L’Encyclopédie/1re édition/AULIQUE

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 880).

AULIQUE, adj. (Hist. mod.) dénomination de certains officiers de l’empereur qui composent une cour supérieure, un conseil dont la jurisdiction s’étend à tout en dernier ressort sur tous les sujets de l’empire, dans les procès dont il connoît. Voyez Empereur, Empire. Nous disons : conseil, cour, chambre, conseiller, aulique, &c.

Le conseil aulique est établi par l’empereur, il en nomme les officiers ; mais l’électeur de Mayence a droit de visite. Il est composé d’un président catholique, d’un vice-chancelier présenté par cet électeur, & de dix-huit assesseurs ou conseillers, dont neuf sont protestans, & neuf sont catholiques. Voyez Assesseur.

Ils sont partagés en deux tribunaux : les gens de qualité occupent l’un, & ceux de robe l’autre ; ils tiennent leurs assemblées en présence de l’empereur, d’où leur vient le nom de Justitium imperatoris, justice où tribunal de l’empereur, comme celui du conseil aulique, de ce qu’il suit la cour de l’empereur, aula, & que sa résidence est toûjours dans le lieu que l’empereur habite. Cette cour & la chambre impériale de Spire, sont assez dans l’usage de se contrarier, à cause de la prévention qui a lieu entr’elles, & que nulle cause ne peut s’évoquer de l’une à l’autre. Voyez Chambre impériale. L’empereur ne peut empêcher, ni suspendre les décisions d’aucune de ces cours, ni évoquer à son tribunal une cause dont elles ont une fois pris connoissance, à moins que les états de l’empire n’en soient d’avis. Il est néanmoins des cas où ce conseil s’abstient de prononcer définitivement sans la participation de l’empereur, & dans ces cas on prononce fiat votum ad Cæsarem, que le rapport s’en fasse à César, c’est-à-dire, à l’empereur en son conseil.

Le conseil aulique n’a été originairement institué que pour connoître des différends entre les sujets des empereurs. On y a depuis porté les contestations des sujets de l’empire, & il s’est attribué sur la chambre impériale de Spire ou de Wetzlar, une espece de droit de prévention, qui ne se souffre pourtant que dans les procès des particuliers : les princes n’ont pas encore reconnu cette jurisdiction. Mais sous les empereurs Léopold, Joseph, & Charles VI. le conseil aulique a fait plusieurs entreprises contraires aux libertés Germaniques, comme de confisquer les duchés de Mantoue & de Guastalle, de mettre au ban de l’empire les électeurs de Baviere & de Cologne.

Le conseil aulique cesse aussi-tôt que l’empereur meurt, s’il n’est continué par ordre exprès des vicaires de l’empire, au nom desquels il rend alors ses jugemens, & se sert de leur sceau. Heiss. hist. de l’empire. (G)

Aulique, (Théolog.) nom qu’on donne à l’acte ou à la these que soûtient un jeune théologien, dans quelques universités, & particulierement dans celle de Paris, le jour qu’un licentié en Théologie reçoit le bonnet de docteur ; & à laquelle préside ce même licentié, immédiatement après la réception du bonnet.

On nomme ainsi cet acte du mot aula, salle, parce qu’il se passe dans une salle de l’université, & à Paris dans une salle de l’archevêché. Voyez Université, Degré, Docteur, &c. (G)