L’Encyclopédie/1re édition/ENTRE-COUPER

ENTRE-COUPER, (S’) SE COUPER, S’ENTRE-TAILLER, v. pass. Manége, Maréchall. expressions qui ne signifient qu’une seule & même chose, & par le moyen desquelles nous désignons l’action du cheval qui en cheminant s’atteint à la partie latérale interne du boulet, & quelquefois à sa portion postérieure.

Les causes de ce vice sont, 1°. la foiblesse naturelle : l’animal dont les reins seront foibles & les membres peu proportionnés, s’entre-coupera infailliblement. 2°. Un vice de conformation : tout cheval mal planté & défectueusement situé sur ses jambes, soit qu’il soit serré, soit qu’il soit cagneux ou panard (voyez Jambes), soit enfin qu’il soit crochu en-dedans ou en-dehors (voyez Jarrets), ne pourra que se couper. 3°. La lassitude : aussi voyons-nous que nombre de chevaux s’entre-taillent à la suite d’un long voyage. 4°. La paresse : ainsi les barbes, dont l’allure est communément froide, s’entre-coupent quand on les mene en main. 5°. Le défaut d’habitude de cheminer : car des poulains qui n’ont pas été exercés, se coupent & même s’attrapent dans les commencemens qu’on les travaille. 6°. Enfin une vieille, une mauvaise ferrure, ou des rivets qui débordent, puisqu’il est incontestable que la source la plus ordinaire de l’entre-taillure, est dans l’impéritie ou dans la négligence du maréchal.

Il faut au surplus considérer qu’il y a une très grande différence entre un cheval qui s’entre-taille, & un cheval qui s’attrape : celui qui s’entre-taille, se frappe toûjours au même lieu ; il y a communément entamure ou plaie, & le poil s’y montre toûjours hérissé : celui qui s’attrape, s’atteint au contraire & se heurte en différens endroits ; & comme la partie contuse n’est pas toûjours la même, le heurt n’y fait pas d’impression visible & apparente. Selon le plus ou le moins de sensibilité dans la partie sur laquelle a porté le coup, l’animal boîte le pas qui suit, & ne boîte plus après en avoir cheminé quelques autres. Quand il est las, il bronche en s’attrapant ; il tombe même, si son allure est pressée, ou s’il galope, Ce défaut doit faire rejetter un cheval ; il est d’autant plus essentiel, qu’il est comme impossible d’y remédier. Il provient de l’action des jambes qui se croisent sans cesse ; & il est certain que si la bonne école n’a pû rien opérer, il n’est produit que par une grande foiblesse, contre laquelle tous les secours de l’art seront toûjours impuissans.

Il n’en est pas ainsi de l’entre-taillure ; on peut y obvier par la voie de la ferrure, soit que l’animal s’entre-taille d’un pié, de deux, ou de tous les quatre ensemble. Voyez Ferrure. (e)