L’Encyclopédie/1re édition/BIGAME

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 246).
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BIGAME, adj. pris subst. (Droit canoniq.) qui a été marié deux fois, du Grec δίγαμος, dont la racine est γαμεῖν, se marier.

Selon la discipline la plus constante de l’Église, les bigames sont irréguliers & inhabiles à être promûs aux ordres sacrés : ils ne peuvent pas même exercer les fonctions des ordres mineurs, selon le concile de Gironne.

On a quelquefois donné le nom de bigames à ceux qui ont épousé une veuve, une femme publique ou une femme répudiée ; & ils n’étoient pas moins censés irréguliers, que ceux qui avoient épousé successivement deux femmes, parce qu’on pensoit qu’une espece d’incontinence dans une veuve qui convole, ou le deshonneur certain de la femme, rejaillissoit sur le mari. Harmenopule met au nombre des bigames, ceux qui après s’être fiancés à une fille, contractent mariage avec une autre ou épousent la fiancée d’un autre homme. S. Thomas décide que l’évêque peut dispenser de la bigamie pour les ordres mineurs & les bénéfices simples : mais Sixte V. & le concile de Trente ont décidé le contraire. Les clercs qui contractent un mariage après avoir reçû les ordres sacrés, sont aussi appellés bigames par ressemblance, quoiqu’il n’y ait point de véritable mariage. Le pape Alexandre III. permet de rétablir dans les fonctions de leur ordre ceux qui sont tombés dans cette faute, après la leur avoir fait expier par une longue & rigoureuse penitence. Thomass. discipl. de l’égl. part. I. liv. II. ch. viij. & part. IV. liv. II. ch. xx. Le terme bigame se prend encore dans un autre sens. Voy. Bigamie. (G)