L’Encyclopédie/1re édition/CORRE ou CORRET
* CORRE ou CORRET, subst. m. terme de Pêche usité dans le ressort de l’amirauté de Boulogne, sorte de filet. Voici la description de la pêche du corre ou corret, ou picot à poche.
L’instrument que les pêcheurs nomment corre ou corret, peut être regardé comme un rets de picots à poche ou sac. Lorsque la marée est très-basse, les pêcheurs font à pié la pêche avec ce filet ; si les eaux sont trop hautes, ils le tendent avec leurs petits bateaux.
Le corre ou corret est un véritable sac de chalut ou rets traversier de la longueur qu’on veut. Voyez l’article Chalut. Le haut de l’ouverture est chargé de flotes de liége, & le bas de plaques de plomb du poids d’environ deux onces pesant ; ce qui fait pour la garniture entiere du filet trois à quatre livres. On oppose l’ouverture du corret au courant de la riviere ; l’un des côtés du sac est amarré à une ancre qui est au large du bateau ; les liéges qui soûlevent le haut du filet le tiennent ouvert d’environ deux brasses, si la marée monte suffisamment dans la riviere. Les mailles de ce filet n’ont que 14 à 15 lignes. Etabli de cette maniere, il ne peut être nuisible, puisqu’il reste où les pêcheurs l’ont placé. Pour faire une meilleure pêche, ils sont obligés de battre l’eau avec des perches ou avec leurs avirons, s’ils sont dans leur bateau, & de faire du bruit afin que le poisson sorte du fond & de la vase où il se tient.
Ils ne peuvent pêcher que de marée baissante, à moins qu’ils ne retournent l’embouchure de leur corret pour pêcher de flot avec des mailles de dix-huit lignes en quarré ; cette pêche ne peut être abusive : le sac du corret est le même que celui du chalut ou rets traversier, ou de la dranguelle claire usitée par les pêcheurs de la Seine, à la différence que ces deux instrumens coulent sur le fond, & que le corret est sédentaire.
Les pêcheurs de riviere, à leurs embouchures, prennent avec ce filet des poissons plats, sur-tout des plies & des anguilles. Ils y prennent cependant aussi d’autres sortes de poissons ronds, s’ils remontent : ce qui est rare à cause de la bourbe que les poissons de mer fuient toûjours.