L’Encyclopédie/1re édition/CELERES

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 800-801).
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CELERES, s. m. pl. (Hist. anc.) c’étoit chez les Romains une troupe choisie, ou régiment destiné à la garde du roi. Romulus institua ce corps, composé de trois cents jeunes gens tirés des plus illustres familles de Rome, & approuvés par les suffrages des curies de Rome, dont chacune en fournissoit dix. Leur nom vient de celer, prompt, actif ; parce que cette troupe exécutoit avec promptitude les ordres du prince : d’autres prétendent qu’ils le tiennent de leur premier tribun nommé Celer, qui fut d’un grand secours à Romulus dans le combat contre son frere Remus, tué, dit-on, par ce même Celer. On confond encore les celeres avec les soldats nommés trossuli, parce qu’ils emporterent d’emblée la ville de Trossulum en Etrurie.

Outre l’honneur de garder à Rome la personne du roi quand on étoit en campagne, les celeres faisoient l’avant-garde de l’armée, chargeoient les premiers, & formoient l’arriere-garde dans les retraites. Ils ressembloient à nos dragons, puisqu’ils combattoient quelquefois à pié, quoiqu’ils fussent d’ailleurs montés & compris dans la cavalerie. Ils étoient divisés en trois escadrons de cent maîtres chacun, sous un capitaine ou centurion ; & leur commandant en chef se nommoit tribunus ou præfectus celerum. On le regardoit comme la seconde personne de l’état.

Plutarque assûre que Numa supprima ce corps : mais il fut rétabli sous les rois ses successeurs ; puisqu’il est certain que le fameux Brutus qui chassa de Rome Tarquin le superbe, avoit été tribun des celeres. (G)