L’Encyclopédie/1re édition/CISAILLE

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* CISAILLE, s. f. (Art méch. en métaux.) C’est un outil dont on se sert pour couper la tole, le cuivre, le fer, & autres métaux, quand ils sont minces. C’est une sorte de ciseaux très-forts, à l’usage des Chauderonniers, Ferblantiers, Orfevres, Chaînetiers, &c. Une des branches de la cisaille est recourbée par le bout ; cette partie recourbée s’insere dans un trou pratiqué à un bloc. Par ce moyen la cisaille est tenue ferme, un peu inclinée à l’horison, & d’un usage très-commode pour l’ouvrier, qui met entre ses lames la matiere à couper, & n’a plus qu’à appuyer de la main, dont l’effort est augmenté du poids & de la vîtesse de tout le corps, sur l’autre branche, qui est droite, élevée au-dessus de la branche recourbée par le bout. Quant à la construction de ce ciseau, les lames en sont courtes, larges, & épaisses ; & les branches fortes & longues. On peut le regarder comme un levier du premier genre.

Le point d’appui est au clou qui unit les deux branches, & par conséquent entre la puissance & la résistance ; d’où il s’ensuit que plus le sommet de l’angle que forment entr’elles les lames, en s’ouvrant le plus qu’il est possible, est voisin du clou, & que plus en même tems les branches sont longues, plus la puissance a d’avantage. Il faut pourtant observer pour la solidité & la durée de la cisaille, qui est exposée à supporter de grands efforts, de ne pas trop affoiblir la distance de l’ouverture du clou, au sommet de l’angle de l’ouverture des lames Voyez Ciseau. Voyez des cisailles, Pl. du Ferblantier, fig. 19. & 20. La cisaille du cloutier d’épingle n’est pas fixée dans un bloc, mais dans le banc à couper, ce qui revient au même pour l’effet. Voyez la fig. 13. du Cloutier d’épingle. La traverse mobile de la cisaille est tantôt toute droite, tantôt recourbée en un gros anneau, dans lequel l’ouvrier peut passer tous ses doigts, soit pour l’ouvrir, soit pour la fermer.