pour bédâner, l’un à un seul biseau, l’autre à deux biseaux, sont des ciseaux larges du derriere sur une face, & étroits sur l’autre, acéres par leur taillant AA, & quarrés par leur tête BB ; la troisieme (fig. 14 & 25), qu’on appelle langue de carpe ou gouge, sont des especes de burins, dont le taillant AA arrondi plus ou moins selon le besoin, est acéré & quarré par la tête BB.

Les poinçons (fig. 16 & 17.) faits pour percer des trous sont de plusieurs especes, les uns ronds, d’autres méplats, d’autres quarrés, d’autres enfin de différente forme, selon les trous que l’on veut percer, acérés en AA, & quarrés par leur tête BB.

Les matoirs (fig. 18, 19 & 20.) faits pour mettre les ouvrages, mot d’où ils tirent leur nom, sont quarrés, arrondis, méplats, & de différente forme, selon le besoin, acérés en AAA, & quarrés par leur tête BBB.

Les ciselets (fig. 21, 22, 23, 24 & 25.) sont des especes de petits matoirs de quantité de sortes, selon l’exigence des cas, employés aux mêmes usages que les précédens, acérés en AA, &c. & quarrés par leur tête BB, &c.

Les chasse-poignée, chasse-pommeau ou chasse-boule (fig. 26, 27 & 28.) faits en effet pour chasser les pommeaux ou boules des gardes, sont des petites plaques de bois échancrées de chaque côté en quarré AA (fig. 26.) en rond (fig. 27.) ou à angle aigu AA (fig. 28.)

Les grattoirs (fig. 29.) faits pour gratter les ouvrages, sont des tiges à crochets & acérées par un bout A, & à pointe, emmanchées par l’autre B.

Les pointes (fig. 30 & 31.) faites pour tracer & dessiner sur les ouvrages, sont droites ou coudées, mais acérées par chaque bout AA, &c.

Les villebrequins (fig. 32.) faits pour contribuer avec les équarrissoirs A, à agrandir ou équarrir les trous, sont composés d’un fust garni d’une douille quarrée B, faite pour recevoir la tête de l’équarrissoir A coudé en C & en D, garni d’un manche à touret E, & d’un autre à virole F, par laquelle on le fait tourner.

Les équarrissoirs faits par le secours du villebrequin, figure précédente, pour agrandir & équarrir les trous, sont de plusieurs sortes ; les uns (figure 33.) sont quarrés ; les autres (fig. 34.) sont exagones ; d’autres (fig. 35.) sont octogones, & plus doux à tourner à proportion de la quantité des angles dont ils sont composés, mais aussi moins expéditifs les uns & les autres ; en acier sont composés d’une tige pointue A, & d’une tête quarrée B, faite pour entrer dans la douille du villebrequin.

Les équarrissoirs à main (fig. 36, 37 & 38.) ne different des précédens que parce qu’ils sont un peu moins aigus & qu’ils sont emmanchés en B.

Les mandrins sont de plusieurs sortes ; les uns (fig. 39.) appellés mandrins debout, servent à mandriner ce qu’on appelle bouts d’épée, que l’on place au bout des fourreaux ; c’est une piece de fer ovale à pointe arrondie par un bout A, & à tête par l’autre B ; les autres appellés mandrins de crochet, servent à mandriner la virole qui tient le crochet, que l’on place ordinairement à l’extrémité du fourreau, il en est de deux sortes, la premiere (fig. 40.) est large & de forme ovale en A, & quarrée du côté de la tête B ; la deuxieme (fig. 41.) est à trois quarres & à trois faces, dont une est plus large que les autres en A, & quarrée du côté de la tête B ; d’autres encore appellés mandrins de garde de poignée ou de pommeau (fig. 42.) servent à mandriner les trous des coquilles, poignées & pommeaux pour les équarrir ; c’est aussi une piece de fer de même forme que la soie des lames, quarrée en A, & quelquefois à crochet du côté de la tête B.

Les limes faites pour limer les ouvrages sont en acier & de plusieurs especes ; les unes (fig. 43.) appellées quarrelets, sont méplates en A, emmanchées en B ; les autres (fig. 44.) appellées demi-rondes, sont en effet arrondies d’un côté en A, emmanchées aussi en B ; d’autres (fig. 45.) appellées quarrées ou à potence, sont quarrées en A, emmanchées en B ; d’autres (fig. 46.) appellées queues-de-rat, parce qu’elles en ont en effet la forme, sont arrondies en A & emmanchées en B ; d’autres enfin appellées tierpoint, (fig. 47.) sont à trois quarres en A & emmanchées en B.

Les brunissoirs (fig. 48 & 49.) aussi en acier, faits pour brunir & donner le luisant, sont de deux sortes, les uns droits & les autres coudés, les uns & les autres emmanchés en B.

Les limes à queue (fig. 50, 51, 52, 53 & 54.) appellées ainsi parce qu’elles ont une queue, sont plus petites que les précédentes & de même espece, c’est-à-dire quarrelettes, demi-rondes, quarrées ou à potence, tiers-point, & queue-de-rat.

Les rapes (fig. 55 & 56. Pl. X.) espece de lime dont la taille differe de celle des précédentes, faites pour limer ou raper le bois, se divisent comme les limes en plusieurs especes, & sont comme elles emmanchées en B.

Les riflards (fig. 57, 58, 59 & 60.) sont aussi des especes de limes en acier, coudées à deux côtés, faites pour fouiller dans les endroits des ouvrages où les limes ordinaires ne peuvent approcher ; on les fait aussi comme les limes en quarrelettes, demi-rondes, tier-point, à potence, & queue-de-rat.

Les riflards ou rapes (fig. 61.) faits pour limer le bois, sont aussi de diverses especes, comme les limes.

Les tenailles de bois (fig. 62.) faites, étant placées dans les étaux pour serrer & tenir ferme les ouvrages polis, délicats, & de sujétion sans les gâter, sont composées de deux jumelles de bois AA, avec mors à talon par en-haut BB, frettes ensemble par en-bas C, & éloignées l’une de l’autre à force par une calle ou serre D, pour leur donner du ressort.

Les tenailles à vis, appellées ainsi parce qu’elles servent à faire des vis, sont de deux sortes ; les unes (fig. 63.) à mors, à queue-d’aronde ; & les autres (fig. 64.) à mors droits : les unes & les autres sont composées de deux mors égaux AA, à charniere en B, portant chacune un œil CC ; on passe une vis D garnie d’écroux à oreille E, & de ressort E.

Les pinces ainsi appellées parce qu’elles pincent, sont de plusieurs sortes ; les unes appellées quarrées (fig. 65.) parce que les mors en sont quarrés ; les autres appellées rondes (fig. 66.) parce que les mors en sont ronds & pointus ; d’autres enfin (fig. 67.) appellés à queue-d’aronde, parce que les mors en sont à queue-d’aronde : les unes & les autres sont composées de mors acérés AA, à charniere en B, & à branche C’C’, dont celles de la derniere étant droites, sont garnies d’une petite virole méplate D, pour les tenir serrées ferme.

Les cisailles (fig. 68.) faites pour couper à la main du laiton, de la tôle, &c. sont composées de deux mors acérés AA, à charniere en B, & à branches C C.

Les fraises (fig. 69.) faites pour fraiser des trous, sont composées d’une tête acérée A, quarrée ou à pans, & d’une queue B, garnie de boîte de bois C.

Les forets (fig. 70.) faits pour percer, sont composés d’une tête acérée A, & de queue B, faite pour entrer dans une boîte semblable à celle de la figure précédente.

Les archets (fig. 71.) faits pour faire mouvoir les fraises ou forets, sur-tout les petits, sont composés d’une corde à boyau A, arrêtée par chaque bout à une branche de baleine B.

Les arçons (fig. 72.) espece d’archets forts & longs, employés aux mêmes usages, sont composés d’une corde de cuir A, arrondie & savonnée, arrêtée par chaque bout à une lame d’épée ou de fleuret B, emmanchée en C.

Les palettes (fig. 73.) faites étant appuyées sur l’estomac pour supporter la tête des forets ou fraises lorsque l’on perce des trous, sont composées de palettes de bois A avec manche B, garnies d’une piece de fer C attachée dessus, percée de trous allant jusqu’au milieu pour porter la tête des fraises ou forets.

Les filieres (fig. 74.) faites pour tirer le fil d’or, d’argent, de cuivre, &c. sont des plaques d’acier A, percées de plusieurs trous de différente grandeur, & bien polis intérieurement, quelquefois avec un manche de fer B.

Les scies à refendre (fig. 75.) faites pour scier ou refendre l’or, l’argent, le cuivre, ou autre métal, sont composées d’une scie dentée A, montée sur un chassis de fer contourné B, garni d’un manche de bois C.

Les blocs de plaque (fig. 76.) faits pour soutenir les plaques des épées lorsqu’on les travaille au ciselet, sont composés d’un bloc ou espece de billot de bois A, fretté par chaque bout, garni d’une vis à écrou B.

La fig. 77. représente la vis de plaque composée d’une tige quarrée en A, à tête quarrée en B, à vis en C, garnie d’écroux à oreille D.

Les blocs de corps (fig. 78.) faits pour soutenir les gardes des épées, sabres, & autres pieces de fourbissure lorsqu’on les travaille au ciselet, sont composés d’un bloc de bois applati A, garni d’étrier à vis B, avec brochette C.

La fig. 79. représente l’étrier à vis, fait pour serrer les ouvrages sur le bloc de corps, composé d’un étrier à deux branches, percée chacune d’un trou méplat par chaque bout AA, pour le passage de la brochette coudée en B, renforci au milieu C, & percé d’un trou taraudé garni d’une vis à écroux D, ayant par un bout E un œil pour la tourner, & de l’autre F une petite plaque à pointe servant de point d’appui lorsqu’on la tourne.

La fig. 80. représente la brochette faite pour appuyer & maintenir les ouvrages sur le bloc, coudée en A & droite en B. Article de M. Lucotte.