L’Encyclopédie/1re édition/COMMOTION
COMMOTION, subst. f. (Gramm. & Chirurgie.) sécousse ou ébranlement de quelque objet ou partie. La commotion du cerveau produit des accidens auxquels un chirurgien doit être très-attentif. Lorsque le crane est frappé par quelques corps durs, il communique au cerveau une partie du mouvement qu’il a reçu. Plus le crane résiste, plus l’ébranlement du cerveau est considérable, ainsi la commotion est proportionnée à la violence du coup, & à la résistance du crane : on a remarqué que les coups avec grand fracas d’os, ne causent ordinairement aucune commotion. Voyez Ame & Cerveau.
La commotion du cerveau produit la rupture d’une infinité de petits vaisseaux qui arrosent le cerveau & ses membranes ; il en résulte une perte de connoissance & un assoupissement léthargique. Ces accidens n’indiquent point l’opération du trépan lorsqu’ils arrivent dans l’instant du coup, parce qu’ils sont l’effet de la commotion. Le saignement du nez, des yeux, de la bouche, & des oreilles ; le vomissement bilieux, l’issue involontaire des déjections, sont les effets de cet accident primitif. Dans ce cas on n’a de ressource que dans les saignées ; on les a souvent faites avec succès de deux heures en deux heures, pour procurer la résolution du sang épanché. Lorsque la perte de connoissance & l’assoupissement sont des accidens consécutifs, ils indiquent l’opération du trépan, quand même il n’y auroit point de fracture, parce qu’ils sont l’effet d’un épanchement qui s’est fait à la longue, ou le produit d’une suppuration qui n’a pû être un symptome primitif. On a vû des personnes frappées légerement à la tête, étourdies seulement par le coup ; on a vû, dis-je, ces personnes mourir plusieurs mois après par des accidens survenus peu de jours avant leur mort. On a trouvé à l’ouverture un épanchement de sang ou un abcès dans quelques coins du cerveau. Il y a apparence que cela n’arrive que parce que les vaisseaux qui ont souffert du coup étoient si fins, qu’il a fallu un tems assez long pour qu’il puisse s’échapper une quantité de liqueur suffisante pour produire des accidens & causer la mort.
De pareils exemples doivent faire recourir à la saignée & aux remedes généraux dans les plus petits coups qu’on reçoit à la tête, pour prévenir les accidens funestes, qui ne sont que trop souvent la suite de la négligence de ces moyens. Voyez Trépan.
On trouve dans le premier volume des mémoires de l’académie royale de Chirurgie, un précis des observations envoyées à cette académie, sur lesquelles M. Quesnay a fondé plusieurs dogmes qui regardent l’application du trépan dans les cas douteux. Les égards dûs à la commotion y sont exposés dans tout leur jour ; & on tâche de découvrir les cas où il faut prendre son parti pour ou contre l’opération du trépan, d’après les bons & mauvais succès déterminés par les circonstances ou les particularités qui paroissent en faire distinguer la cause. (Y)
Commotion, (Physiq.) ce mot s’emploie aussi aujourd’hui, en parlant de ce que l’on ressent, ou que l’on éprouve en faisant une expérience de l’électricité, qui de-là même a pris le nom d’expérience de la commotion ; elle s’appelle encore le coup foudroyant. Voyez ce mot, & l’article Électricité. (T)