L’Encyclopédie/1re édition/FLECHE
FLECHE, s. f. sagitta, (Géomét.) C’est ainsi que quelques auteurs appellent ce que l’on nomme autrement sinus verse d’un arc. Ce nom lui est venu de ce qu’elle ressemble à une flèche qui s’appuie sur la corde d’un arc.
x étant le sinus d’un arc, son cosin. sera en prenant 1 pour le sinus total ; & la fleche ou sinus verse sera Voyez Sinus.
La fleche d’un arc infiniment petit, est à l’arc comme l’arc est au diametre. Voyez Courbure.
Quelquefois on appelle fleche, en Géométrie, ce que l’on entend communément par abscisse (voyez Abscisse) ; mais cette dénomination est peu en usage. (O)
Fleche, dans l’Astronomie, est une constellation voisine de l’aigle dans l’hémisphere du Nord. Voyez Constellation.
Les étoiles de cette constellation sont, dans le catalogue de Tycho, ainsi que dans celui de Ptolomée, au nombre de cinq.
Dans celui de Flamstéed, elles sont au nombre de vingt-trois.
Fleche, (Phys.) est un des noms qu’on a donnés à certaines aurores boréales. Voyez Aurore boréale.
Fleche, (Art milit.) c’est une arme composée d’une verge & d’un fer pointu, qui se jette avec l’arc ou avec l’arbalete.
Il y en avoit de diverses sortes parmi les François, comme chez les Romains & chez les autres nations. On n’en fera remarquer ici que deux especes, qui ont un nom particulier dans nos histoires. La premiere est celle qu’on y appelle quarreau ou garro, en latin quadrellus, quarellus, quadrilus, quadrum. Ces fleches s’appelloient quarreaux, parce que le fer en étoit quarré :
. . . . . . . . Quadratæ cuspidis una
Fendet arundo.
dit Guillaume le Breton en parlant du quarreau qui
blessa à mort Richard roi d’Angleterre, du tems de
Philippe-Auguste.
Les quarreaux étoient empennés, & quelquefois empennés d’airain ; c’est-à-dire que les plumes qui étoient à la partie opposée au fer, étoient quelquefois de cuivre.
L’autre espece de fleches s’appelloit vireton. Il en est souvent fait mention ; entr’autres l’auteur de l’histoire de Charles VI. sous l’an 1420, en parle au sujet d’un assaut donné à Melun par les allemands de l’armée d’Angleterre, où ils furent repoussés : « mais en remontant (les fossés), dit-il, les arbalêtriers de la ville les servoient de viretons par le dos qui entroient jusqu’aux pennons, c’est-à-dire jusqu’à l’endroit où ils étoient empennés ». On les appelloit viretons, parce qu’ils viroient, c’est-à-dire qu’ils tournoient en l’air par le moyen des ailerons, ou pennes, ou pennons, ainsi que l’auteur les appelle ici, & qui devoient être bien ajustés pour l’équilibre, comme dans un volant. Le nom de vireton, par son étymologie, pouvoit convenir à toutes sortes de fleches empennées, parce qu’elles viroient ou tournoient toutes en l’air ; mais on l’avoit spécialement attaché aux plus grandes. Hist. de la milice françoise, par le P. Daniel. (Q)
Fleche d’Eperon, (Marine.) c’est une partie de l’éperon comprise entre la frise & les herpes, au-dessus de la gorgere. Voyez Mar. Pl. IV. fig. 1. n°. 183. Voyez Aiguilles de l’Eperon. (Z)
Fleche, est, dans la Fortification, un petit ouvrage composé de deux faces ou de deux côtés, qu’on éleve dans un tems de siége à l’extrémité des angles saillans & rentrans du glacis. Cet ouvrage est très-peu élevé, & il sert à défendre l’approche du glacis. Voyez Pl. IV. de la Fortification, fig. 3. une fleche à l’extrémité du glacis, dont les deux côtés ou les deux faces sont marquées K, K.
Fleche de Clocher, en Architecture ; c’est le chapiteau de la tour ou de la cage d’un clocher, qui a peu de plan & beaucoup de hauteur, & qui se termine en pointe. (P)
Fleche ardente, terme d’Artificier. Les fleches ardentes, qu’on appelloit autrefois malléoles, sont de certains droudons artificiels qu’on jette de loin ou de près dans les ouvrages des ennemis, pour y mettre le feu promptement. Les anciens s’en servoient pour brûler les barricades & les clôtures des ennemis, qui n’étoient que de bois ; mais on en fait très-peu d’usage aujourd’hui.
Préparez un petit sac de grosse toile, de la grandeur d’un œuf d’oie ou de cygne, qui ait la figure d’un sphéroïde ou d’une sphere : remplissez-le d’une composition de quatre livres de poudre battue, quatre livres de salpetre clarifié, de deux livres de soufre, & d’une livre de colophone ; ou bien d’une composition faite de deux livres de poudre battue, de huit livres de salpetre clarifié, de deux livres de soufre, d’une livre de camphre, & d’une livre de colophone : ou bien encore de celle-ci, qui est plus simple, & qui est aussi bonne que les deux précédentes ; savoir de trois livres de poudre, de quatre livres de salpetre, & de deux livres de soufre.
Après avoir rempli ce sac de l’une de ces trois compositions bien pressée, percez-le par le milieu, selon sa longueur, & passez-y une fleche semblable à celle des arcs ou arbaletes ordinaires, ensorte que tout le fer sorte dehors : arrêtez cette fleche au-dessous du fond du sac avec deux ou trois clous, pour empêcher qu’il ne glisse vers les panaceaux quand il sera dans l’air, ou lorsqu’il se sera attaché à quelque chose de ferme.
Liez & serrez ensuite le même sac avec de la ficelle entre-tissue & forte, qui l’enveloppe par autant de révolutions qu’il sera possible depuis un bout jusqu’à l’autre : enduisez toute la superficie du sac ainsi lié & garoté, de poix fondue, & mêlée avec de la poudre battue : enfin ayant mis le feu par deux petites ouvertures faites auprès du fer, vous jetterez cette lance avec un arc ou une arbalete. Frezier.
Fleche, (Charron.) Les Charrons appellent ainsi une grosse piece de bois de charronnage, ordinairement d’orme, dont on se sert pour les trains des carrosses & des chariots. La fleche est de dix à douze piés de long pour les carrosses à arc, & de douze à quinze pour les autres. Elle doit être courbée, sans nœuds, & d’un beau braquement. Les berlines n’ont point de fleche, mais deux brancards. Les Charrons achetent en grume le bois d’orme dont ils font les fleches, & les débitent & façonnent ensuite suivant leurs différentes longueurs.
Fleches, terme d’Eventailliste : c’est ainsi qu’on appelle les petits brins ou morceaux de bois, d’écaille, d’ivoire, &c. qui se placent par un bout, à distances égales, entre chaque pli du papier qui fait le fond d’un éventail, & qui sont joints par l’autre bout par un clou rivé. Voyez Eventail.
Ces brins ont deux parties ; la premiere, qui occupe la gorge de l’éventail, est de bois ou d’ivoire, ou autre matiere ; la seconde, qui entre dans le papier, est toûjours de bois flexible. Voyez les figures de l’Eventailliste.
Fleches, terme de Fabrique de tapisserie de hautelisse : c’est une simple ficelle que l’ouvrier entrelace dans les fils de la chaîne, au-dessus des bâtons de croisure, afin que ces fils se maintiennent toûjours dans une égale distance. Voyez Tapisserie.
Fleche, terme de Trictrac, voyez Lame.
Fleche, (La) Géogr. en latin Fisca, Fissa, Fixa Andegavorum, petite ville de France à l’extrémité de l’Anjou vers le Maine, sur le Loir. Les Jesuites y ont un magnifique college, fondé par Henri IV. en 1603, avec 7000 liv. de rentes annuelles sur le papegai de Bretagne. Ce collége pourroit se glorifier d’avoir été l’école de Descartes, si ce grand homme ne nous avertissoit lui-même qu’il commença par oublier ce qu’il y avoit appris. Longit. suivant Cassini, 17. 23. 30. lat. 47. 42.