L’Encyclopédie/1re édition/BAPTES

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 65-66).
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* BAPTES, (les) Hist. litt, nom d’une comédie composée par Cratinus, où ce poëte railloit d’une façon sanglante les principaux personnages du gouvernement. Lorsque Cratinus composa ses baptes ou plongeurs, la liberté de l’ancienne comédie étoit restrainte à la censure des ridicules, & surtout des poëtes, que le gouvernement n’étoit point fâché qu’on décriât ; parce que de tout tems les hommes en place ont haï les satyriques & les plaisans. Cratinus fit un effort pour rendre à la scene comique les droits dont on l’avoit dépouillée : mais il fut la victime de sa hardiesse. Il éprouva le châtiment auquel on dit que M. de Montausier, l’homme de la cour qui avoit le moins a craindre de la satyre, condamnoit tous les satyriques. Il fut jetté dans la mer, piés & mains liés.

Baptes, s. m. pl. (Myth.) prêtres de Cottytto, déesse de l’impudicité fort révérée à Athenes, où l’on célébroit sa fête pendant la nuit par des danses lascives, accompagnées de toutes sortes de débauches. Les baptes furent ainsi nommés du mot Grec βάπτειν, qui signifie laver ou tremper, parce qu’ils se plongeoient dans de l’eau tiede, selon Suidas. Juvénal en parle comme d’une troupe d’hommes si infames, que leurs déréglemens déplaisoient à Cottytto, quoiqu’elle ne fût rien moins que la déesse de la pudeur. (G)