L’Encyclopédie/1re édition/FERMAIL

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FERMAIL, s. m. & FERMAUX, au pl. (Blason.) ce vieux mot signifie les agrafes, crochets, boucles garnies de leurs ardillons, & autres fermoirs de ce genre, dont on s’est servi anciennement pour fermer des livres, & dont l’usage a été transporté aux manteaux, aux chapes, aux baudriers ou ceintures, pour les attacher. On les a aussi nommé fermalets ou fermaillets ; & ils faisoient alors une espece de parure tant pour les hommes que pour les femmes.

Les fermaux sont ordinairement représentés ronds & quelquefois en losange ; ce qu’alors il faut spécifier en blasonnant. Quelques-uns appellent un écu fermaillé, quand il est chargé de plusieurs fermaux. Stuard comte de Buchan, portoit de France à la bordure de gueule fermaillée d’or : on dit maintenant semée de boucles d’or.

J’ai avancé tout-à-l’heure que le fermail étoit autrefois une espece de parure. Joinville décrivant une grande fête, qu’il appelle une grand’court & maison ouverte, dit : « Et à une autre table mangeoit le roi de Navarre, qui moult estoit paré de drap d’or, en cotte & mantel, la ceinture, fermail & chapel d’or fin, devant lequel je tranchoie ». Selon Borel, le fermail étoit un crochet, une boucle, un carquant, & autre atifet de femme. Mais on voit par cet endroit de l’histoire de Joinville, que les hommes & les femmes se servoient de cette parure, que les hommes mettoient tantôt sur le devant du chapeau, & tantôt sur l’épaule en l’assemblage du manteau. Aussi lisons-nous ces paroles dans Amadis, liv. II. « Et laissant pendre ses cheveux qui étoient les plus beaux que nature produit, onc n’avoit sur son chef qu’un fermaillet d’or enrichi de maintes pierres précieuses ». Sur quoi Nicod ajoûte : Et il a ce nom, parce qu’il ferme avec une petite bande, laquelle est appellée fermeille ou fermaille. Et quant aux femmes, elles plaçoient leur fermail sur le sein. Il est dit dans Froissard, II. vol. ch. cljv. « Et si eut pour le prix un fermail à pierres précieuses, que madame de Bourgogne prit en sa poitrine ». Voyez Ducange. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.