L’Encyclopédie/1re édition/EMERUS

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EMERUS, genre de plante à fleur papilionacée. Il sort du calice un pistil qui devient dans la suite une silique mince, qui renferme des semences presque cylindriques. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Emerus, (Jardinage.) c’est un arbrisseau qui croît naturellement dans la plûpart des contrées méridionales de l’Europe, & que l’on cultive dans les jardins pour l’ornement. Il jette du pié plusieurs tiges, dont l’écorce est grise sur le vieux bois, & verte sur les jeunes rameaux. Sa feuille d’un verd brun, est composée de sept ou neuf folioles placées sur une même queue, & qui sont très-ameres au goût. Ses fleurs jaunes, légumineuses, presque sans odeur, & fort approchantes de celles du genêt commun, viennent jusqu’à trois ensemble le long des nouvelles branches ; elles commencent à paroître à la fin d’Avril, & leur durée est d’un mois. Sa graine est renfermée dans des siliques courbes & articulées, assez longues, mais fort minces. Cet arbrisseau est connu chez les Jardiniers sous le nom de securidaca : on lui donne aussi le nom de sené bâtard, à cause de quelques vertus un peu analogues avec celles du vrai sené ; mais ce nom est encore peu usité.

L’émerus ou sené bâtard croît promptement, se multiplie aisément, résiste à la rigueur des plus grands hyvers, n’exige aucune culture particuliere, & réussit dans tous les terreins, si ce n’est pourtant dans les terres fortes & humides, où il ne pousse que foiblement. On peut le multiplier de rejettons, dont il se garnit abondamment au pié ; de boutures qu’il faut faire au printems ; de branches couchées qu’il n’est pas besoin de marcoter ; ou de semences, qui sont mûres au mois de Septembre. Mais ce dernier moyen est le plus long, la bouture au contraire est la voie la plus facile & la plus courte. On peut faire avec du bois de tout âge ces boutures, qui seront propres à être transplantées l’automne suivante. Si l’on prend le parti de semer la graine, il faudra le faire au mois de Mars ; elle levera au bout d’un mois : on pourra l’automne suivante arracher les plans les plus forts, & les mettre en pépiniere pour donner de l’espace aux plus foibles.

On ne connoît que deux especes de cet arbrisseau.

1°. Le sené bâtard ordinaire ; il n’est pas si commun que le suivant, parce qu’il a moins d’agrément, & qu’on ne s’applique pas tant à le multiplier. Il s’éleve à huit ou dix piés. On ne peut guere l’employer qu’à garnir des bosquets, & tout au plus l’admettre dans des plates-bandes, où on pourra lui former une tête & le tailler en boule. Cette taille se doit faire au mois de Juin après la fleur passée ; mais il faudra s’en abstenir, si l’on se propose d’en recueillir les graines.

2°. Le petit sené bâtard. C’est l’un des jolis arbrisseaux que l’on puisse employer pour l’ornement d’un jardin. Il ne s’éleve qu’à quatre ou cinq piés. Sa feuille est plus petite que celle du précédent, & cependant l’arbrisseau en est plus garni, parce qu’elles sont placées plus près les unes des autres sur les branches. Mais sa fleur, qui a une teinte de rouge en-dehors, est plus brillante, & il en produit deux fois dans l’année ; d’abord au printems comme l’autre espece, ensuite en automne pendant tout le mois de Septembre & au-delà. Le plus bel emploi que l’on puisse faire de cet arbrisseau dans un jardin, c’est d’en former de petites palissades à hauteur d’appui, dont le verd-brun & stable tranchera avec toute autre verdure, & dont la durée des fleurs formera un aspect très-agréable pendant presque toute la belle saison. (c)