L’Encyclopédie/1re édition/CULTIVER

CULTIVER, (Jardin.) Le choix des plantes & l’attention à les bien placer deviendroient inutiles, si l’on n’y joignoit la bonne culture. Trois choses y sont essentielles, le labour, l’arrosement, & la conduite.

Les orangers, les grenadiers, les jasmins, & les arbres à fleurs, demandent un peu plus de soin que les autres ; le froid qui est leur ennemi mortel, oblige de les serrer pendant l’hyver. On observera donc de bâtir une serre bien exposée & où il gele peu, de composer des terres qui approchent de la qualité des pays chauds dont on tire les orangers, de les rencaisser en entier ou à-demi quand leurs racines sont trop serrées, de les égravillonner, de les bien exposer dans un jardin, de les bien tailler, de les arroser & labourer dans les tems nécessaires, de les serrer & sortir à propos de leur prison, de les transporter sans trop remuer leurs mottes, de les garantir des animaux qui les attaquent, en un mot de les bien gouverner, tant en-dedans que dehors de la serre.

Le soin le plus considérable qu’on doit prendre des orangers lorsqu’ils sont enfermés, est de les garantir du froid sans le secours du feu, s’il est possible ; une chaleur naturelle est toûjours meilleure : mais dans un besoin les poëles d’Allemagne sont à préférer à tous les autres expédiens, parce que ceux-ci jettent dehors une fumée qui est si nuisible à ces beaux arbres, qu’elle en fait tomber toutes les feuilles.

Les fleurs demandent aussi quelques soins ; à être bien sarclées, arrosées, labourées, & d’être tous les matins visitées à la rosée, pour ôter les limaçons & les insectes qui les attaquent. On les abriquera dans le gros chaud, & on attachera les plus hautes avec des baguettes, en observant encore de les sevrer du trop de cayeux qu’elles ont à leur pié, ce qui rend les fleurs trop petites.

Les potagers exigent à-peu près les mêmes soins, & sur-tout de les garantir des courtillieres, pucerons, taons, mulots, musettes, laires, perce-oreilles, limaçons, lésards, chenilles, hannetons, tigres, taupes, & autres animaux qui leur nuisent beaucoup.

Les figuiers demandent une culture particuliere : on la trouvera pour la taille, au mot Tailler, & pour le gouvernement, au mot Figuier.

Les ormes, les tilleuls, les marronniers, veulent être éloignés pour ne se point gêner les uns les autres : on les mouille peu, à moins qu’ils ne soient nouvellement plantés, & cela pendant deux ans.

La charmille veut être souvent arrosée dans la jeunesse, & être serrée de près dans la tonture.

Les parterres doivent être tondus au moins une fois l’an, sans en estropier le dessein en les rognant de trop près, soit d’un côté soit de l’autre.

Le gazon veut être tondu tous les quinze jours, & arrasé avec un gros rouleau de bois ou de pierre.

Les bois, sur-tout les jeunes, seront bien sarclés & bien laboures quatre fois par an, ainsi que les pepinieres.

Les vergers demandent un labour de trois piés en quarré autour de chaque arbre.

Les espaliers & les plates-bandes seront bien entretenus de labour, bien sarclés & fumés, n’y mettant ni fraisiers ni laitues qui mangent la terre ; ces plantes empêchent les sels du fumier de descendre sur les racines des arbres, elles les attirent par abstraction pour se nourrir : ainsi ces sels montent au lieu de descendre, par le moyen de l’eau, en se filtrant à-travers la masse de la terre.

Un espalier demande peu d’eau, mais beaucoup de fumier, qui dure tout au plus trois ans.

Une cerisaie, une châtaigneraie, doivent être entretenues de labour, & l’on pourra y semer dessous les arbres de petits grains.

Observez la nature des terres pour le choix des amandemens ; il faut même souvent les charger de terre neuve.

Quant à la conduite des arbres, consultez l’article Emonder. (K)