L’Encyclopédie/1re édition/CONVULSIONNAIRES

CONVULSIONNAIRES, s. m. pl. (Hist. eccl.) secte de fanatiques qui a paru dans notre siecle, qui existe encore, & qui a commencé au tombeau de M. Paris. Les convulsions ont nui beaucoup à la cause de l’appel, & aux miracles par lesquels on vouloit l’appuyer ; miracles attestés d’ailleurs par une foule de témoins prévenus ou trompés. Jamais les Jansénistes ne répondront à cet argument si simple : Où sont nées les convulsions, là sont nés les miracles. Les uns & les autres viennent donc de la même source ; or, de l’aveu des plus sages d’entre vous, l’œuvre des convulsions est une imposture, ou l’ouvrage du diable : donc, &c. En effet, les plus sensés d’entre les Jansénistes ont écrit avec zele & avec dignité contre ce fanatisme, ce qui a occasionné parmi eux une division en anti-convulsionistes & convulsionistes. Ceux-ci se sont redivisés bientôt en Augustinistes, Vaillantistes, Secouristes, Discernans, Figuristes, Mélangistes, &c. &c. &c. &c. noms bien dignes d’être placés à côté de ceux des Ombilicaux, des Iscariotistes, des Stercoranistes, des Indorfiens, des Orebites, des Eoniens, & autres sectes aussi illustres. Nous n’en dirons pas davantage sur un sujet qui en vaut si peu la peine. Arnaud, Pascal & Nicole n’avoient point de convulsions, & se gardoient bien de prophétiser. Un archevêque de Lyon disoit dans le jx. siecle, au sujet de quelques prétendus prodiges de ce genre : « A-t-on jamais oui parler de ces sortes de miracles qui ne guérissent point les malades, mais font perdre à ceux qui se portent bien la santé & la raison ? Je n’en parlerois pas ainsi, si je n’en avois été témoin moi-même ; car en leur donnant bien des coups, ils avoüoient leur imposture ». Voyez le reste de ce passage très curieux dans l’abrégé de l’histoire ecclésiastique en 2 volumes in-12. Paris, 1752, sous l’année 844. C’est en effet un étrange saint, que celui qui estropie au lieu de guérir. Mais il est peut-être plus étrange encore que les partisans d’un fanatisme si scandaleux & si absurde, se parent de leur prétendu zele pour la religion, & veuillent faire croire qu’ils en sont aujourd’hui les seuls défenseurs. On pourroit leur appliquer ce passage de l’Ecriture : Quare tu enarras justitias meas, & assumis testamentum meum per os tuum ? Voyez Constitution & Jansenisme. (O)