L’Encyclopédie/1re édition/ARCHERS

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 610-611).
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ARCHERS, s. m. (Art militaire.) sorte de milice ou de soldats armés d’arcs & de fleches. Voyez Armes, Fleche. Ce mot vient du Latin arcus, arc ; d’où on a formé arcuarius & arquis, & arquites, termes de la basse latinité. On se servoit beaucoup d’archers anciennement : mais présentement ils ne sont plus d’usage qu’en Turquie, & chez les Asiatiques, qui ont encore des compagnies d’archers dans leurs armées, desquels on fit une terrible boucherie à la bataille de Lépante. Le nom d’archers est cependant resté chez les peuples même qui ne s’en servent plus : par exemple, les officiers exécuteurs des ordres des lieutenans de police, & des prevôts, &c. dont l’emploi est de saisir, faire des captures, arrêter, &c. sont appellés archers, quoiqu’ils ayent pour armes des hallebardes & des fusils ; c’est dans ce sens que l’on dit les archers du grand prevôt de l’hôtel, du prevot des marchands, les archers de ville, les archers du guet ou de nuit. Il y a aussi des archers que l’on appelle la maréchaussée, qui sont continuellement sur les grands chemins pour les rendre sûrs contre les voleurs. La diligence de Lyon est toûjours escortée par la maréchaussée. Ces archers ou cette maréchaussée est cause que l’on peut voyager dans toutes les parties de la France sans courir de risque ; de sorte qu’il arrive moins de vols dans le royaume de France pendant un an, qu’auprès de Londres pendant une semaine.

Il y a aussi les archers des pauvres, dont l’office est de saisir les mendians qui errent dans les rues, & de les mettre à l’hôpital.

Il y a eu autrefois en France un corps d’infanterie créé par Charles VII. sous le nom de francs-archers ; ce corps étoit formé par les différentes paroisses du royaume ; chacune fournissoit un homme armé : le privilége que ce prince accorda à ceux qui étoient choisis, fut cause qu’il y eut de l’empressement pour l’être ; car il les affranchit presque de tous subsides ; & c’est de cet affranchissement, dit le P. Daniel, qu’on les appella francs-archers ou francs-taupins, nom qui leur fut donné sans doute, parce qu’on le donnoit alors aux paysans à cause des taupinieres dont les clos des gens de campagne sont ordinairement remplis.

Cette milice n’a subsisté que jusques vers la fin du regne de Louis XI. Il cassa les francs-archers pour décharger les bourgs & villages qui étoient tenus de leur entretien : mais pour suppléer à cette infanterie, il leva six mille suisses & dix mille hommes d’infanterie Françoise à sa solde. Histoire de la milice Françoise, par le P. Daniel. (Q)