L’Encyclopédie/1re édition/BEGUINES

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 191).
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BEGUINES, s. f. (Hist. mod.) c’est le nom qu’on donne dans le Pays-bas à des filles ou veuves, qui sans faire de vœux se rassemblent pour mener une vie dévote & réglée. Pour être aggregée au nombre des béguines, il ne faut qu’apporter suffisamment de quoi vivre. Le lieu où vivent les béguines s’appelle béguinage ; celles qui l’habitent peuvent y tenir leur ménage en particulier, ou elles peuvent s’associer plusieurs ensemble. Elles portent un habillement noir, assez semblable à celui des autres religieuses. Elles suivent de certaines regles générales, & sont leurs prieres en commun aux heures marquées ; le reste du tems est employé à travailler à des ouvrages d’aiguille, à faire de la dentelle, de la broderie, &c. & à soigner les malades. Il leur est libre de se retirer du béguinage, & de se marier quand il leur plaît. C’est ordinairement un ecclésiastique qui leur est préposé, & qui remplit les fonctions de curé du béguinage. Elles ont aussi une supérieure, qui a droit de les commander, & à qui elles sont tenues d’obéir tant qu’elles demeurent dans l’état de béguines.

Il y a dans plusieurs villes des Pays-bas des béguinages si vastes & si grands, qu’on les prendroit pour de petites villes. A Gand en Flandre il y en a deux, le grand & le petit, dont le premier peut contenir jusqu’à 800 béguines.

Il ne faut pas confondre ces béguines avec certaines femmes qui étoient tombées dans les excès des Béguins & des Begguards, qui furent condamnés comme hérétiques par le pape Jean XII. & dont il ne reste plus aucun vestige. Voyez Begghards.