L’Encyclopédie/1re édition/ASSASSIN

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 765-766).
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ASSASSIN, s. m. (Jurisprudence.) homme qui en tue un autre avec avantage, soit par l’inégalité des armes, soit par la situation du lieu, ou en trahison. Voyez Meurtrier, Duel, &c.

Quelques-uns disent que le mot assassin vient du Levant, où il prit son origine d’un certain prince de la famille des Arsacides, appellés vulgairement assassins, habitant entre Antioche & Damas, dans un château où il élevoit un grand nombre de jeunes gens à obéir aveuglément à tous ses ordres : il les employoit à assassiner les princes ses ennemis. Le Juif Benjamin, dans son Itinéraire, place ces assassins vers le mont Liban, & les appelle en Hébreu imité de l’Arabe, el asisin ; ce qui fait voir que ce nom ne vient point d’Arsacide, mais de l’Arabe asis, insidiator, une personne qui se met en embuscade. Les assassins dont nous venons de parler, possédoient huit ou douze villes autour de Tyr : ils se choisissoient eux-mêmes un roi, qu’ils appelloient le vieux de la montagne. En 1213 ils assassinerent Louis de Baviere ; ils étoient Mahométans, mais ils payoient quelque tribut aux chevaliers du temple. Les protecteurs des assassins furent condamnés par le concile de Lyon, sous Innocent IV. en 1231. Ils furent vaincus par les Tartares, qui leur tuerent le vieux de la montagne en 1257 ; après quoi la faction des assassins s’éteignit.

Il y avoit un certain droit des gens, une opinion établie dans toutes les républiques de Grece & d’Italie, qui faisoit regarder comme un homme vertueux l’assassin de celui qui avoit usurpé la souveraine puissance. A Rome, sur-tout depuis l’expulsion des rois, la loi étoit précise & solennelle, & les exemples reçûs ; la république armoit le bras de chaque citoyen, le faisoit magistrat pour ce moment. Considerat. sur les caus. de la grand. des Rom. c. xj. p. 121. (H)